mardi 31 mars 2020

À bâtons rompus...

Ses "califes" omeyyades, abbassides, ottomans montaient des palais et descendaient des hommes à qui mieux mieux. Si, le Jour du jugement, le Prophète ne leur crache pas à la figure, alors je n'ai rien compris à l'islam.
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Soumettre des peuples, conquérir des terres au nom d'Allah, voilà bien des aventures étrangères à son dessein. Les procès d'outre-tombe des sultans ottomans, de leurs cheikh ul-islam et de leurs astrologues seront d'un régal voluptueux pour les figurants de l'Histoire que nous sommes.


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Tous les Turcs dévots tiennent pour acquis le droit qu'a leur leader tant adulé de bâtir un palais et d'ériger une mosquée-cathédrale pour rayonner dans le concert des nations. Entretenir le prestige du pays n'a jamais été un pilier de l'islam, ce me semble. Ou alors Muhammed était bien naïf.
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L'appel à la prière retentit dans une mosquée d'Allemagne, le bigot turc pleure. Un être humain crie à l'injustice dans son propre pays, le bigot turc zappe. La forme l'émeut, le fond l'enrage. La définition même d'une vie gaspillée en marge du Coran.
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A-t-on vraiment besoin de mosquées magnifiquement décorées ? La réponse fut tellement évidente que le prophète de l'islam ne s'était jamais posé la question. Pensez comme lui et vous serez lynché.
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L'islam est une religion, ni une culture ni, encore moins, une civilisation.
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On vit à une époque où l'accès au codex est immédiat et l'accès au Message, médiat. On psalmodie le Coran comme on fredonnerait une chanson chinoise; le son est tout, le sens est rien.
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La religion est une corvée pour beaucoup. Si ce n'était qu'il faut être reçu au paradis, ils s'en débarrasseraient avec une crânerie inouïe.
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La mère turque, à rebours des idéologies en vogue, ne vit que pour deux choses : sa couvée et son foyer. Sa maxime préférée ? "Tu verras quand tu seras parent !". Sa crainte ultime ? "Que vont dire les autres ?". Sa monomanie incurable ? "T'es où ?". Sa sainte parole ? "Yavrum".
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Une mère n'oublie jamais. Un malheur pour elle, un bonheur pour l'enfant.
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Le Temps s'écoule pour ceux qui aiment la vie, il s'écroule pour ceux qui aiment l'au-delà.
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Heureusement que les barbus vénèrent Alija Izetbegovitch sans le lire. S'ils se mettaient à feuilleter ses écrits, ils le répudieraient aussi vite qu'ils l'ont adoré.
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Le mouvement Gülen a été, dans l'histoire, la première tentative des musulmans de monter un lobby islamique à l'échelle planétaire. Comme tout lobby, il a fauté; comme tout musulman, il a péché.
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Les gülenistes et les islamistes sont les deux faces d'une même pièce; ils ont en commun de prendre trop au sérieux la vie d'ici-bas. Leur seule différence réside dans le tempérament : les premiers sont des sectateurs à l'âme caudataire, les seconds sont des fonceurs à l'esprit sommaire.
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Le Turc a cela de particulier qu'il est un séide avant d'être un individu. À défaut de se forger des opinions, il embrasse des passions. Qu'il soit erdoganiste, güleniste, islamiste, kemaliste ou nationaliste, il préfère l'ivresse du groupe à la rudesse de la conscience. Chacune de ces chapelles est une bande organisée.
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La couardise est la plus grande caractéristique du Français. Il aime rouspéter mais seulement dans l'anonymat d'une foule.
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Dans un débat d'idées, celui qui professe ses convictions de manière tapageuse est un fanatique qui a peur de sa liberté.
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Pauvre Jésus, s'il lui prenait l'envie d'accélérer la parousie, il se pâmerait d'épouvante à la vue de son vicaire habiter un palais en hiver, un castel en été, ses serviteurs se sodomiser à l'ombre des églises et ses ouailles bricoler une foi rachitique avec un peu de Marie, un morceau de Saint-Suaire et beaucoup de mythologie...
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Si 1/10è des crimes commis par les prêtres l'avait été par les adeptes d'une "secte", la face du monde en eût été changée...
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Qu'est-ce qu'un grand romancier, au fond ? C'est un styliste qui enfante des métaphores pour occuper la marmaille humaine.
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La seule arrogance qui vaille est celle de l'écrivain. Ses sentences nous libèrent.
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Un Etat laïque est un Etat dans lequel le péché des uns n'est pas un délit pour tous.
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L'anglais revigore. Le français épuise.
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Dans une démocratie, le peuple est invité à tourner les pages, non à les noircir.
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L'amour n'est rien d'autre que le désir bestial en costume de bal.
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L'homme qui déflore une femme est toujours son dernier amant.

dimanche 22 mars 2020

En attendant Godot

Ce fut, pour ainsi dire, la drôle de guerre version 2020. Du jour au lendemain, les médecins devinrent généraux, les généraux devinrent soignants. Les citoyens se terrèrent dans leur tranchée et se morfondirent dans un embêtement exquis. Tout fut à leur portée, des livres aux denrées, des jeux aux réseaux, des enfants aux animaux, mais ils ne parvinrent pas à tuer le temps. Car l'esprit, accoutumé aux délices de la liberté depuis Voltaire, Rousseau et compagnie, était enchaîné. On ne savait plus s'ennuyer. Et surtout, comme le dirait Zola, "il y avait [désormais] entre eux un nouveau lien, la mort toujours présente"...

Après les élections municipales, le chef de l'État décréta un confinement général. Sa stratégie, à la va-comme-je-te-pousse, fut unanimement taxée de bancale. Ce fut comme le Carême qui succède au carnaval, sans transition. Ses ministres multiplièrent les suppliques et les sanctions. Celui de l'Intérieur imposa des amendes aux "imbéciles". Celui des Affaires étrangères prescrivit de la "patience" aux Français bloqués à l'extérieur. Celui de la Santé hérita d'une pagaille et fit ce qu'il put faire. Sa devancière fut traînée en justice pour négligence. Il faut dire qu'elle avait quitté son poste en pleine tempête pour devenir l'édile d'une ville. Une "mascarade", de son propre aveu...

La mort rôdait. L'Ange Azraël avait étendu son manteau sur le globe. Un spectre traversait la planète, fauchant par-ci, terrorisant par-là. Le fantôme, qui mesurait 1000 fois moins qu'un cheveu, réussit à terrasser la planète entière. L'Empire du Milieu avait atteint, là, le summum de l'exportation. Un "virus chinois", avait habilement tranché le président américain. On avait tous eu envie de lui donner raison mais on préféra rester poli. Finalement, c'est l'Iran et l'Europe qui furent sévèrement touchés. L'Europe, à la limite, on comprenait; à chaque crise mondiale, c'est elle qui trinquait. Mais l'Iran ? Pour une fois qu'il n'avait enquiquiné personne... 


On se mit tous à l'hygiène. Si bien que les chrétiens s'adonnèrent aux ablutions à la mode islamique, les musulmans se réfugièrent dans les solutions alcooliques et tout le monde se salua à l'orientale. Les enfants étaient séparés de leurs mémés qui, Dieu merci, pouvaient sortir leur chien. Les couples eux-mêmes craignaient la promiscuité. Sans le dire, les autorités espéraient au moins que de ce mal, sortirait un bien : une armée de Capricorne en décembre 2020-janvier 2021. Le million de docteurs, d'infirmiers et de pharmaciens fut envoyé au casse-pipe. Les masques manquaient. Le gouvernement l'avoua du bout des lèvres...

Puisqu'une calamité avait cerné l'humanité entière, les soutaniers de toutes les religions s'auto-convoquèrent également qui pour apaiser, qui pour effrayer. Sa Sainteté fut le plus généreux : il accorda l'indulgence aux victimes. Avec une foultitude de conditions certes, mais le geste était là. Les imams fermèrent les mosquées même pour la très canonique "prière du vendredi". Personne n'osa broncher. Il faut dire que l'entêtement n'avait plus aucune utilité. C'était le branle-bas généralisé, on n'avait plus l'énergie de s'écharper. Nos fors intérieurs étant vides, on se tourna vers le monde réel. Les eaux s'assainirent. La qualité de l'air s'améliora. Le chant des oiseaux devint mélodieux. Les mauvaises langues dirent que la Nature prenait sa revanche, une terrible revanche. Le silence des espaces infinis fut effrayant...