mardi 27 novembre 2007

Faut-il sauver le juge Chirac ?

Comme ceux qui tuent leurs enfants qui souffrent: on perd du temps en justice pour les condamner à quelques mois de prison avec sursis; pourquoi ? parce-que la France, c'est le pays des principes.
On essaie de justifier l'impair: oui mais il n'y a pas eu d' "enrichissement personnel"; presque une abnégation dans le vol. Personnel ou pas, il y a eu d'enrichissement indu de certains. Et d'ailleurs, c'est indirectement "personnel". Pourquoi ces gens-là ont bénéficié de liquidités plein les louches ? C'est bien parce-qu'ils servaient l'ange Chirac. Non ? Ou doit-on parler de philanthropie éhontée ? Une conception mitterrandienne de l'amitié ? Voler pour les autres, sans contrepartie; presque du héroïsme !
Le juge Chirac va-t-il croupir en prison comme un vulgaire lambda ? Assurément non. On demande à la justice d'ôter momentanément son ruban; toute la classe politique s'émeut à l'unisson: ça fait logntemps; c'était un système; c'est un ancien président, l'image de la France, blabla. On en oublie que les citoyens, dans ce pays, demeurent "égaux en droit" et "égaux devant la justice".
Il y a de facto une immunité des hommes politiques qui ont occupé les postes clés de l'Etat. C'est comme ça. Est-ce que ça doit rester comme ça ?

dimanche 25 novembre 2007

Droit et fatigue: réflexion sur la langue des professeurs de droit

J'ai commencé à travailler sur mon mémoire; je suis déjà fatigué; piètre juriste ! piètre lecteur ? C'est vrai qu'après 5 années de plongée juridique, j'aurais dû être à l'aise avec le vocabulaire du droit, si prosaïque soit-il. Déjà des maux de tête au commencement d'un travail de longue haleine, sans doute une espièglerie de mon cerveau.
En réalité, ce qui m'éreinte, c'est moins le vocabulaire désenchantant du droit que le bêchage linguistique de ses professeurs. On peut être un grand intellectuel et avoir une écriture simple, presque miellée. On peut être un "grand professeur de droit" (presque un pléonasme pour beaucoup) et avoir un vocabulaire accueillant. J'aime le droit raconté, narré; le droit expliqué me suffoque. Beaucoup expliquent le droit, sans sève, avec emphase. J'adore lire les feux doyens Carbonnier et Vedel, le regretté professeur Rivero et le professeur Mazeaud (Denis de son prénom). J'aimais écouter Jean-Marie Denquin, Michel Pertué. Les meilleurs !
Les profs de droit nous "racontent" à longueur de temps qu'il faut être simple et clair. Quand la bouche dit oui, la plume dit peut-être. Leurs propres bouquins sont inaccessibles; une seule phrase épouse un paragraphe entier. Ils vilipendent notre style, notre rédaction, nos fautes d'orthographe; or, ils ne se lassent jamais d'introduire ces remontrances par de regrettables "par ailleurs", "par contre", etc. De véritables rodomonts !
Bref, l'important n'est pas de maîtriser les mots; c'est de les marier. Les auteurs que je lis actuellement, que je ne citerai évidemment pas, se forcent à employer des phrases qui sortent tout droit de leur délire intellectuel et qui, à défaut de pouvoir découvrir les conditions dans lesquelles elles ont fusé, nous causent d'incessantes migraines. Presque une pollution. Ils se défient avec le verbe; ils veulent entrer dans la littérature juridique, devenir une référence, produire les citations qui seront reprises dans les livres, les thèses, les conclusions des commissaires du gouvernement, etc. Rien qu'une course. La gloriole. Il y a aussi ceux, donc les Vedel et compagnie, dont la simplicité fait leur naturelle grandeur; ils n'ont rien demandé mais tout le monde les adule; ils deviennent doyens, académiciens, les "préférés" des étudiants. Ce sont eux, les vrais professeurs de droit; les autres restent seulement des "agrégés des facultés de droit". Droit littéraire versus littérature juridique.

samedi 17 novembre 2007

Les meilleurs fidèles de Dieu !



Voici la photo qui secoue le pays depuis quelques jours.
On y voit de gauche à droite, le Président de la République turque, Abdullah Gül, le Roi d'Arabie Saoudite, Abdullah Bin Aziz et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Rien d'anormal.
La petite histoire: le Roi Abdallah a fait une visite éclaire en Turquie le 10 novembre. Une suite "royale" lui a été réservée dans un grand hôtel d'Ankara.
La suite est scandaleuse pour les laïcards du pays: le Roi a littéralement convoqué le Président Gül dans sa chambre ! Et, pur hasard, le Premier ministre venait à la visite de sa presque Sainteté; ils se sont donc retrouvés dans la chambre du Roi, un 10 novembre (anniversaire de la mort d'Atatürk), sous le portrait du Roi affiché sur le mur et devant le drapeau saoudien (et accessoirement le drapeau turc au bord ) qui n'était pas en berne ! Eh oui, les 10 novembre, tous les drapeaux sont en deuil en Turquie en hommage au "Grand Atatürk". Scandale sur scandale ! Le protocole a été bafoué, l'honneur de la Turquie heurté, l'image de la république laïque abaissée. Les Saoudiens se sont empressés de rappeler qu'ils ne peuvent "berner" leur drapeau puisqu'il comprend la profession de foi musulmane: "Il n'y a de Dieu qu'Allah et Muhammed est son Prophète". Impossible techniquement. Ils ont également rappelé que le Roi ne pouvait visiter le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk (exercice obligé de tous les gouvernants en visite officielle en Turquie; seuls les Iraniens et les Saoudites refusent de se plier à cette règle protocolaire) puisque le wahhabisme interdit ce genre de chose: visiter un mort, déjà ! et en plus pour le saluer ! c'est incompréhensible pour eux. Dans la Religion, on ne rend visite à une tombe que pour réfléchir sur la mort, pas pour courber l'échine devant un squelette.
Encore plus scandaleux: la République délivre, ce sacré 10 novembre, la plus haute distinction au Roi.
Les laïcistes, les nationalistes, les juristes, tous ceux qui ont pour métier de protester ont, mécaniquement, grondé. Là, ils ont plutôt raison; mais je me place sur un autre terrain: les règles protocolaires, le souci de se ménager la bienveillance du Roi, etc. c'est bien mais pourquoi honorer un tel homme de la plus prestigieuse distinction ? Quelle est son oeuvre ? Elle m'a l'air plutôt médiocre pour ne pas dire lèse-libertés. C'est comme la légion d'honneur à Poutine.
Les vieilles tentations de l'AKP ? Amadouer le Roi ? En tout cas, certains n'ont pas hésité à justifier cette excessive déférence à la nature même de la personne du Roi: il doit avoir le plus haut respect, c'est un ponte; il doit être choyé comme un pontife. Eh bien, je dis NON à cette raison d'Etat.

jeudi 15 novembre 2007

La justice, dans le monde, tue de moins en moins

Amnesty International traite dans son mensuel de novembre de la peine "suprême" et attire notre attention sur d'heureux événements comme l'abolition de la peine de mort en toutes circonstances en France (due à l'adhésion au 2è protocole du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la ratification du protocole 13 de la CEDH); on apprend aussi que le Gabon a décidé de retirer cette peine de son système judiciaire. En outre, l'Assemblée générale de l'onu s'apprête à adopter une résolution sur un moratoire des exécutions.
90 pays sont abolitionnistes en droit, 43 l'ont abolie pour les crimes de droit commun ou en pratique.
En Europe, seule la Biélorussie s'entête à garder cette peine "inutile, cruelle, inhumaine et dégradante". Dans le monde, les pays arriérés sur cette question sont, entre autres, la Chine, l'Iran, l'Iraq, le Pakistan, le Soudan et les Etats-Unis. Le pays de Washington maintient d'ailleurs une absurdité consternante: l'injection létale utilisée pour les condamnés est interdite pour l'euthanasie des chats et chiens car elle entraîne... de graves souffrances !

mardi 13 novembre 2007

La force de l'iris bleu



Un bleu dans le regard ne laisse jamais indifférent; le ciel est bleu: lorsqu'on le contemple, on s'évade, on se repose. Le bleu du regard est de la même espèce: il nous attire, nous foudroie, nous enlève. C'est sans doute la situation la plus déstabilisante: fixer l'interlocuteur pour de vrai, sans détourner la tête. On a toujours du mal à regarder quelqu'un lors d'une discussion; le regard est souvent furtif, intermittent, éphémère. Mais le bleu nous envoûte, on regarde l'oeil pas l'interlocuteur.
L'oeil bleu est un chef-d'oeuvre de la Nature.

mercredi 7 novembre 2007

Précis d'amour et réflexion (?) sur la chèvre coiffée

Une amie, affolée et visiblement fière de l'être m'a posé une question toute bête et très classique: sexe puis amour ou amour puis sexe ? J'ai fait ça donc je l'aimerai ou j'ai fait ça donc je l'aime ? Sa question m'a semblé incomplète parce-qu'il y a aussi sexe sans amour (ce qu'elle feint de ne pas comprendre et ce qui, au demeurant, ne me surprend pas puisqu'elle prend la posture de la fille attachée aux sentiments, à la noblesse du geste, cherchant une raison à tout même à l'aubade de nuit) et amour sans sexe (le fameux "platonique", le plus pur selon Platon). Comme si ces deux termes étaient liés, comme si l'un cherchait désepéremment l'autre. Comme si j'étais psy ou sexologue ou un vieux de la vieille !
D'ailleurs, elle ne veut pas parler d'elle, ça lui est venu "comme ça". Une brusque réflexion et paf, elle trouvé haleine à mes côtés, le devin de Vénus.
Rouge comme une pivoine, elle veut que l'on s'envole dans le monde sédatif de la théorie. C'est bien la théorie. On se dépouille avant d'aller la voir. On espère toujours qu'elle nous réconfortera ou qu'elle nous consolera ou qu'elle étendra le champ des possibles. Parler de ce sujet si lié aux sens dans une perspective théorique ! Presque risible mais jamais anodin. Sans doute un aveu.

Bref, je ne suis pas psy. Elle me "prend la tête". Je lui jette donc ma réponse à sa tête: sans commentaire. Elle insiste, je l'ignore. Elle lance une nouvelle attaque: le sexe est-il envisageable sans amour pour le complice ? Tac au tac: pratiquement, oui; moralement, non. Elle est dans mes eaux.
A la réflexion, je me rends compte que j'ai mal répondu. Dans tous les cas, oui. Le sexe est envisageable sans amour (pour l'autre participant du "congrès", j'entends) mais il faut être amoureux de quelqu'un d'autre. Sinon, c'est du libertinage. Parce-que aimer, c'est déjà trahir. L'infidélité est consubstantielle à l'amour. Sans elle, l'amour ne serait que vulgaire attirance. L'amour et le sexe ne se situent pas au même niveau. On peut donc les envisager séparément. Si l'amour, c'est regarder ensemble vers la même direction (je crois que c'est de Saint-Exupéry), le sexe, c'est se regarder, c'est tâter, c'est le plaisir immédiat. Le sexe, c'est un échange entre deux corps. Il relève du cerveau, de l'animalité naturelle de l'homme. L'amour, c'est une histoire de coeurs, c'est noble. Le sexe, c'est un besoin naturel. On est tous portés à la chair. C'est comme ça. L'amour, c'est une pause dans la vie. Ca tombe rarement et ça s'évapore rapidement. C'est également naturel mais ce n'est pas un un besoin. C'est compressible. Le désir, quant à lui, c'est la cause du premier et la conséquence du second. L'amour, c'est une connivence, une palpitation, l'inracontable, l'inexplicable, le respect mais sûrement pas un simple enlacement des corps. Le sexe, c'est une modalité de l'amour, non sa cause.
Voilà. J'ai répondu à sa question. J'ai même répondu à sa première question. Toute penaude, elle se retire de...Canossa.
Elle aura compris le fond de ma pensée: le libertinage est une humiliation mais pas l'infidélité et le sexe immodéré n'affermit pas l'amour. Il l'efface à petit feu; trop de sexe tue l'amour puisque l'être aimé devient alors interchangeable. Il faut donc se "défouler" ailleurs...pour la bonne cause: ne pas descendre l'être aimé de son piédestal. Lorsqu'il descend, c'est fini.

jeudi 1 novembre 2007

Les Kurdes et leur droit à disposer d'eux-mêmes: un rêve.

Les Kurdes ont-ils droit à former un Etat ? Sûrement. Ils forment une nation, tout aussi respectable que la nation française, la nation turque, la nation mongole, etc. Mais la nation kurde pose problème: elle n'a jamais eu d'Etat dans l'histoire, elle n'a jamais eu un territoire indépendant, elle a vécu sous le joug des uns et des autres. Les Kurdes sont à la fois Turcs, Syriens, Irakiens et Iraniens. Sont-ils toujours Kudres ? Difficile à dire. Mais qu'importe; le vouloir vivre ensemble est là, ils forment donc une nation. Mais une nation sans terre comme les Palestiniens. Mais les Palestiniens ont un ressort géographique, ils ne demandent aucune récupération injuste à tel ou tel pays. Ils veulent juste reprendre leurs contrées et y dresser un Etat. Les Kurdes, c'est autre chose: leurs terres ne leur ont jamais appartenu. Ils revendiquent donc un peu à la Syrie, pas mal à l'Iraq et à l'Iran et beaucoup à la Turquie. Tout en sachant que ces pays s'époumonent à dire que les Kurdes sont les frères des Turcs, des Syriens, des Iraniens, et des Irakiens. Ce sont des frères. Le hic, c'est c'est qu'ils veulent sortir de ces familles pour devenir une fois dans leur histoire des "autres". Etre un Etat-nation. Est-ce possible ? Je ne pense pas. C'est très difficile de donner des terres. Combien de familles françaises se battent comme des chiffonniers pour grappiller quelques centimètres passés malencontreusement sur le ressort du voisin après que celui-ci a bougé le mur mitoyen. La Cour de cassation ronchonne. Vous imaginez les Etats ! Le droit de propriété, c'est sacré, c'est écrit partout même au ciel. On ne donne pas comme ça ! Que faire ? C'est la question la plus grave qui trotte dans l'esprit des dirigeants du Moyen-orient à l'heure actuelle. Ils s'épient, ils se défient: surtout pas de concessions aux Kurdes sinon c'est le morcellemnt des territoires. C'est triste mais c'est comme ça. Les Kurdes auront sans doute un Etat au nord de l'Iraq mais ça sera l'Etat des Kurdes d'Iraq. Et les autres ? Rien à faire. Ils sont adoptés par les Turcs, les Syriens et les Iraniens. On peut leur offrir des droits particuliers, des droits culturels plus élargis, un bien-être écononique réel mais pas plus. On ne peut pas. Et ils ne doivent pas insister. Tout le monde est contre.
Les Kurdes sont ainsi faits: ils vivent soit chez les autres proches soit chez les autres autres (en exil par exemple). Mais ils restent respectables. Le respect, c'est bien. La reconnaissance, c'est mieux. Mais c'est un château en Espagne. Peut-être qu'un jour l'ONU décidera de leur réserver une place dans cette partie du globe où ils sont chez les autres mais aussi un peu chez eux.