Les Arabes appellent "adab", l'art du savoir-vivre ou plutôt l'art du savoir-se tenir ou se comporter (plus généralement, la courtoisie, l'urbanité, la pudeur). Il tend vers l'idéalisme comportemental auquel tout individu qui possède un minimum de noblesse aspire. Son observance révèle le degré de dignité de l'âme (et peut-être le niveau de piété aussi). L'adab n'appelle pas de normativité. Son irrespect n'entraîne ni sanction juridique ni sanction administrative mais seulement réprobation morale (voire indignation pour les plus sensibles). L'adab renvoie concrètement à tous les aspects de la vie: se tenir en public, manger, marcher, saluer, etc. C'est, peut-on dire, le don de rougir. Il est donc de bon ton de rougir de temps en temps et d'adapter son comportement dans la perspective d'un rougissement possible. C'est un indice. Alors qu'en Occident, rougir, c'est avouer sa faute (sauf pour les pathologiques), dans le monde arabo-musulman, rougir, c'est avouer la faute de l'autre; c'est être mal à l'aise du fait du comportement du tiers. Une vertu.
On a vu dernièrement notre président s'afficher publiquement mais en privé, avec sa dulcinée, main dans la main, sautillant comme à son habitude, pressé et la main droite toujours prête à déclencher un salut à la foule. Une belle aventure. Je m'en fous mais je n'y arrive pas. C'est un dirigeant, un Chef d'Etat, tout m'intéresse par essence. On l'a croisé par-ci par-là; on l'a surpris dans un avion mis à sa disposition par un bel ami; on l'avait déjà vu se lancer, éhontément, dans des embrassades avec Cécilia lors de sa "séance" d'intronisation. On a un président qui dérègle pas mal de chose. Instinctivement, on est gênés. D'autant que le Président-Chanoine vient tout juste de baiser la sainte main de Benoît XVI. Pas très catholique tout ça.
C'est bien de rougir de temps en temps...