lundi 31 décembre 2007

L' "adab" et la geste sarkozienne

Les Arabes appellent "adab", l'art du savoir-vivre ou plutôt l'art du savoir-se tenir ou se comporter (plus généralement, la courtoisie, l'urbanité, la pudeur). Il tend vers l'idéalisme comportemental auquel tout individu qui possède un minimum de noblesse aspire. Son observance révèle le degré de dignité de l'âme (et peut-être le niveau de piété aussi). L'adab n'appelle pas de normativité. Son irrespect n'entraîne ni sanction juridique ni sanction administrative mais seulement réprobation morale (voire indignation pour les plus sensibles). L'adab renvoie concrètement à tous les aspects de la vie: se tenir en public, manger, marcher, saluer, etc. C'est, peut-on dire, le don de rougir. Il est donc de bon ton de rougir de temps en temps et d'adapter son comportement dans la perspective d'un rougissement possible. C'est un indice. Alors qu'en Occident, rougir, c'est avouer sa faute (sauf pour les pathologiques), dans le monde arabo-musulman, rougir, c'est avouer la faute de l'autre; c'est être mal à l'aise du fait du comportement du tiers. Une vertu.
On a vu dernièrement notre président s'afficher publiquement mais en privé, avec sa dulcinée, main dans la main, sautillant comme à son habitude, pressé et la main droite toujours prête à déclencher un salut à la foule. Une belle aventure. Je m'en fous mais je n'y arrive pas. C'est un dirigeant, un Chef d'Etat, tout m'intéresse par essence. On l'a croisé par-ci par-là; on l'a surpris dans un avion mis à sa disposition par un bel ami; on l'avait déjà vu se lancer, éhontément, dans des embrassades avec Cécilia lors de sa "séance" d'intronisation. On a un président qui dérègle pas mal de chose. Instinctivement, on est gênés. D'autant que le Président-Chanoine vient tout juste de baiser la sainte main de Benoît XVI. Pas très catholique tout ça.
C'est bien de rougir de temps en temps...

mercredi 26 décembre 2007

Extraordinaire !

Der Spiegel a qualifié le Coran de "Livre le plus influent du monde". La Bible restant le "Livre le plus édité et le plus vendu au monde". Acheter pour orner les étagères, sans aucun doute. Alors que le Coran est l'un des livres qui transforme le plus profondément son lecteur. Il y a d'abord un premier mur à franchir: le déchiffrage de l'alphabet. De 7 à 77 ans, tout le monde se met, comme il peut, à lire l'arabe. C'est toujours émouvant de voir une vieille dame ne sachant ni lire ni écrire sa propre langue, redoubler d'effort pour apprendre à lire un texte. Je dis bien lecture car la compréhension est un autre souci. Tant d'effort pour seulement effleurer le texte sacré, ça mérite des applaudissements. Il y a ensuite la transformation qu'entraîne la découverte du message; dernièrement, on a pu voir ça:

Il me semble tout de même significatif de voir un Chef d'Etat, surtout du type Ahmadinejad, rester là, humble, soumis, dépouillé de toute sa puissance, vêtu comme un croyant lambda. Devenir un "commun des mortels". C'est sans doute ça le miracle du pèlerinage et partant du Coran. La transformation (en bien s'entend).

lundi 24 décembre 2007

Sarkozy révèle que la droite est...conservatrice.

C'est presque une boutade: Sarkozy affirme sa foi, vilipende une conception rigide de la laïcité et déclare qu'il croit "aux forces de l'esprit". Les laïcards souffrent. Pas de référence à Dieu, à la religion, au chanoine, ...C'est la rencontre du Président de la république française et du Monarque du Vatican, veulent-ils croire; ils ont scrupule à parler de "pape". Un scandale.
J'aurais volontiers compris que Ségolène Royal appelât "Sa Sainteté", "M. Benoît XVI" mais attendre une attitude d'indifférence ou de méfiance voire d"animosité vis-à-vis du pape de la part d'un homme de droite était vraiment une bêtise pour ne pas dire une inculture politique. Il est tout de même normal que la droite, dont le conservatisme en matière de moralité et de croyance est constitutif de son idéologie identitaire, soit à l'aise avec les questions métaphysiques. D'ailleurs, la France a un certain rang à tenir dans ses relations avec le monde des religions. C'est la fille aînée de l'Eglise. Ca n'est pas rien. Oui mais c'est aussi et surtout un pays laïc, donc, le président devait faire profil bas, tenir un bon discours aseptisé sur la laïcité à la française, si possible convaincre le pape de partager ses vues, etc. faire du prosélytisme à l'envers.
Ce n'est pas parce-qu'il y a 2 ou 3 athées qui gesticulent qu'il faut renier les racines religieuses d'une société et surtout ne pas souhaiter qu'il y ait un retour sincère à cette métaphysique. Il ne faut pas avoir peur des religions; de la préférence pour une religion ancestrale non plus. Il ne s'agit pas de rétablir une fidéocratie mais simplement de garder un souffle de religiosité dans la société. Les religions ne nuisent pas. Leurs valeurs sont au fondement même de la civilisation. Elles forment le socle formel et solide du sacro-saint principe de dignité de l'être humain.

dimanche 16 décembre 2007

Fazil Say quitte la patrie...il en a marre de la démocratie


Le célèbre pianiste turc, Fazil Say a décidé de réfléchir sur un éventuel départ de la Turquie. La raison est que les femmes de tous les ministres (ce qui est faux) sont voilées. Il a même ajouté qu'ils (c'est-à-dire les anti-voilistes) ne représentent que 30 % de la population. Donc, une bonne raison pour quitter le pays.
D'abord rappelons que ce virtuose (personne ne trouve rien à dire sur son talent) est rarement en Turquie. Il le dit lui-même , il ne dort chez lui que 4-5 jours par mois.
Ensuite, ses propos ont soulevé un tollé chez tous les libéraux et vrais démocrates du pays: il n'invoque aucune atteinte à ses droits fondamentaux, il quitte son pays pour de simples raisons d'intolérance esthétique (l'image de la Turquie voilée ! mon Dieu!). Gülay Göktürk, grande journaliste "non voilée" lui rétorque, à juste titre à mon sens, : "même si la Turquie se trouve divisée en 30%-70%, ce à quoi je n'adhère pas, faut-il quitter le pays lorsque c'est l' "autre" qui l'emporte ? C'est une posture d'antidémocrate qui semble nier la possibilité de vivre ensemble avec nos différences".
Ses propos révèlent une intolérance primaire et mettent à jour une disposition d'esprit qui me semble dangereuse pour la vie d'une nation: celui qui "l'emporte" écrase la minorité; il faut quitter le pays ou rester et mener le combat, comme s'il s'agissait uniquement d'un rapport de force.
C'est vrai que les journaux islamistes en ont profité pour le charrier: "On t'offre le billet d'avion" titrait un journal ultra-islamiste. Ils rappellent d'ailleurs que, eux, n'ont jamais pensé à quitter leur patrie lorsqu'ils étaient harcelés par les autorités pour avoir usé de leur liberté d'expression, lorsqu'ils n'étaient pas accrédités par les autorités pour les conférences de presse, lorsqu'ils n'étaient pas invités aux soirées officielles auxquelles participaient tous les médias, etc.
Ca serait dommage qu'il s'en aille pour une raison si stupide. En réalité, ces gens-là m'énervent profondément. Ils jouent sur une peur factice, hypothétique. Et alors on commence à croire que la Turquie "bascule". Je n'y vis pas mais je suis de très près sa situation politique. Pour être franc, je n'ai jamais pensé qu'il y avait un risque de fondamentalisme. Il y a seulement une aspiration, de la part des "écrasés" ("ezilmis" en turc), à plus de démocratie et de liberté. Ce qui brouille le raisonnement, c'est que ceux qui veulent ces avancées sont presque tous les dévots musulmans (et non les partisans de la charia), les Kurdes, les Alévis, les minorités arméniennes, orthodoxes, juives, etc. c'est-à-dire toute cette peuplade qui est censée menacer l'unité et les valeurs républicaines du pays. Pure connerie !

vendredi 14 décembre 2007

De Kadhafi

Le Guide libyen a planté sa tente en France.
Mais il n'y demeure jamais. C'est pour faire "style".
On le voit trop à la télé: il avance lentement, tel un ambassadeur, coiffé comme un plouc, figure figée, presque cadavérique, une canne dans le dos, serrant la main de son interlocuteur de la main droite et montrant son poing gauche, expression insignifiante et totalement déplacée.
Il a un agenda rempli; tellement rempli qu'il reste 5 jours en France. Ensuite, il s'envolera vers d'autres cieux, tout aussi affables que la France. Sans doute moins droit-de-l'hommistes. Quoique; on commence à se demander si la France, dépositaire des grands textes et des plus nobles traditions humanistes, reste un phare dans ce domaine. Un député grognait: "y en a marre que les dictateurs du monde viennent en pèlerinage au Parlement français". Joli.
Ca me ferait rire à gorge déployée, qu'un capitaine renverse le Colonel dans sa patrie. C'est risqué pour un dictateur de s'absenter aussi longtemps. On ne sait jamais. D'autant qu'il connait ça, lui. Il a suivi ce chemin. La France, "patrie des droits de l'homme", lui offrirait l'asile sans passer par l'OFPRA ou l'enverrait en exil dans une vraie tente dans un vrai désert. Tout ce qu'il aime.
D'un côté, l'image qui est donnée n'est pas mauvaise: on rediscute avec un terroriste contrit. Il s'est amendé, il a renié, il a cessé, etc. Ce genre d'excuses ne vaut qu'entre Etats. On imagine mal la France dépeupler ses cachots parce-que les détenus auraient juré de ne plus faire de conneries. Le malheur des petites gens ! Ils ont beau convoquer Dieu dans leur témoignage, ils ne seront jamais cru. Mais lorsque Kadhafi ouvre la bouche, on le croit à la vue de ses grosses babines. Allez, c'est terminé, il s'était égaré, certes avec quelques victimes mais maintenant, on oublie; il redevient bien en cour. Il a retrouvé le chemin de Paris.
D'ailleurs, il a dispensé un cours de théologie islamique à ses amis Dumas et assimilés. Le pauvre Prophète ! Dès fois, je me demande ce qu'il aurait fait s'il avait pu voir ses (prétendus) fidèles VIP, tous des tortionnaires vivant dans les plus belles demeures du monde, bâties sur les plus lourdes imprécations de leurs sujets meurtris. Ou ce qu'ils auraient fait, eux. Démissionné de l'islam peut-être. Il n'est jamais trop tard. Il faut sauver le Paradis.

samedi 8 décembre 2007

Le Liban cherche un Chrétien

Ils me font vraiment de la peine ces Libanais; en même temps, ils me font rire. Ils n'ont toujours pas trouvé le bon Chrétien pour l'installer au fauteuil présidentiel.
C'est un drôle de pays; un pays absurde; une nation "par la force des choses". On essaie de satisfaire toutes les communautés. Résultat: l'instabilité.
En réalité, je pense qu'il faut déclarer président le cardinal Sfeir. Un président-cardinal. Comme un pape. Et à vie. Quoique. Personne n'y pense. On le presse de publier une liste de présidentiables mais personne ne lui offre directement la magistrature suprême. Alors, on pense, on réfléchit, on discute, on propose, on refuse, on pleure, blabla. Tiens, il y a le général Sleiman. Goupillon ? Sabre ? Dans les deux cas, il y a l'uniforme. Ce n'est pas anormal en soi; mais c'est quand même gênant. On préfèrerait toujours un costume trois-pièces. Malheureusement, ce n'est pas le lot des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique.

mardi 4 décembre 2007

Les chats et la Russie

C'est vrai que l'on s'attend presque instinctivement que le président-humaniste Sarkozy appelle un chat un chat. Or, il préfère féliciter et ce, chaleureusement, un dictateur-déshumanisé...au nom du peuple français par-dessus le marché. On a tous serré la main sanglante de Poutine quelques secondes. Les Russes l'aiment; ils sont fous de lui. Il faut dire qu'ils ne le connaissent pas trop; on le leur interdit. Ils savent juste qu'il s'est déclaré le seul démocrate depuis la mort de Gandhi. Joli à entendre. On ne peut donc leur en vouloir, ils ont voté chat en poche. La nuit, tous les chats sont gris. On joue à la démocratie.
Point humoristiquement positif: Jirinovski est encore là; il me fait rire ce type; il est souvent en Turquie (et parle le turc) mais personne ne le prend au sérieux; donc, moi non plus, il amuse la galerie ça suffit.
Les Russes sont un grand peuple, ce sont sans doute mes ancêtres (je dois bien avoir du sang russe quelque part dans l'arbre mais je n'en ai pas la preuve) donc je les considère; j'essaie de les aimer comme on essaie d'aimer une mère tardivement réapparue: tendresse et révolte. D'ailleurs ces deux termes sont faits l'un pour l'autre. On s'irrite contre quelqu'un parce-que l'on lui porte une considération, sinon c'est l'indifférence. Pourquoi tant de vilénie et d'horreur dans la grandeur ? Je n'ai pas consulté les travaux psycho-sociologiques sur cette question; je n'en ai cure; je préfère m'interroger, les réponses sont toujours partielles dans ce cas de figure. Pourquoi mettre la Tchétchénie dans l'oreille d'un chat ? Mes autres grands frères. Je n'arrive pas à comprendre. Je donne ma langue au chat.
Les défenseurs des droits de l'Homme affichent entre-temps et pour un bon moment une mine de chat fâché et dénoncent, à raison, une démocratie à chat. Elle brille de l'extérieur; pas la Russie, la notion "démocratie". On croit souvent que l'Europe regorge de démocrates; c'est vrai dans un sens. Mais l'on oublie souvent que chaque notion, chaque nation a son côté relatif. C'est une quasi-démocratie. Espérons que, un jour, les souris danseront dans cette si noble contrée.