mardi 8 avril 2014

Qu'Allah bénisse la Turquie...

"Bouddha n'était pas bouddhiste, Jésus n'était pas chrétien et Mouhammed n'était pas musulman. Ils professaient tous l'amour. Leur religion était l'amour" a pondu Meryem Uzerli, l'ancienne Roxelane, Hürrem Sultan pour les intimes. La Turco-Allemande qui a déprimé "en direct" et qui s'est réfugiée dans le pays de maman. "Qu'est-ce qu'elle raconte celle-là !", s'est convulsé le commun des Turcs. Non, on l'aime bien cette fille, mais bon, quand on "déconne" à ce point, on est drôlement choqué, nous autres "esprits étriqués". Mouhammed n'est pas musulman ! Un grand "bouhhh !"...

Il faut dire que les Turcs aiment particulièrement l'artiste qui a, disons, quelques notions en matière religieuse. Un peu du genre, il est beau, il est riche, il copine avec des déesses, il "consomme" à gogo, il jette sa gourme mais il est... pratiquant. Un truc bizarre d'ailleurs, la Nation s'enquiert de son au-delà. Comment une plastique pareille peut brûler en enfer ? Un gâchis. On a besoin d'être apaisé. Alors celui qui se lance dans le célèbre "je ne prie pas mais mon cœur est pur" (le classique "kalbim temiz") exaspère plus qu'autre chose. Et ta grand-mère, elle fait de la planche à voile ?

Tiens notre Kivanç Tatlitug national. Elle l'avait bien aimé ce blondin, la mère turque; il nous avait fait drôlement chialer dans sa série Gümüş. Et sa fille aussi, l'appréciait. Le père et le frère, bien bruns comme il faut, ne le pipaient pas mais se taisaient, histoire de ne pas aggraver leurs cas. Comme disait la sagesse populaire, "Allah, özene bezene yaratmış !", "Dieu a pris son temps pour le créer". Une voisine, présente, avait même osé : "Allah da, bazılarını baştan savma yaratıyor !", "qu'est-ce que tu veux, et pour d'autres, c'est plus du rafistolage que de la création". L'assistance s'était récriée : "astagfiroullah, astagfiroullah, astagfiroullah"...



Mais lorsque l'adonis turc le plus en vue, que dis-je, le Joseph des temps modernes, s'est mis à exposer son corps plus avant, la mère turque a sursauté. Ce gendre idéal s'était dévergondé; dans la série suivante certes (Aşk-ı Memnu) mais également dans sa vie privée. Et surtout Seigneur, un tatouage ornait son bras droit. Un dragon, en plus. C'était moche, alors. "On s'en balance de son bras !" avait réfuté la fille. "Il est beau !". "Hööössst !" avait gémi la mère, babouche à la main. "C'est un mécréant ! il est tatoué, le Saint Prophète l'a expédié en enfer dans son hadith"...

























On n'était pas ultra dans la maison, mais on essayait de respecter les canons. Religieux, je veux dire. La fille, maligne de chez maligne, avait repéré le "truc". A la seconde. Comme le bon Dieu qui envoie au tac-au-tac une inspiration après une profonde prière. "Hé m'man, regarde le bras gauche !". La daronne a mis ses lunettes mais elle n'y a compris que dalle; elle n'a distingué qu'un seul mot et c'était le bon : "only Allah can judge me". Après une exégèse accélérée dispensée par la fille en transe, elle s'est attendrie. Il était bien croyant. Il était bien beau. Il était bien convenable. Et c'était presque une sorte de résipiscence, n'est-ce pas, la ménagère en a été épatée... et s'est directement connectée à sa nouvelle série...


Et il y en a un paquet, des "born again". Necla Nazir, un "cas" spécial. La compagne du chanteur Ferdi Tayfur s'était voilée sans crier gare mettant l'artiste dans un embarras pas possible. C'est qu'il avait une image à sauver, des fans un peu, comment dire, grincheux à satisfaire. Le couple s'était brisé; et sans transition, Monsieur est aujourd'hui paralysé... Burcu Cetinkaya, autre exemple. Fille de bourgeois, fille bien éduquée (meilleur lycée et meilleure université de Turquie), pilote de rallye. Et paf, un beau jour, elle se voile. La Turquie s'en émeut. Les "laïcs" protestent, brûlent l'ambassade de l'Arabie Saoudite, jettent du vitriol aux voilées qui passent dans la rue, mais nan je blague...


Ou je ne sais pas moi, un autre tatoué, Athena Gökhan, avait été photographié en train de faire ses ablutions. Le cousin de la ministre de l’intégration allemande, s’il-vous-plaît. Un ancien de l’Eurovision, rockeur et jury de l’émission The Voice. Un fan l'avait prit en photo. Le "derviche du rock". La conversion s'était faite à Konya, chez Rûmî. Depuis il fait sa prière et son métier... Un théologien reconnu, Nihat Hatipoglu, avait même dû préciser que le tatouage était certes interdit dans l'islam mais qu'il n'empêchait pas les ablutions et donc la prière. Même le très sérieux Necmettin Nursaçan avait donné sa bénédiction. La Nation souffla...




La grande voix de la chanson turque, Bülent Ersoy aussi, avait profité de la Nativité du Prophète pour faire son "show". La femme la plus arrogante de Turquie, le superlatif personnifié, avait secoué le pays plus par la mise en scène que par sa performance. Avec deux zigotos, euh, derviches tourneurs. Les gazouillis se déversèrent tellement sur les réseaux sociaux qu'elle dut "publier" un communiqué pour envoyer des piques à tous ceux qui l'avaient raillée...  


Dernièrement Fatih Ürek, la star des soirées, avouait sa piété. Celui qui a des manières efféminées et porte des vêtements colorés déclare accorder de l'importance à la... virginité. On en passe et des meilleurs. Tugçe Kazaz, celle qui avait embrassé la religion orthodoxe à la suite de son mariage avec Yorgos Seitaridis. Ses parents l'avaient rejetée, les Turcs aussi. Après le divorce, elle s'est reconvertie. Un autre beau gosse, Tolgahan Sayisman, est connu pour ne pas louper ses rendez-vous galants et ses.. prières. 

Le plus "marrant", c'est que ces artistes entrent par la grande porte, le soufisme. Et la confrérie qui leur sert de tremplin, c'est la "cerrahi" : des pointures comme Ahmet Özhan, Mazhar Alanson, Cem Yilmaz ou encore Ali Taran (un petit-fils de cheikh) en sont membres. Leur "cheikh" actuel n'est autre qu'Ömer Tugrul Inançer, celui qui allait se faire lyncher pour avoir conseillé aux femmes enceintes de ne pas sortir de chez elles. Avec sa voix de fumeur. Non non, on s'éclate dans le patelin. Vraiment. On l'avait déjà souligné. Et c'est bien aussi pour le bouseux, l'inaccessible célébrité est un peu comme lui. Elle a un joli corps à exposer mais aussi une âme à sauver. Une "ringarde" comme une autre, quoi. Vu de France, je veux dire, hein Diam's...