Robert Mugabe l'avait prévenu: "n'encombrez pas la voie, Dieu m'est acquis, allez". Lorsqu'on pense que Dieu perd son temps si précieux à conseiller Bush, à épauler Mugabe, à applaudir Ahmadinejad ou à saluer Abdallah Ibn Abdulaziz, on en perd son latin ou son arabe. Au choix.
L'argumentaire fait chavirer la moindre contestation: "Je tiens le Fauteuil de Dieu, Je suis le Sauveur de la Nation, le Père de l'Indépendance, dégagez...". Nanik. Tralalalère euh...
Il prévient: s'il arrivait à ce foutu peuple zimbabwéen de contrevenir à la volonté de Dieu, aux armes soldatesque affidée ! La question qui peut légitimement se poser est la suivante: pourquoi donc des élections, Son Excellence ? L'absurdité aussi doit avoir une allure; une certaine cohérence intrinsèque. Il eût été plus probe de se déclarer, je ne sais pas moi, "Empereur" comme celui de l'Ethiopie, "Guide" comme celui de Lybie, "Roi" comme celui du Maroc, "Président à vie" comme celui du Turkménistan. Personne n'en aurait été offusqué; car les peuples sont souvent reconnaissants envers leurs héros nationaux (même de Gaulle qui avait été rapidement évincé avait pu ceindre le joli "Français le plus illustre"). Et on voit mal un Atatürk, un Gandhi, un Khomeiny, un Arafat prendre sa retraite. Il faut assumer son destin. Les gâteux qui se cadenassent au Fauteuil se bernent comme ils peuvent: "voyons, je vous aime, je fais don de ma personne".
Dire que le résultat des élections n'aura aucune incidence sur la direction du pays, c'est un peu fort de café. Alors ces élections ? Quid ? Pas pour les beaux yeux de la Commission électorale, bien sûr. Gaspillages, pertes d'argent, de temps, d'énergies. En plus, il est vieux. Les élections, ça sert au mieux de baromètre , au pire de fichage; les massacres sont bien plus aisés quand les dissidents font coucou...
Hosni Moubarak préfère les plébiscites: on continue avec lui ou on ne commence pas avec autrui ? C'est clair, c'est presque affirmé. Or, là on a une anomalie: une démocratie et une élection divine. Une tragédie, ça bouscule tout: nos théories, que l'on a mis tant de temps à élaborer, nos pratiques, nos attentes. Heureusement que les "Occidentaux" ont fait la grosse voix: "Assassin" lui a lancé notre Kouchner national, "illégitime" a renchéri l'ancien occupant, "mauvais présage" s'est désolé le Secrétaire Ban.
Robert ne cligne pas des yeux: il a mal interprété la révérence de son peuple; il ne faut pas confondre échine courbée et fessier en l'air. Ce sont deux choses différentes. Venter dans la soie et socratiser son peuple. Il était bien temps de le mettre plus bas que terre. Tant pis, Dieu saura bien le lâcher un jour. Il ne vaut même pas la corde pour le pendre...