Les Russes boudent; personne ne veut leur donner raison. Seuls le Nicaragua et la Gagaouzie se sont empressés de reconnaître l'indépendance de ces deux beaux pays que sont l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. Comme une comédie. Et les Russes savent bouder aussi; ils en ont l'art. Alors, c'est parti pour les chaises vides et les pieds de nez dans les enceintes internationales. La Chine se pétrifie dans ces moments-là, "réfléchis quand tu parles, bourrique, et le Tibet, et le Xinjiang, tes idées à la gomme, garde-les pour toi, vieux".
"Tu me soûles" ne cesse de répéter Condi à Sergueï. "C'est ça, ma belle, fais tes valises, je ne te sens plus" lui rétorque ce dernier. Il faut dire qu'il ne l'a jamais portée dans son coeur. Il est plutôt d'avis que Condi, pourtant spécialiste de l'URSS, vogue quand elle réfléchit sur la situation actuelle de la Russie; ce n'est plus l'époque de Boris, avec son joli nez de pompettes. Poutine a secoué le pays, depuis. Mais les Etats-Uniens bronchent aussi : boucliers, bases, les petits soins aux Géorgiens et Ukrainiens, crânerie en costume de bal, etc. Ca les exaspère, ils sont Russes.
D'autres dirigeants s'en étaient donnés à coeur joie : l'Argentine Kirchner, espiègle, a lancé : "alors, frère américain, c'est quoi cette formidable intervention de l'Etat de mémoire d'homme ? 700 milliards ! Et le marché ? Et la main invisible ? Hein, poltron".
Le plus radieux, sans conteste, est le Sieur Ahmadinejad, toujours vaticinant : "les piliers du système oppressif s'effondrent". Il a une tribune, il en profite. Avec une salve de critiques au sionisme aussi, évidemment. C'est un "must"; on ne peut pas comprendre la finance sans les Juifs, on ne peut donc comprendre le désastre actuel sans les sionistes. Shimon Pérès ne s'en indigne même plus. Même notre Président a dû balbutier quelques mots, éructant le classique "capitalisme régulier et régulé"; toujours cette manie de faire des jeux de mots.
Et on apprend, par-dessus le marché, que la Corée du Nord a décidé de se redraper dans sa dignité : "les Américains ne sont que des guignols, ils ont été incapables de nous retirer de leur liste, allez, on reprend tout...".
Les intellectuels soupirent : "ouais, ça y est, c'est le monde multipolaire, on s'éclate, la foire sera bonne, voilà bien des marchands"; les Américains sont en crise. Ils ont mis de côté leur trompette et ils ont entamé une profonde réflexion, en famille. Sans nous. Alors qu'on le sait, quand ils toussent, on s'enrhume. Les économistes le disent, je ne saurais inventer dans ce domaine. Je n'y comprends rien. Le Président Sarkozy est furieux; il en a marre, en réalité. L'autre incapable n'en a plus rien à cirer, il s'en va bientôt. L'intérêt pour les affaires du Pays ne peut se poursuivre au-delà de son mandat logiquement; sinon, à quoi bon le débarquer. Mc Cain non plus, un peu comme Mitterrand, il n'a jamais rien compris à l'économie. Mais lui, il est là; il doit promettre, il doit débourser, l'argent fait chanter disent les Turcs. On sombre mais on avait une gesticulation. La faute à Bush. Que dire du Premier ministre Erdogan, lui, économiste de formation : "ne vous inquiétez pas mes petits, pas de panique, rien à se reprocher, le FMI nous a bien garnis". D'accord. Ce serait même une chance pour la Turquie. Je l'ai dis, je n'y comprends rien aux arguties de l'intendance.
Ce que je sais c'est que multipolaire, ça nous fait une belle jambe; on est content, il y a d'autres pôles. Plus de contrepoids. C'est bien. Drôle de multilatéralisme : les cordons sont ailleurs, on trinque toujours. L'argent a son maître, multipolaire ou pas, à quoi bon ? Un brin de causette... Au plaisir ! Les miches de certains, entre-temps, font bravo. Je ne me laisserais pas convaincre pour un empire. Allez, la théorie de l'effondrement, pour une autre fois. A force de vouloir se convaincre qu'il y a des "émergeants", on va finir par enfoncer l'encensoir dans le nez des Russes, des Chinois, des Brésiliens et des Indiens, au grand rire... de l'Empire principal, Unicus Primus.