L'Europe regorge de "têtes couronnées". On l'oublie souvent. D'ailleurs, les souverains, trop polis pour gesticuler, ne se mettent jamais en vedette. Et pour épater la populace, on leur a retiré tout pouvoir réel. On leur demande de vivre correctement et de faire, de temps en temps, la publicité de leur pays. La France est républicaine n'en déplaisent à MM. Henri d'Orléans et Louis de Bourbon. C'est comme ça. On a essayé mais ça ne colle plus. D'ailleurs, le feu comte de Paris ne voulait pas d'un "poste" honorifique; de Gaulle ne s'est donc pas pressé pour le remettre sur le trône. Depuis, on demande aux Orléanistes, aux Bourbons et aux Bonapartistes de ne plus rêver...
Les chroniqueurs mondains n'en croient pas leurs yeux; la Reine Elisabeth a porté, lors d'une cérémonie, un manteau qu'elle avait déjà porté en... 2005. Ca s'appelerait un scandale. La Reine qui change de vêtement à chaque phase de la journée, a osé reprendre ce "truc" vieux de trois ans. Crise oblige, elle n'a plus de sou; elle s'est donc interrogée en public, elle qui fait seulement la lectrice tous les ans devant le Parlement; l'infortune fait gémir, c'est connu : "bande de cons, pourquoi n'avez-vous pas vu venir cette crise ? Je n'ai plus de fric, et l'autre rosse ne m'en donne plus"... Et c'est une boursicoteuse, la crise est passée par là : "appelle le banquier, qu'il m'explique ça en détail". L'histoire nous enseigne que plus la famille royale s'entoure de faste, plus elle est respectée. Jadis, c'était un seigneur comme les autres, des gueux de haut rang et vers la fin des années 1870, on l'a magnifié. Victoria est passée par là. Babeth a sermonné sa marmaille aussi : "arrêtez de sortir tous les soirs, on n'a plus de fric". "Joue du piano Condi, que j'oublie, songs my mother taught me..."
Les chroniqueurs mondains n'en croient pas leurs yeux; la Reine Elisabeth a porté, lors d'une cérémonie, un manteau qu'elle avait déjà porté en... 2005. Ca s'appelerait un scandale. La Reine qui change de vêtement à chaque phase de la journée, a osé reprendre ce "truc" vieux de trois ans. Crise oblige, elle n'a plus de sou; elle s'est donc interrogée en public, elle qui fait seulement la lectrice tous les ans devant le Parlement; l'infortune fait gémir, c'est connu : "bande de cons, pourquoi n'avez-vous pas vu venir cette crise ? Je n'ai plus de fric, et l'autre rosse ne m'en donne plus"... Et c'est une boursicoteuse, la crise est passée par là : "appelle le banquier, qu'il m'explique ça en détail". L'histoire nous enseigne que plus la famille royale s'entoure de faste, plus elle est respectée. Jadis, c'était un seigneur comme les autres, des gueux de haut rang et vers la fin des années 1870, on l'a magnifié. Victoria est passée par là. Babeth a sermonné sa marmaille aussi : "arrêtez de sortir tous les soirs, on n'a plus de fric". "Joue du piano Condi, que j'oublie, songs my mother taught me..."
Le Souverain le plus silencieux en ce moment, c'est le Roi du Thaïlande, Rama IX : un branle-bas de combat dans le pays; partis interdits, manifestations à répétitions, occupations des aéroports et des bâtiments publics et lui, rien. "Accourus de tous les coins de Votre royaume, nous sommes là Sire". La tradition veut que l'on s'adresse à la poussière de ses pieds. Et sa femme n'est pas fraîche non plus, Sirikit. Encore plus raide. "Ca rigolle pas chez eux...". Son silence est une orientation, en réalité. Il trône depuis plus de soixante ans, les militaires l'aiment bien aussi, ça aide.
Le plus vaillant, c'est le Grand-duc du Luxembourg; il a refusé de "sanctionner" une loi autorisant l'euthanasie. Sa conscience l'en empêcherait. Le Premier ministre n'est pas content, bien sûr. D'ailleurs, qui a déjà vu Juncker, content ? Toujours une tête de Carême. "Bon, p'tit malin, puisque tu veux jouer au Souverain feignant de diriger son poulailler, tiens, je modifie la Constitution". Résultat : il ne devra plus "sanctionner" mais seulement "promulguer" les lois. La reine d'Espagne aussi avait voulu dire des choses, on l'a remise à sa place, la Grecque: "la vie et la mort ne sont pas entre nos mains", "non au mariage homosexuel, c'est quoi ça d'abord, connais pas"... "Les Souvrains manquent de cervelle mais ça ne leur est pas nécessaire" aurait dit un autre écervelé... Et le prince consort du Danemark, un Français, le claironne partout : "je m'emmerde...".
Celui du Koweït, "se la joue" aussi. Les députés essaient de faire comprendre à l'émir, depuis 2006, qu'ils ne veulent pas de son neveu comme Premier ministre; "allez, allez...". Résultat : le Neveu de l'Oncle est reconduit : "mais fais ça dans l'art, toi aussi, ne fais pas le païen". Mohammed VI essaierait de faire des choses; tiens, il a changé le droit de la famille. Mais les femmes ne trouvent plus de maris, du coup : "Tu dois donner la moitié de tes biens à ta femme en cas de divorce", "ouaich ouaich, Sire, vous rigolez ? Même si le Coran l'impose, jamais...".
Une couronne sur la tête ne fait pas, semble-t-il, le bonheur; mannequins sur une vitrine permettant d'aguicher curieux et "people", ils ont l'air tout chose. On leur interdit d'oraliser leurs réflexions. Pis que les présidents de la République soliveaux. Ils sont à plaindre, pas de liberté d'expression. Il est naturel de préférer la vie de châteaux à une vie ordinaire mais s'auto-censurer pour garder un bon "poste", ça s'appelle, en terme cru, une écorniflerie. De grandes démocraties sont dirigées par des muets; des châtrés. Les derniers forçats de l'Occident. Et on s'indigne quand ils parlent. Une exigence démocratique, paradoxalement...