samedi 13 septembre 2008

Les "chambardeuses"

Alors que le Président Sarkozy multipliait les étreintes corporelles et idéologiques au "Très Saint-Père" au grand dam de Jean-Luc Mélenchon, la rumeur courait sur la conversion de son fils, Jean le Cadet.



Il est presque de coutume, pour un homme passionné, d'embrasser la religion de sa dulcinée avant d'obtenir sa main. En l'espèce, le "fils du président" a, apparemment, refusé de s'y plier. J'ignore si les parents juifs ont un égal souci de la confession de leur gendre que les dabes musulmans. Les règles qui régissent l'entrée au judaïsme sont déjà assez alambiquées; chez nous, on connait la coupure : "il n'y de Dieu qu'ALLAH et Mouhammed est son Prophète". Les Juifs forment le "peuple élu", les nouvelles adhésions se font avec parcimonie, c'est normal.


Les filles musulmanes convoitées par des Français chrétiens ou agnostiques ou indifférents (rares sont les Juifs et les athées) appuient sur la chanterelle avec une certaine fierté : "tu dois devenir musulman". L'interlocuteur, déjà concentré sur la "nuit de l'amenée", ensorcelé par la beauté qu'il contemple, se fait grave. Le simple désir d'aller "plus loin" avec sa bien-aimée le fait entrer dans la "oumma". C'est comme ça, l'homme est ainsi fait, il chérit sa femme et ses principes... Je n'ai jamais entendu quelqu'un "négocier" à ce stade. On ne saurait faire boire un âne s'il n'a pas soif. La réponse est rapide donc fragile : "Aucun problème". Et on est content, un musulman de plus. D'ailleurs, la pratique religieuse n'est pas le souci de l'instant.


Des cas de conversion dans mon entourage, j'en connais un paquet. Un ami Chrétien, du type "culturel", se lamentait : "je l'aime, fais chier [sic], je suis prêt à me convertir pour elle; j'envisage même la circoncision". D'accord. Les "railleurs" (benêts ou racistes) parlent d'un "baptême au sécateur". Je l'ai convaincu que la théologie musulmane ne l'imposait pas aux convertis. Il était content : "j'peux être opérationnel ?", "mais oui mon brave". Mais le doute, c'est un fléau. Il n'était pas convaincu, il ne voulait surtout pas faire les choses "à moitié". "L'amour est enfant de bohême, il n'a jamais jamais connu de loi"...


Une amie Française me suppliait de faire du lobbying auprès de la mère de son jules, turc et musulman. Son argument était, dans sa logique, implacable : "Je vais devenir musulmane et d'ailleurs, je veux que ce soit ma belle-mère qui m'initie aux règles islamiques". Doucement, malheureuse ! Il faut déjà savoir si elle, elle en sait des choses.


Une autre connaissance avait décidé de franchir le pas mais il avait fait les choses à l'envers : il était devenu musulman par l'étude; la crème des convertis. Une adhésion "authentique", pas "imposée" ni "invitée". D'ailleurs, on nous apprend que "les motivations de conversion [à l'islam] sont plus liées à des valeurs morales et spirituelles qu'à des motifs politiques ou conjugaux" (Le Monde des religions, mai-juin 2008, N° 29, p. 8). En clair, tout ne se fait pas dans la perspective du lit... Depuis, il recherche une dame.


En France, la nation ne s'émeut pas lorsque l'un de ses enfants quitte la religion traditionnelle. "Ca m'en touche une sans faire bouger l'autre". En Turquie, c'est un drame national. Même les plus modérés se désolent. Un mannequin, Tuğçe Kazaz, avait ainsi fait pleurer les chaumières en son temps. Sa famille l'avait rejetée. Elle avait épousé un Grec et s'était convertie à l'orthodoxie. Les théologiens, en choeur, l'avaient suppliée de reformuler la "shahada" et de retourner au bercail : "hep hep, on ne part pas comme ça, reviens !".


L'avenir d'une religion prosélyte se trouve dans l'action des femmes. Pas de doute. D'ailleurs, j'ai la faiblesse de penser que les femmes sont plus "disposées" que les hommes à percevoir les sirènes de la métaphysique. Et l'islam ne cesse de les honorer : "le meilleur d'entre vous est celui qui est le meilleur envers sa femme"; "la clé du Paradis se trouve sous les pieds des mères". On comprend la problématique : la sincérité en toute chose. En religion, les révolutionnaires sont des femmes. Dirigez, dirigez, rares sont les pensées qui vous encensent. "N'ayez pas peur !"...