L'expression fait florès. Une sorte de sac poubelle où il est diplomatiquement sain de lancer les "situations" qui dérangent et qui perdent leur identité propre pour recouvrer celle de "catastrophe". Sa Sainteté Benoît XVI a reçu son homologue spirituel, le Patriarche de tous les Arméniens, Karekin II. Evidemment, là où se trouve un Arménien, il est coutume de prononcer le fameux mot. Tout officiel arménien qui se respecte tente toujours d'arracher ce mot à la bouche de son interlocuteur. Les présidents américains refusent à l'unisson. Ils préfèrent "les événements de 1915".
Karekin II est rentré bredouille du Vatican; le Saint-Père brisant la tradition de Jean-Paul II, la prononciation unique (celle de 2001) devient immédiatement tradition pour ces mots qui mettent longtemps à sortir, a opté pour "grande catastrophe". Le soutien des enceintes fait toujours du bien, tant pis pour cette fois. Les années reviennent, les commémorations portent bien leur nom, les tentatives insistantes et presque racoleuses ne font jamais rougir ceux qui les font, l'habitude efface toujours les vertus. Une affaire de mémoire qui peine à prendre sa vitesse de croisière. Les Turcs applaudissent dans ces cas-là: être pingre en mots est une qualité inestimable en diplomatie, aiment-ils lancer au Pays du martyre.
Le mot "catastrophe" me rappelle toujours l'histoire des Palestiniens. La fameuse Nakba. Le retour des antiques propriétaires. Eh oui, soixantième anniversaire cette année. Une histoire de droit de propriété qui s'éternise. La série a dérapé en une suite de films. Chaque scène coupe les ponts avec le passé. Sans queue ni tête.
Quarantième pour une autre forme de catastrophe, Mai 68. D'emblée, je m'explique: je suis neutre par rapport à cet événement. C'est joli, dans la forme, le désir sexuel fait faire des révoltes. On ne se bouscule plus pour remplir l'estomac, du moins dans cette partie du globe mais pour vider nos organes; être libre, moins lourd, plus frivole; l'oisiveté, un droit de l'homme. Mais "l'oisiveté enseigne tous les mauvais tours" pleurent les religieux. Soit. Chacun voit midi à sa porte.
En réalité, la liste des catastrophes est longue: en Birmanie, en Chine, en Iraq, au Zimbabwe, en Biélorussie, ici, là-bas, au Parti socialiste, etc. Certaines de mes connaissances pensent à la mort de Louis XVI dans ces moment là; moi, je reste fixer sur celle du petit cheval. Tout ce dérèglement mène à l'ultime catastrophe, je vous le dis. A force de compter ses signes avant-coureurs, je me suis mis à courir derrière elle; je la vois partout. Un délire eschatologique. Nous sommes aux premières loges...benden söylemesi.