samedi 17 janvier 2009

Indivisibilité...

Voilà bien une scène de bravoure républicaine : les juifs et les musulmans s'invitent à ne pas "importer" la problématique de Gaza en France. Mais du haut de leurs tours. De l'hypocrisie. L'on se demande toujours pourquoi le CRIF et l'Union des étudiants juifs de France se préoccupent tant de ce qui se passe en Israël alors qu'ils sont Français et qu'ils nous prient de croire, à longueur de discours, que la guerre Israël-Hamas n'a qu'une dimension politique. Ils ont tout de même pris part à des manifestations "pro-Israël". Avec des drapeaux israéliens, par dessus le marché. Personne ne s'en est offusqué. Evidemment. Alors que juif et Israélien, ce n'est pas tout à fait la même chose, à ma connaissance.

"Cohésion nationale", "vivre ensemble", toujours cette manie de dépouiller les citoyens de leurs attributs religieux. "Je sais que tu me détestes mais viens, embrasse-moi quand même, on n'est ni juif ni musulman, on est Français". Ultime paradoxe : on fait appel aux religieux des deux bords pour contenir les exaltations : "allez, interviens, dis-leur, cessez d'être musulmans, cessez d'être juifs quelques instants, nous sommes tous Français, pas de communautarisation".

Bien sûr, on se force à croire que l'affaire n'a qu'un versant "politique", ni "religieux" ni "ethnique". Ca tombe bien, la Constitution française nous invite à ne pas nous attarder sur ces questions. Allez dire à un géronte musulman qu'il pleure pour rien, puisque c'est une question politique d'un pays lointain, "allez, birbe, mouche-toi, viens, arrête de réciter des prières, t'es Français". Mais le Président, expert en sérénade, préfère tout de même commencer son communiqué pour les voeux aux autorités religieuses de cette manière : "En cette période de tension internationale au Proche-Orient, le président de la République a une nouvelle fois remercié et félicité tous les représentants des grandes religions de France, dont il a salué le rôle modérateur, pacificateur et rassembleur"; tout en citant au paragraphe suivant le "principe fondamental d'indivisibilité de la République française". Allez comprendre.

Les conservateurs aiment citer le hadith "vous êtes comme un corps, dès que l'un de ses membres se plaint de quelque mal, tout le corps en souffre". C'est vrai que l'Organisation de la Conférence islamique, créée, jadis, tout spécialement pour cette affaire, reste inaudible. C'est un problème politique, pas religieux.

En Turquie, le Premier ministre n'a pas trouvé d'autre solution que de parler en hébreu : "hein, ouvre la Torah, qu'est-ce c'est marqué : "tu ne tueras point", allez répète : "Lo tir Tsakh". Et son épouse avait invité les "first ladies" de quelques Etats arabes à Istanbul pour pleurer ensemble. L'épouse de Hosni n'était pas venue, bien sûr, son mari lui interdisant de pleurer.


Les ottomanistes turcs nous ont fait une surprise à l'occasion : "tu sais quoi ?", "quoi ?", "Gaza, c'était la propriété privée du sultan Abdulhamid, dis-leur de nous la rétrocéder", "ah ouais ! Ca nous fait une belle jambe, ça, comment on fait alors pour reprendre la terre de notre ancêtre ?", "j'sais pas..."

Une discrimination dans la peine; voilà ce qui irrite les théoriciens. BHL le dit mieux : "Il y a des gens, apparemment, pour qui il n'y a de bon musulman qu'en guerre contre Israël". Bien vu. Mais la nature de l'homme continue à faire épancher plus de fiel pour ses coreligionnaires. "Dans mon coeur et dans mon âme, est la joie de la certitude". Malheureusement. Beugle toujours.