Un vendredi pas comme les autres, assurément. L'imam racontait des choses, comme à son habitude. Et au mépris de leur habituelle nonchalance, les ouailles écoutaient avec attention. Alertes, ils étaient. Pour une fois, peut-être. C'est que le "sabir ordinaire" devait bien aboutir sur "l'événement". Fumant de colère, ils voulaient entendre un son, un dépit, une condamnation. S'indigner ensemble. La sentence, armée de quelques versets, coula des lèvres : "l'islam ne tue pas, l'islam ne massacre pas, l'islam n'explose pas !". Ni emphase, ni atténuation.
Elhamdulillah, a-t-on envie de lâcher. Et si un cerveau brûlé avait tenté d'excuser l'horreur ? Si le plus exalté avait relevé les injustices commises, dans d'autres contrées, par les coreligionnaires des victimes pour tenter de justifier des choses indicibles ? Elhamdulillah, assurément. Voilà où nous avons abouti, on se met à appréhender les probables dérapages de nos frères spirituels ! Un drame dans le drame : c'est que les "islamistes" se disent, se croient, se sentent musulmans ! Un souvenir, celui de l'enfant innocent, prunelle des yeux, celui que tout le monde chérit à la maison, embua les yeux. "Des enfants étaient morts" et c'était tout. L'humanité tout entière a péri ("quiconque tue un innocent est considéré avoir tué l'humanité tout entière", Coran sourate 5, verset 32). Et personne ne s'est précipité pour pondre des réflexions techniques, froides, orientées, du genre à torturer l'âme de ces pitchouns...
"Déclassement social", "crise identitaire", "victimisation" : l'analyse des "sachants". Quel rapport ? a-t-on envie de brailler ! Le problème n'est pas social ni économique, le germe est malheureusement ailleurs : le craquèlement de la Communauté musulmane, la putréfaction intra-islamique. Des types qui accaparent l'islamité éclaboussent la religion. Il n'appartient pas aux autorités politiques de rendre des arbitrages, de s'auto-flageller. Il incombe aux musulmans de faire des purges. Fondamentalement, ce n'est pas une question de "République, école, laïcité" comme le glisse M. Valls, en bon laïcard. "A ce degré de violence, ça n'est pas le sujet" dixit plutôt M. Minc. Depuis quand justifie-t-on des atrocités par le désarroi social dans lequel se débattrait le coupable ? Pourquoi Breivik serait un malade pathologique et Mehra un pauvre hère ? Quelle est la logique, au fond, de malaxer un crime et les origines sociales de son auteur, sinon ajouter la lâcheté à l'horreur ?
Le levier premier est simple : une mauvaise lecture de l'islam et non une relégation sociale. L'idéologie et non le déclassement. La morbidité et non le ressentiment. Et aucun musulman ne devrait s'offusquer de cela car aucun musulman digne de ce nom ne saurait ressentir une quelconque proximité avec ces "monstres". Il doit lutter pour bouter hors de son champ mental, ce type de déviants. L'absorption des salafistes est une affaire de la Communauté musulmane, pas de la République; celle-ci ne peut qu'agir pénalement contre ceux qui débordent (répression) ou risquent de déborder (prévention, tout en respectant jusqu'à la plus extrême limite la liberté de conscience).
Islam anxiogène. Connais pas, personnellement. Ne l'imagine pas, au juste. Quand tout le monde voue aux gémonies un "Mohamed", eh ben on s'offusque, on se volcanise mais on finit par baisser la tête. Car la réalité est là : un "Celui qui est loué" ("Mouhammed" en arabe) a fini en "ennemi public numéro un". Il a souillé notre religion, notre Prophète et finalement notre honorabilité. Comme pour l'autre, le dam et rien d'autre...