On ne sait vraiment plus comment s'indigner. Ou tout simplement s'indigner. Une séquelle brûlante, tout le monde en convient. A peine avait-on dit "Amen" aux prières du Pape que la poudrière sauta.
Le Hamas a commencé, Israël a riposté, "vous nous obligez". Ehoud Barack, ministre de la Défense, a bien précisé le sens de sa titulature pour faire bonne mine : "je suis ministre de la Défense, pas de la guerre". "Ah oui, a renchéri Livni, trop, c'est trop". Il est toujours bon de devenir "faucon" à l'approche des élections législatives. Les calculs, c'est important en période électotale. Les compteurs aussi. C'est connu, l'homme politique devient homme d'Etat quand il n'a plus de scrutin en perspective.
Les déclarations pleuvent, évidemment : le Conseil de sécurité demande l'arrêt des opérations des deux côtés, Mahmoud Abbas mâche des reproches "de manière indiscriminée", les Etats-Unis, toujours dans la crainte de passer pour vertueux, doigtent les accords, etc. Et Hosni, qui n'a jamais eu l'habitude d'avoir honte dans sa vie, refuse d'ouvrir les frontières. Son ministre des affaires étrangères s'étrangle, cependant, lorsqu'on lui demande d'où proviennent les missiles à longue portée que possède le Hamas, "franchement, mon frère, c'est pas nous mais j'vois pas d'autres fournisseurs en même temps..."
Le Premier ministre turc, qui avait rencontré Ehoud Olmert la semaine dernière à Ankara, délaisse à nouveau le langage diplomatique pour crier franco : "crime contre l'humanité". Mais il adopte, en même temps, une posture bizarre; au lieu de se remuer pour prendre langue, vélocement, avec les Israëliens, il a décidé de les bouder et d'arrêter les contacts. Ca n'apaise pas vraiment. Quand il est en colère, il dérape toujours... Ainsi, a-t-il parlé d'une indignation dans les "pays islamiques"; voilà une belle gerbe pour Samuel Huntington. Mais heureusement, ses amis ministres l'ont convaincu d'aller au moins papoter avec quelques pays "importants" : Syrie, Jordanie, Egypte et Arabie Saoudite. Les oreilles des uns font le bonheur des autres...
Ahmadinejad entonne le même refrain et même le Guide Ali Khamenei s'y est mis : nous, musulmans, aurions le devoir de nuire aux intérêts israéliens, où qu'ils se trouvent. Heureusement que les "fatwas" ne sont devenus que des bouts de papier ayant perdu tout effet ameutant. On se désole, par la force des choses mais le réalisme camisole les ardeurs. C'est comme ça. L'ère de la modernité.
"On a le droit de se défendre nan !", "mais oui, bien sûr, évidemment, sans aucun doute, absolument, mais frappe les terroristes, pas les civils". Bombarder "correctement", voilà le paradigme, en somme. Et il faut surtout punir le Hamas. On croyait les Gazaouis mourants depuis le blocus; "vous êtes toujours vivants, vous !" Eh oui, la volonté de survie est mère des plus flambantes intelligences. C'est même devenu un métier presque officiel, contrebandier. Le Hamas, une organisation élue, pourtant; et par des élections voulues par les Occidentaux. "On t'a dit de faire des élections, pas de proclamer les vrais résultats !"
L'année 1430 commence mal, pas de doute. L'année 2009 aussi. Barack Hussein Obama vient sans doute de s'en rendre compte; la politique américaine du Proche-Orient ne se définit pas dans des programmes généreux mais prend forme en fonction des préoccupations pétaradantes de certains. Etre mis devant le fait accompli, ça s'appelle...