lundi 21 avril 2014

Sociologie de l'entre-jambe

La scène se passe je ne sais plus quand. Monsieur mon père était encore dans ses airs de comte d'Ossétie. Nous étions chez des "amis"; amis entre guillemets puisque Monsieur avait une cordiale mésestime pour les ploucs. Mais que faire, il tenait à ses obligations, alors, il fallut consentir à les voir pour leur présenter les condoléances. Bah oui mais les hôtes n'étaient pas du genre à se formaliser de la familiarité ambiante. Mon daron, si. L'étiquette, que veux-tu. Un Caucasien. Il faut dire qu'il avait un don particulier pour pourchasser la messéance, qui, comble du hasard, venait toujours le trouver, lui. Alors, des jambes qui s'écartaient à perte de vue ne pouvaient que délier sa langue. "C'est bon, vous pouvez remballer la marchandise !"...

La "nature masculine" fait qu'on a, nous les gonzes, une propension à ouvrir les jambes en compas. Les femmes ou les honnêtes gens préféreront croiser les jambes; c'est plus chic mais encore faut-il savoir le faire. Pas comme Sarkozy, par exemple. La semelle ne doit pas être dirigée vers l'interlocuteur. C'est une insulte; la jambe droite doit être presque parallèle à la jambe gauche et non perpendiculaire. Autrement dit, seuls les sveltes peuvent s'y exercer avec brio. Car qui dit gros, dit ipso facto inconvenant. Avec des bourrelets jusqu'aux dents, on n'est bon qu'à transpirer l'inélégance... Liberté d'expression, coco...



Les jambes en éventail, donc. L'angoisse de castration, aurait sans doute pondu Freud. D'ailleurs, l'expression "avoir des c..." n'est pas anodine. Et je ne voudrais dénigrer personne n'est-ce pas, mais on est bien forcé de le constater : les Orientaux ont beaucoup plus tendance à étaler ainsi leur virilité que les Occidentaux. Calme, calme, je ne fais pas d'essentialisation. Je reprends seulement ma grande "sottise" : là où il y a frustration, il y a nécessairement jeu avec le corps. Un truc, une signature, une démarche qui révèlent un manque. Qui se dandine bizarrement, qui fume dans le train, qui mâche des mots étranges. Tout cela pour marquer un territoire car leur vie est faite d'ennuis, de vacuité, ils ont besoin d'exister dans et par le regard de l'autre...

La chasse aux blédards, voilà à quoi se sont résolues les féministes de Turquie. Fi des hommes qui grappillent la place des demoiselles pour une histoire de fanfaronnade ! Alors elles ont lancé des campagnes sur Twitter pour dénoncer ça :



Source de colère pour les féministes, source de fantasme pour les uranistes. Car je dois dire, et je suis rouge comme une pivoine, que le "bulge" a une cote auprès de ces derniers. Un homme, ça doit être un phallocrate, n'est-ce pas ? Point du tout, nous ont hurlé les féministes. Des nonnes à l'envers; elles veulent effacer leur féminité en l'exhibant librement, ce que ne saisit pas le mâle. Alors il roucoule à sa manière. C'est connu, lorsque la femelle esquisse un sourire, l'homme comprend une invite à..., bref.  Et je parie ma tête que c'est ce type de gus qui fait vibrer Madame, parce-que le bon chic bon genre, l'aristo, ça va un temps, après on s'ennuie...

Les islamistes en ont profité pour soumettre une solution des plus radicales : la séparation des moyens de transport pour les hommes et les femmes... Un "bus rose". Séparés mais égaux, comme dirait la Cour suprême américaine du 19è siècle. Ou comme l'appliquent les ultra-orthodoxes en Israël. Après tout, il y a une plainte. Alors que fait-on en bon malin, on éradique le problème ? Non, on renverse la table ! Comme pour les LGBT; ils sont harcelés dans les prisons ? Bah, on construit des camps, euh pardon, des établissements pénitentiaires spécialement pour eux ! Pour échapper au viol. "Allez allez, arrêtez de broncher, vous en bavez d'envie, hein !"...

Et les mosquées dans tout ça ! Que des hommes, que des ego. "L'impudique aisance". Déjà serrés comme des sardines, ils n'hésitent pas à écarter tout ce qu'ils peuvent écarter. Les malékites, surtout. Le pied doit toucher le pied du voisin. Alors vas-y pour les V à l'envers. Et les épaules aussi doivent se frôler, histoire d'augmenter la ferveur. "Le paradis des mignons, quoi !" a osé l'ami Muhayyel. "Mais non, mais non" ai-je rétorqué. "Et ce n'est pas une posture qui a partie liée avec les besoins de l'entre-cuisses !", ai-je ajouté. "Mais si, mais si" a-t-il pouffé. "L'islam impose la bienséance et la bienséance impose l'art de s'asseoir les jambes serrées. Mais les démons savent parfaitement nous tenir par les...". Oui, oui, c'est ça. Allez, encore Zola : "quand on a été bien élevé, ça se voit toujours"...  

mardi 8 avril 2014

Qu'Allah bénisse la Turquie...

"Bouddha n'était pas bouddhiste, Jésus n'était pas chrétien et Mouhammed n'était pas musulman. Ils professaient tous l'amour. Leur religion était l'amour" a pondu Meryem Uzerli, l'ancienne Roxelane, Hürrem Sultan pour les intimes. La Turco-Allemande qui a déprimé "en direct" et qui s'est réfugiée dans le pays de maman. "Qu'est-ce qu'elle raconte celle-là !", s'est convulsé le commun des Turcs. Non, on l'aime bien cette fille, mais bon, quand on "déconne" à ce point, on est drôlement choqué, nous autres "esprits étriqués". Mouhammed n'est pas musulman ! Un grand "bouhhh !"...

Il faut dire que les Turcs aiment particulièrement l'artiste qui a, disons, quelques notions en matière religieuse. Un peu du genre, il est beau, il est riche, il copine avec des déesses, il "consomme" à gogo, il jette sa gourme mais il est... pratiquant. Un truc bizarre d'ailleurs, la Nation s'enquiert de son au-delà. Comment une plastique pareille peut brûler en enfer ? Un gâchis. On a besoin d'être apaisé. Alors celui qui se lance dans le célèbre "je ne prie pas mais mon cœur est pur" (le classique "kalbim temiz") exaspère plus qu'autre chose. Et ta grand-mère, elle fait de la planche à voile ?

Tiens notre Kivanç Tatlitug national. Elle l'avait bien aimé ce blondin, la mère turque; il nous avait fait drôlement chialer dans sa série Gümüş. Et sa fille aussi, l'appréciait. Le père et le frère, bien bruns comme il faut, ne le pipaient pas mais se taisaient, histoire de ne pas aggraver leurs cas. Comme disait la sagesse populaire, "Allah, özene bezene yaratmış !", "Dieu a pris son temps pour le créer". Une voisine, présente, avait même osé : "Allah da, bazılarını baştan savma yaratıyor !", "qu'est-ce que tu veux, et pour d'autres, c'est plus du rafistolage que de la création". L'assistance s'était récriée : "astagfiroullah, astagfiroullah, astagfiroullah"...



Mais lorsque l'adonis turc le plus en vue, que dis-je, le Joseph des temps modernes, s'est mis à exposer son corps plus avant, la mère turque a sursauté. Ce gendre idéal s'était dévergondé; dans la série suivante certes (Aşk-ı Memnu) mais également dans sa vie privée. Et surtout Seigneur, un tatouage ornait son bras droit. Un dragon, en plus. C'était moche, alors. "On s'en balance de son bras !" avait réfuté la fille. "Il est beau !". "Hööössst !" avait gémi la mère, babouche à la main. "C'est un mécréant ! il est tatoué, le Saint Prophète l'a expédié en enfer dans son hadith"...

























On n'était pas ultra dans la maison, mais on essayait de respecter les canons. Religieux, je veux dire. La fille, maligne de chez maligne, avait repéré le "truc". A la seconde. Comme le bon Dieu qui envoie au tac-au-tac une inspiration après une profonde prière. "Hé m'man, regarde le bras gauche !". La daronne a mis ses lunettes mais elle n'y a compris que dalle; elle n'a distingué qu'un seul mot et c'était le bon : "only Allah can judge me". Après une exégèse accélérée dispensée par la fille en transe, elle s'est attendrie. Il était bien croyant. Il était bien beau. Il était bien convenable. Et c'était presque une sorte de résipiscence, n'est-ce pas, la ménagère en a été épatée... et s'est directement connectée à sa nouvelle série...


Et il y en a un paquet, des "born again". Necla Nazir, un "cas" spécial. La compagne du chanteur Ferdi Tayfur s'était voilée sans crier gare mettant l'artiste dans un embarras pas possible. C'est qu'il avait une image à sauver, des fans un peu, comment dire, grincheux à satisfaire. Le couple s'était brisé; et sans transition, Monsieur est aujourd'hui paralysé... Burcu Cetinkaya, autre exemple. Fille de bourgeois, fille bien éduquée (meilleur lycée et meilleure université de Turquie), pilote de rallye. Et paf, un beau jour, elle se voile. La Turquie s'en émeut. Les "laïcs" protestent, brûlent l'ambassade de l'Arabie Saoudite, jettent du vitriol aux voilées qui passent dans la rue, mais nan je blague...


Ou je ne sais pas moi, un autre tatoué, Athena Gökhan, avait été photographié en train de faire ses ablutions. Le cousin de la ministre de l’intégration allemande, s’il-vous-plaît. Un ancien de l’Eurovision, rockeur et jury de l’émission The Voice. Un fan l'avait prit en photo. Le "derviche du rock". La conversion s'était faite à Konya, chez Rûmî. Depuis il fait sa prière et son métier... Un théologien reconnu, Nihat Hatipoglu, avait même dû préciser que le tatouage était certes interdit dans l'islam mais qu'il n'empêchait pas les ablutions et donc la prière. Même le très sérieux Necmettin Nursaçan avait donné sa bénédiction. La Nation souffla...




La grande voix de la chanson turque, Bülent Ersoy aussi, avait profité de la Nativité du Prophète pour faire son "show". La femme la plus arrogante de Turquie, le superlatif personnifié, avait secoué le pays plus par la mise en scène que par sa performance. Avec deux zigotos, euh, derviches tourneurs. Les gazouillis se déversèrent tellement sur les réseaux sociaux qu'elle dut "publier" un communiqué pour envoyer des piques à tous ceux qui l'avaient raillée...  


Dernièrement Fatih Ürek, la star des soirées, avouait sa piété. Celui qui a des manières efféminées et porte des vêtements colorés déclare accorder de l'importance à la... virginité. On en passe et des meilleurs. Tugçe Kazaz, celle qui avait embrassé la religion orthodoxe à la suite de son mariage avec Yorgos Seitaridis. Ses parents l'avaient rejetée, les Turcs aussi. Après le divorce, elle s'est reconvertie. Un autre beau gosse, Tolgahan Sayisman, est connu pour ne pas louper ses rendez-vous galants et ses.. prières. 

Le plus "marrant", c'est que ces artistes entrent par la grande porte, le soufisme. Et la confrérie qui leur sert de tremplin, c'est la "cerrahi" : des pointures comme Ahmet Özhan, Mazhar Alanson, Cem Yilmaz ou encore Ali Taran (un petit-fils de cheikh) en sont membres. Leur "cheikh" actuel n'est autre qu'Ömer Tugrul Inançer, celui qui allait se faire lyncher pour avoir conseillé aux femmes enceintes de ne pas sortir de chez elles. Avec sa voix de fumeur. Non non, on s'éclate dans le patelin. Vraiment. On l'avait déjà souligné. Et c'est bien aussi pour le bouseux, l'inaccessible célébrité est un peu comme lui. Elle a un joli corps à exposer mais aussi une âme à sauver. Une "ringarde" comme une autre, quoi. Vu de France, je veux dire, hein Diam's...