Les Etats se plaisent souvent à se reconnaître propriétaires de terres qui, en réalité, ne sont pas vraiment les leurs. Voilà donc le Japon et la Corée du Sud batailler pour affirmer leur souveraineté sur les îlots Takeshima/Dokdo/Liancourt. "Tiens, disent les Coréens, on va planter un bel hôtel pour faire acte de présence !". "Mais il n'y a personne !" "Laisse donc, à quoi tu penses, deux personnes suffisent pour créer une société". Le Président Coréen se frôte les mains, voilà une occasion pour briller dans les sondages. Criailler, la panacée.
Jadis, les Turcs et les Grecs, armes aux pieds, s'étaient "pris la tête" pour les deux îlots Kardak/Imia : les Turcs les aimaient bien pour pique-niquer, les Grecs préféraient y arborer leur drapeau. Heureusement, Bill est intervenu; taquin, il se fout toujours de leur gueule : "je ne pouvais m'empêcher de rire intérieurement en pensant que quel soit l'aboutissement de mes efforts pour rétablir la paix au Moyen-Orient, en Bosnie ou en Irlande du Nord, j'aurais au moins sauvé quelques moutons de la mer Egée" (p. 736 de son pavé). Les démantibuleurs ne manquent pas pour les Turcs.
Que dire des Arméniens ? Ils ruminent toujours : "file-nous le mont Ararat ou je pleure ! Tant qu'à faire, donne aussi Kars, Ardahan et Igdir". Les Kurdes s'agitent aussi; "et nous, on veut tout le sud-est, allez !". Et Chypre, dont personne ne sait toujours si c'est une colonie, un Etat, une région... Le chef d'état-major n'avait-il pas décrété la politique étrangère turque dans ce dossier à l'insu du ministre chargé de ce portefeuille : "Veni, vidi, vici, meus, resideo". Et après on trouve les "Ergenekoncu", ceux qui ont juré de défendre le pays à tout prix contre les impérialistes et l'AKP qui vend, en liesse, tout ce beau patrimoine.
Les Israéliens et les Palestiniens en sont toujours aux qualifications : territoires "libérés" ? "occupés" ? "bibliques" ? Les colonisations continuent, nous dit la presse; "bah alors, rouspètent les enceintes internationales, enfin, tu vas arrêter, parbleu ! Allez, c'est la dernière fois...".
Le Kosovo, voilà ce que ça a donné; le hosanna des uns se mêle au vagissement des autres. "Nous faisons tout pour adhérer à l'Union européenne mais le sens du sacrifice a des limites ", a déclaré le ministre serbe des affaires étrangères, pimpant qu'il est. Notre Kouchner le tapote sur l'épaule : "c'est ça, vieux, continuez comme ça, y en a encore, hein, des patatrots, attrapez-les et après on fêtera ensemble l'indépendance du Kosovo". Hahaha...
Evidemment, les cas sont nombreux : Sahara Occidental, Abkhazie, Ossétie du Sud, Transnistrie, etc. Le Tibet, n'en parlons pas, un véritable hold-up. Les passions ! Personne ne veut tendre l'oreille; faute au nationalisme, aux dirigeants, aux cerveaux brûlés, à l'amour-propre. Il n'a pas cassé trois pattes à un canard , il vous coupe la chique.
"Ce qui est seulement presque vrai est tout à fait faux". Onu bunu bilmem.