Comme l'univers le sait, la nation turque tient beaucoup à sa fiction historique qu'elle déteste le plus, Muhteşem Yüzyıl. Un peu pour les coucheries (congrues en comparaison à celles des séries Tudors et Spartacus), follement pour les beaux yeux des şeyhzâde (princes) et sultan (princesses) et beaucoup pour l'intrigue. Le "bas peuple" s'en enticha rapidement alors que les pontes de tous bords rectifièrent des données ou pleurèrent d'indignation. Les islamistes qui devraient avoir, comme dirait Stendhal, "une profonde incurie pour tout ce qui est vulgaire" n'en disposèrent pas moins des vues très nettes sur une série que, théoriquement, ils ne regardaient pas...
L'exécration fut si vive qu'on avait même failli croire que la Providence s'en était mêlée. Peindre "librement" la vie de palais devait bien indisposer les illustres morts; et les mânes, djinns, démons et autres sujets invisibles sont des éléments de la croyance. Alors vas-y pour les déclinaisons de la malédiction. Un figurant avait reçu un bloc de marbre sur la tête en marchant tranquillement dans la rue. L'acteur principal s'était cassé la jambe en s'entraînant au maniement de l'épée. Et le plus dramatique, la célébrissime scénariste mourut d'un cancer...
"C'est tout ?", oh que non : l'actrice principale, Meryem Uzerli, le pivot de la série, la célèbre Roxelane, s'est réfugiée en Allemagne, patrie de sa mère, pour cause de... surmenage ! Sa remplaçante, une des plus belles femmes matures de Turquie, Vahide Gördüm (la mère qui jouait dans Adını Feriha koydum) n'enthousiasme pas les foules pour le moment. Autre tragédie : la sœur du producteur est morte alors qu'elle était enceinte de 6 mois. Même les deux frères réalisateurs ont jeté l'éponge et se sont installés aux Etats-Unis ! Et coup de grâce : le Conseil d'Etat a rejeté le recours du producteur qui contestait la sanction financière infligée par le CSA turc : la série a bel et bien porté atteinte aux "valeurs nationales et morales du peuple turc" et à la "structure familiale turque". Et toc !
Ces fameuses "valeurs". Un expert a "démontré" comment la scène qui montrait le "contrôle de virginité" des jeunes recrues au harem a traumatisé la jeunesse turque, prude, évidemment. Les parents, eux, ont été bouleversés à coup sûr, il ne viendrait à l'idée de personne de vérifier la virginité des filles, ça n'existe pas en Turquie, on ne sait même pas ce que c'est, n'est-ce pas. Le Sieur a également relevé que la scène où les Tatars kidnappent la jeune Roxelane dans une église pour l'envoyer au Palais contrevient à l'idée qu'on se fait du Turc, un guerrier certes mais respectueux "des lieux de culte". Ainsi, le Turc est dépeint comme un "barbare", oh là là... Et d'autres billevesées qui n'ont aucune qualification juridique comme la représentation erronée du harem ou la vêture des femmes qui ne correspondrait pas à la mode de l'époque. Comme si l'inexactitude historique est un moyen de droit pour sanctionner une fiction...
Ces fameuses "valeurs". Un expert a "démontré" comment la scène qui montrait le "contrôle de virginité" des jeunes recrues au harem a traumatisé la jeunesse turque, prude, évidemment. Les parents, eux, ont été bouleversés à coup sûr, il ne viendrait à l'idée de personne de vérifier la virginité des filles, ça n'existe pas en Turquie, on ne sait même pas ce que c'est, n'est-ce pas. Le Sieur a également relevé que la scène où les Tatars kidnappent la jeune Roxelane dans une église pour l'envoyer au Palais contrevient à l'idée qu'on se fait du Turc, un guerrier certes mais respectueux "des lieux de culte". Ainsi, le Turc est dépeint comme un "barbare", oh là là... Et d'autres billevesées qui n'ont aucune qualification juridique comme la représentation erronée du harem ou la vêture des femmes qui ne correspondrait pas à la mode de l'époque. Comme si l'inexactitude historique est un moyen de droit pour sanctionner une fiction...
Voilà pour les grands principes de la justice. Le producteur paiera son amende et en gagnera 20 fois plus. C'est que les pays arabes, les pays des Balkans, les pays de l'Est en raffolent. Ores, un topo sur les "violateurs de la morale turque" qui les font et feront précisément fantasmer :
Gürbey Ileri est partant, le prince Mehmet étant décédé :
Gürbey Ileri est partant, le prince Mehmet étant décédé :
Burak özçivit est également partant, son personnage, l'officier du Sultan Bali Bey, regagnant ses pénates dans les Balkans :
Pelin Karahan, alias la princesse Mihrimah, et Ozan Güven, son époux Rüstem Pacha, restent; ils auront un rôle prépondérant aux côtés de l'Empereur :
Et que dire du sang neuf pour la nouvelle saison :
Le rôle du prince Selim dit le Blond ne revient pas à Kıvanç Tatlıtuğ comme tout le monde le désirait mais à Engin Öztürk, un des violeurs de Fatmagül dans la série Fatmagül'ün suçu ne ? :
Le rôle du prince Selim dit le Blond ne revient pas à Kıvanç Tatlıtuğ comme tout le monde le désirait mais à Engin Öztürk, un des violeurs de Fatmagül dans la série Fatmagül'ün suçu ne ? :
Son frère avec qui il adore se chamailler, le prince Bayazit, sera Aras Bulut Iynemli (il jouait dans l'autre série-culte Öyle bir geçer zaman ki)
Le rôle du prince bossu Cihangir revient à l'étoile montante Tolga Sarıtaş :
Merve Boluğur campera le rôle de la Vénitienne ou la juive Nurbanu, épouse de Selim (elle jouait dans Kuzey Güney avec Kıvanç Tatlıtuğ) :
"Dis-donc, c'est un pays de cocagne chez eux ?", bah oui. D'où la turcomanie, coco; le soft power. L'autorité judiciaire est contre. Le pouvoir exécutif est contre. Le pouvoir législatif est contre. Mais les audiences explosent. Même les diplomates bon chic bon genre sont obligés de suivre les séries, histoire de glisser un mot en claquant la bise. Ça aura de la gueule, assurément, de "belles gueules". Messieurs les censeurs, bonsoir...