jeudi 11 décembre 2008

"Fleur de civilisation"

Hier, c'était le 10 décembre. L'Anniversaire. Comme il se doit, nous honorons la Déclaration universelle des droits de l'Homme, la DUDH pour les intimes. Mon sujet d'examen, l'an dernier. A vrai dire, un phare bien plus qu'un pilier. Et on rediscute du titre : "j'pense qu'il faut plutôt dire droits humains, c'est plus englobant, qu'est-ce t'en penses ?", la personne la plus autorisée parle, on se tait : "Ce texte est gravé dans le marbre et l'égalité de tous y est proclamée sans aucune ambiguïté !". Stéphane Hessel, le dernier dinosaure.


Le Conseil des droits de l'Homme s'est permis une coquetterie, une nouvelle coupole :


L'artiste Miquel Barcelo explique : "cet espace, c'est un peu de la science-fiction. C'est comme un Conseil intergalactique, avec des gens et des langues tellement différents, avec des opinions si opposées". En effet. Ban Ki-moon, aussi, était là; il a passé son message : "les couleurs apparaissent différemment selon l'endroit où vous êtes assis, de la même manière que les pays et les peuples ont des perspectives différentes sur les défis que nous devons affronter". Multilatéralisme, évidemment.


Bien sûr l'état de la planète n'est pas, pour autant, reluisant; un classique. D'ailleurs, personne n'a jamais rêvé; on se connaît trop bien. Et la France est morne, aussi. Rama Yade, notre "secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme" rêve d'autres postes "parisiens", Bernard Kouchner reconnaît qu'une telle fonction ne sert pas à grand chose, "elle a bien fait son boulot, mais... tu sais, en fait, elle ne faisait pas grand chose, hein !" La réponse du diplomate à la diplomate...


"Un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère..." Le chemin parcouru est sans doute glorieux mais le voeu reste d'actualité.


Notre Président va presque rougir en serrant la main du Dalaï-lama; du coup, on ne sait plus qui trompe qui : le ministère des affaires étrangères rappelle qu'ils n'ont jamais rien promis aux Chinois : "ce ne sont pas les Chinois qui tiennent l'agenda de notre Président, pfff", "alors, Nicolas, on te savait plus docile; Bush, Merkel et Brown, ça passe, mais pas toi, carpette !", "arrête de dire la vérité ! en plus, regarde, je vais te revendre des armes, allez, on se réaime ?"...


Robert, celui du Zimbabwe, qui avait soigneusement tendu la sébile à la communauté internationale pour surmonter l'épidémie de choléra, est fou de rage : "alors Robert, si tu veux de l'oseille ou de l'assistance, tu dois partir; ça suffit, on ne veut plus de Toi, allez, penses-y", "bouche calamiteuse, caquet dégoûtant, bouffon, anti-démocrate", "calme Robert calme, tu dois dégager maintenant", "allez, on n'a plus besoin de vous, le Zimbabwe maîtrise officiellement l'épidémie". Et al-Bachir dont on ne sait plus la situation "juridique" ! Notre Président a décidé, seul comme à son habitude, de "négocier" avec lui, le Procureur Moreno-Ocampo s'époumone à réfuter tout arrangement; mais bon la politique a l'honneur de toujours primer.


La terreur est déjà partout; le Congo déploie l'étendard, les Etats-Unis mènent déjà une guerre précisément contre la terreur; effet paradoxal, elle renforce la terreur. "Mais arrête de bombarder les civils afghans, nom de dieu !", "poussez-vous, bande de sauvages, qu'est-ce que vous foutez dans une zone en guerre, hein ? Il faut tout leur dire à ces wisigoths !", "mais les guerriers sont ailleurs !", "allez on s'excuse mais ne recommencez pas, vous aussi..."


La misère : un milliard de sous-alimentés, d'inanitiés, d'affamés, d'assoiffés. L'insécurité : la Corée du Nord fait le malin, Israël n'attend que l'aval américain pour bombarder l'Iran, l'Inde se pose toujours les mêmes questions sur son voisin nucléarisé. Parler de choses et d'autres est toujours aussi difficile, croire est démodé mais on essaie de faire des choses, etc.


Tiens, la Suisse veut une Cour mondiale des droits de l'Homme, encore une avancée. On n'apprend pas à un vieux sage à faire la grimace. Un voeu, bien sûr. L'inhumanité sortant de l'humain, on ne sait plus espérer. Et maintenant, il faut penser à l'environnement, aux êtres vivants non humains, à la paix, au développement et palabrer encore et encore. Mais c'est déjà ça; l'important, comme le disait Robert Badinter en 1998, c'est de ne pas être un "partisan du silence"...