jeudi 31 juillet 2008

Teinte de victoire

Le couperet est tombé : l'AKP, parti au pouvoir en Turquie, est un "centre d'activités anti-laïques". Les juges constitutionnels l'ont dit, c'est comme ça. Sur les 11, 10 ont levé le petit doigt quand le Président leur a demandé si le parti devait être sanctionné. "Bah évidemment, voyons, hein, qu'est-ce t'en penses toi ?".
Le Procureur avait donc raison avec ses arguments simplets; des arguments trouvés dans Google mais des preuves, encore une fois, c'est comme ça. Le droit des preuves pleure.
L'AKP est coupable mais on "trinque" quand même ; la Cour leur a épargné la dissolution à une voix près. "Allez, tu rends la moitié des deniers publics et on continue avec toi". Des "factieux" gouvernent la Turquie. "Vous êtes un peu chariatistes". D'ailleurs le Premier ministre n'a pas compris le sens de la décision, il a déclaré : "ouais ouais, c'est ça, on va continuer à défendre la laïcité comme on l'a fait jusqu'à maintenant". Pied de nez ?
"Mais arrête de faire le rabat-joie, éclate-toi, on a gagné, oh oh, yandan". Ah bon ?
Le parti a sauvé sa "peau" mais rien de réjouissant pour la démocratie. C'est même pis. Avant, on savait, c'était 9 contre 2; maintenant, c'est 10 contre 1. Les juges constitutionnels continuent de promouvoir une conception éculée et fortement idéologisée de la laïcité.
Rappelons-nous les griefs du Procureur : "salam alékoum", "bismilla", "inchalla", quelques Corans par-ci, quelques chapelets par-là, quelques sottises dites il y a 20 ans, etc.
Le CHP n'en croit pas ses yeux, le MHP se retrousse les manches, "enfin, on va pouvoir lutter sur la scène politique" et le DTP applaudit, espérant que la Cour saura se montrer aussi tolérante à son égard. Lui-même se démêne dans une procédure d'interdiction. On voudrait imaginer la sentence : "alors, quant à toi, tu es un foyer de terroristes mais pas beaucoup hein, donc tu vas aussi rembourser les sommes au Trésor, allez". Cette décision n'a aucun sens. Noir ou blanc ? "Bah gris".
Rien à se mettre sous la dent, pleurez démocrates, pleurez, la décision est une catastrophe, rien de plus. L'AKP n'osera plus jouer le démocrate mais ils arborent tous un sourire, je ne comprends pas. Victoire de la démocratie de procédure mais pas de la démocratie de substance. Pleurez, pleurez...

mardi 29 juillet 2008

Nettoyage

Voilà que la justice turque fait encore rire. Les libéraux ricanèrent quand le Procureur général près la Cour de Cassation publia ses griefs contre l'AKP, parti gouvernemental. "Allez, vas-y envoie ta collection d'articles de journaux aux juges constitutionnels, ils te calmeront !". Quand ces derniers ont accepté de se pencher sur l'affaire, ces mêmes en ont hurlé de rire "Adieu démocratie...". Rire est la meilleure façon de pleurer...
Et maintenant, nous avons sous les yeux l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction de l'affaire dite "Ergenekon", cette nébuleuse subversive mêlant ardeur nationaliste et défense criminelle du "statu quo". Plus de 2000 pages accompagnées de centaines de classeurs de preuves. Les rires continuent : encore plus bruyants mais moins nombreux; "et ben dis ! C'est quoi ce torchon ?"
La thèse est la suivante: certaines personnalités (généraux, journalistes, fonctionnaires, hommes d'affaire, voyous patentés, etc) ont décidé de "sauver" la République en créant un climat de terreur propice à l'intervention heureuse des militaires. Ainsi, Ilhan Selçuk aurait fait jeter une bombe dans l'enceinte de son propre journal pour faire accroire que le Pays sombre dans la terreur islamiste. L'organisation aurait préparé l'attentat contre le Conseil d'Etat qui avait fait un mort et qui avait été revendiqué par un avocat las de l'interdiction du voile dans les universités et qui avait plongé l'ancien Premier Ministre, Bülent Ecevit, dans une douleur extrême et finalement dans un coma provoquant quelques mois plus tard sa mort.
Les prises de position sont bien plus subtiles : les uns se refusent d'imaginer de penser que les accusés aient pu tenter une pareille entreprise : "Quoi Ilhan Selçuk, gardien du temple ! Lui, un malfrat ! Lui qui est "chargé d'ans" ! Nenni". Evidemment, le soliste, encore une fois, c'est Baykal le Négateur. "La montagne a accouché d'une souris, fulmine-t-il; Tout ça, c'est de la fable, ils n'ont rien fait, je le sais, je le sens, des nèfles !".
D'autres sont plus circonspects : "bon c'est un peu fort de café mais voilà quoi". Le Gouvernement, plumeau en main, se réjouit : "Nous brisons les clans, les gangs, combattons sans relâche les apaches qui se sont enchâssés dans les structures de l'Etat". Bon vent.
On veut déjà boucler l'affaire; certains journalistes estampillés dénigrent les accusations (quand ont-ils eu le temps de lire les 2000 pages !), d'autres dégomment celles qui leur semblent par trop grossières et font le disque rayé : "Ilhan Selçuk, hara-kiri ! Non, vraiment...". Je ne sais trop pourquoi, le nombre des années rend, dans l'imaginaire, exempt de tout soupçon. L'honnêteté passe au second plan : "jeune, sans doute, mais à cet âge, non, voyons". D'autres folliculaires n'en rougissent même pas : "eh bien, ils ont raison, tout est bon pour se débarrasser de ces gens-là, tuer, provoquer, voler, tout, entends-tu, tout !". Des Professeurs de droit pénal font le juriste puriste :"mais, il n'y a même pas d'action, rien; liberté de pensée, voyons; tant qu'il n'y a pas de conception, de commencement, hein, il est où le coup d'Etat ? Vous voyez, allez rien à espérer, l'iter criminis, voyons, ce n'est pas nous qui l'avons inventé". L'agrégation a toujours été bizarre en Turquie...
Un juriste ne doit jamais cesser de vénérer la présomption d'innocence mais la langue peut nous démanger : "Certaines chosent se sentent avec le coeur". Iter veritatis.

jeudi 24 juillet 2008

Grandes démocraties

Le Premier Ministre indien, M. Singh, respire. Il était en mauvaise posture; la "représentation nationale" s'était offusquée de son désir de signer un accord sur le nucléaire civil avec les Etats-Unis. "Et l'honneur ?" Les députés révulsés de la coalition ont donc momentanément retourné leur veste. Leur bouderie a donné lieu à une séquence pour le moins baroque : les parties n'ont pas trouvé mieux que de mobiliser leurs troupes, où qu'elles soient; on a donc pu voir les civières se bousculer, les états d'âme soignés en coulisses et les menottés, l'air grave, sortir des prisons pour accomplir leur mission. Un branle-bas de combat. Une dévotion.
Le Premier Ministre français était également en mauvaise posture. Heureusement, le Grand Démocrate Jack Lang a volé au secours. Evidemment, les dogmatiques le fustigent : "Pauvre bête, félon, vendu !", "Mais, camarades, gronde le Professeur de droit, le projet est le nôtre, il reprend nos revendications, ne nous renions pas". "Arrête de philosopher, arrête d'agiter les mains et cette bouche, mon Dieu".
Chacun y va de sa citation mitterrandienne. Un "must". "Tonton a dit, soupire Mme Royal, que sur le chemin de la trahison, il n'y a que le fleuve de la honte à traverser". Et toc ! L'autre l'invite à quitter le parti, encore un autre pleure encore la "victoire de Sarkozy". Julien Dray n'y va pas par quatre chemins : "dégage, pars, tu nous ressembles plus". Le p'tit jeune qui veut dégager un grognard. Presque risible. Emmanuelli, pourtant spécialisé dans les prévarications, nous fait presque croire qu'il est indigné. Biffe ! Charasse s'esclaffe : "ben dites donc, les purges, ça continue".
Encore et encore les partis politiques et leurs calculs politiciens. On fait fête à la "démocratie de substance" et c'est la "démocratie de procédure" qui se sent violée. Les idéologues, vraiment, gauchissent la démocratie. Tiens, regarde, on va pouvoir saisir le Conseil constitutionnel. Je recherche déjà les législations à dégommer. Un ami s'en pourlèche allègrement les babines : "youppi, je vais crier sur les toits qu'il n'y a pas eu de génocide arménien, je les aurais grâce au Conseil constit' ". Des crêpages de chignon comme on les aime.

mercredi 23 juillet 2008

Bornage étouffe-chrétien

Les Etats se plaisent souvent à se reconnaître propriétaires de terres qui, en réalité, ne sont pas vraiment les leurs. Voilà donc le Japon et la Corée du Sud batailler pour affirmer leur souveraineté sur les îlots Takeshima/Dokdo/Liancourt. "Tiens, disent les Coréens, on va planter un bel hôtel pour faire acte de présence !". "Mais il n'y a personne !" "Laisse donc, à quoi tu penses, deux personnes suffisent pour créer une société". Le Président Coréen se frôte les mains, voilà une occasion pour briller dans les sondages. Criailler, la panacée.

Jadis, les Turcs et les Grecs, armes aux pieds, s'étaient "pris la tête" pour les deux îlots Kardak/Imia : les Turcs les aimaient bien pour pique-niquer, les Grecs préféraient y arborer leur drapeau. Heureusement, Bill est intervenu; taquin, il se fout toujours de leur gueule : "je ne pouvais m'empêcher de rire intérieurement en pensant que quel soit l'aboutissement de mes efforts pour rétablir la paix au Moyen-Orient, en Bosnie ou en Irlande du Nord, j'aurais au moins sauvé quelques moutons de la mer Egée" (p. 736 de son pavé). Les démantibuleurs ne manquent pas pour les Turcs.

Que dire des Arméniens ? Ils ruminent toujours : "file-nous le mont Ararat ou je pleure ! Tant qu'à faire, donne aussi Kars, Ardahan et Igdir". Les Kurdes s'agitent aussi; "et nous, on veut tout le sud-est, allez !". Et Chypre, dont personne ne sait toujours si c'est une colonie, un Etat, une région... Le chef d'état-major n'avait-il pas décrété la politique étrangère turque dans ce dossier à l'insu du ministre chargé de ce portefeuille : "Veni, vidi, vici, meus, resideo". Et après on trouve les "Ergenekoncu", ceux qui ont juré de défendre le pays à tout prix contre les impérialistes et l'AKP qui vend, en liesse, tout ce beau patrimoine.

Les Israéliens et les Palestiniens en sont toujours aux qualifications : territoires "libérés" ? "occupés" ? "bibliques" ? Les colonisations continuent, nous dit la presse; "bah alors, rouspètent les enceintes internationales, enfin, tu vas arrêter, parbleu ! Allez, c'est la dernière fois...".

Le Kosovo, voilà ce que ça a donné; le hosanna des uns se mêle au vagissement des autres. "Nous faisons tout pour adhérer à l'Union européenne mais le sens du sacrifice a des limites ", a déclaré le ministre serbe des affaires étrangères, pimpant qu'il est. Notre Kouchner le tapote sur l'épaule : "c'est ça, vieux, continuez comme ça, y en a encore, hein, des patatrots, attrapez-les et après on fêtera ensemble l'indépendance du Kosovo". Hahaha...

Evidemment, les cas sont nombreux : Sahara Occidental, Abkhazie, Ossétie du Sud, Transnistrie, etc. Le Tibet, n'en parlons pas, un véritable hold-up. Les passions ! Personne ne veut tendre l'oreille; faute au nationalisme, aux dirigeants, aux cerveaux brûlés, à l'amour-propre. Il n'a pas cassé trois pattes à un canard , il vous coupe la chique.

"Ce qui est seulement presque vrai est tout à fait faux". Onu bunu bilmem.

lundi 21 juillet 2008

"La pertinence et la modernité de la foi"

Les graines du Pape sont toujours bien ordonnées : boulets rouges sur l'avortement et le matérialisme, appel deséspéré en faveur d'un reboisement du "désert spirituel", sincères lamentations sur les radis noirs "débordés", etc. Tout cela dans un langage fluide. Evidemment. Les Papes me fascinent; ils enclenchent en latin, poursuivent en français ou anglais ou allemand ou italien, ou etc. Comme une lettre à la poste. Le Patriarche de Constantinople n'est pas en reste, la concurrence demande de l'attention : il se désole des discriminations en turc avant de se confier à ses collaborateurs en grec et s'en remettre à la sollicitude des Européens en anglais ou français. De l'universel à bon escient.

Tony Blair, catholique depuis peu mais fervent chrétien depuis l'âge de raison (tout le contraire du Premier Ministre australien, Kevin Rudd) s'en donne à coeur joie : " Ma foi est le point d'ancrage de mes convictions, elle fonde les valeurs auxquelles je me réfère, elle forge ma vision de l'humanité". Bush n'en croit pas ses oreilles, Dieu lui avait dit les mêmes choses, depuis c'est la guerre juste permanente... Les Anglo-Saxons sont vraiment bizarres. "Mais d'quoi tu nous parles !"

Sa Majesté "Esclave d'ALLAH" en même temps que "Serviteur des Deux Saintes Mosquées" n'a-t-il pas organisé une conférence sur le dialogue interreligieux ! En Espagne, bien sûr, siège du Dialogue des Civilisations. A petits pas. Un jour, il ouvrirait peut-être les saintes portes de son royaume, allez savoir. Un Wahhabite nous déclamer de l'interreligieux, c'est à faire pleurer les "extrémistes" et à faire jaser les "modérés". L'étiquette est là, l'apparence est tout. "Mais non voyons, c'est quand même lui qui a rencontré le Pape, c'est le même qui marche bras dessus bras dessous avec Bush, encore lui qui porte une "barbe" pas très canonique". Il est moderne. Son frère Fahd aussi était moderne, il avait des "maîtresses" (et non des épouses) et allait souvent au casino...

Nous, Français, on ne badine pas avec la religion. La fonction rend sans religion. Mitterrand avait balbutié : "Oui, je crois aux forces de l'esprit". "Arrête de déconner !". Sarkozy est le plus "iconoclaste"; son cours de théologie fait toujours pleurer de rage. Le Grand Turc, dont on ne sait toujours pas s'il joue le charbonnier, est moins diplomatique : les "Au nom de Dieu, le Miséricordieux", "Que la Paix de Dieu soit sur toi", le fameux "Inchallah", etc. font hurler à gorge déployée. Le Procureur de la République, accroché littéralement à ses lèvres pour relever précisément ces incartades linguistiques, avait rempli son réquisitoire de ces phrases qui sonnent trop "chariatistes". Le Vieux Ismet Inönü, jadis, se faisait prier par ses conseillers pour qu'il dît, lors de ses discours, des "choses" que le peuple avait envie d'entendre; c'est-à-dire un peu d'ALLAH. "Comment ? Et Comte ?", "Mais balance, Vieux !". Il put donc déclarer, bouche écorchée : "Qu'ALLAH prend soin de vous". Trois voix de plus, ça ne fait pas de mal...
La foi résiste, ses contempteurs, le coeur dans la gorge, piaffent. Nous n'allons pas écrire de nouvelle théorie mais soulignons le fait; lorsqu'un Occidental croit en la pertinence et la modernité de la foi, ça défrise quelque peu. Le tir vient d'un flanc inattendu. Pas de panique, les Jeanbernat ont la vie dure : "Entendez-vous, rien, il n'y a rien... tout ça, c'est de la farce..."

vendredi 18 juillet 2008

Le clocher et le lucre : les étincelles des relations internationales

La gratitude, la fidélité, le respect sont des valeurs en érosion. Cette lapalissade a du mal à se vérifier dans les relations internationales où le clan est tout. "Il est Slave comme moi, je le soutiens", "Il a quelques gouttes de sang turc, je le défends", "jadis, c'était mon esclave, je continue à le protéger", "il est musulman, il faudrait me passer sur le corps pour l'atteindre", etc.
Faire de l'épate. Pourquoi pas.

Omar al-Bachir vit des moments difficiles. Son Excellence vient de recevoir l'invitation du Procureur Moreno-Ocampo de bien vouloir rejoindre les geôles de La Haye. Grief: génocide (en réalité, le procureur ne fait que demander à la Chambre préliminaire de bien vouloir le poursuivre). Il ne faut pas mélanger les torchons avec les serviettes; c'est du sérieux. Le Président Uribe est accusé d'avoir utilisé le drapeau de la Croix Rouge pour mener à bien son illustre opération militaire. "Mais alors, petit malin, t'as donc libéré Ingrid perfidement, dis donc, quelle dégueulasserie ! Fourbe. Allez rends la, on recommence". Evidemment, le commun des mortels ne s'intéresse pas à ces débats scolastiques. Histoire de dentelle. La politesse dans le combat. "Oui mais attendez, j'ai libéré des otages, je n'ai tué personne". On s'en fout. Crime de guerre. Parenthèse close.


Ce sinistre Président, dont le nom signifie exaspérément "annonciateur de bonnes nouvelles, beau, ange", avait jadis reçu les honneurs lors de sa visite d'Etat en Turquie. Lui, un "islamiste en gerbe", son homologue turc un soi-disant "islamiste en herbe". Une rencontre idyllique. En grande pompe. L'hospitalité turque. Le Premier Ministre Erdogan avait même voulu se la jouer : "rien de grave, c'est abracadabrantesque".

Bien sûr dans ces moments de torpeur, il n'a qu'à décharger sa rate et les épaules se bousculent : les Chinois trouvent les bons arguments : "mais enfin, il y a une mission de paix qui a déjà assez de mal à s'enraciner, ne brusquons rien"; les Russes, par tradition, acquiescent, le frère Chinois a raison; les Africains et les Arabes sont mécontents, on les comprend : "pas touche à notre frère, vous voulez nous coloniser hein, allez dites-le". Le registre dérape souvent dans ces cas-là.
Jadis, Milosevic avait également été indûment inquiété; les négociations continuaient et le Président Ahtisaari était irrité : on n'accuse pas un dirigeant sur le point de conclure un accord. Finalement, il a eu tort, les deux ont pu se combiner. Accusation du TPIY puis accord et enfin procès. Son coeur a lâché, c'est un autre problème...

Balzac aurait applaudi le réveil de cette "pesante diplomatie qui (...) fait trois pas dans un boisseau". D'ailleurs, le Secrétaire Ban en profite pour hausser le ton : "oui, il faut jongler entre justice et paix mais bon, il faut savoir délaisser les mauvaises traditions". Du coup, Omar compte sur ses amis de coeur et de religion et ses camarades de circonstance; son ministre chargé des affaires humanitaires (sic) est lui-même sous le coup d'un mandat d'arrêt. On est au bout de notre latin.

La justice internationale fait des remous; les procureurs font ce qu'ils peuvent. Carla fixait bien les yeux de ses interlocuteurs serbes : "Mladic et Karadzic". "Tu nous emmerdes avec tes manies; lâche-nous, on veut entrer en Europe, printaner". Ils sont toujours en fuite. Officiellement, les Serbes les ont perdus de vue...

La justice harcèle. Mais le Conseil de sécurité a le dernier mot; contre toute raison, il a le luxe de décréter : " les raisins sont trop verts". C'est sans doute mieux que de ne pas en fiche une secousse; la diplomatie est claire: l'art d'avancer à pas mesurés. Et comme on dit, il n'y a que le premier pas qui coûte. La suite n'est que patience. Allez Omar, prépare-toi...

lundi 14 juillet 2008

Joli 14 juillet

Une grande fierté. Franchement cocorico. Nous ne voudrions pas nous "acharner" sur les succès du Président Sarkozy mais la réussite est évidente.
Il faut dire que les quelques dictateurs qui tenaient le haut du pavé ne sont pas très étrangers aux parades de cet acabit. C'est un rituel chez eux; pour éblouir et faire peur. Nos militaires auraient pu "traînasser" pour narguer leur Chef visiblement "énervant" depuis quelques semaines mais voilà, eux saluent avant tout le peuple. Ne leur a-t-il pas dit qu'il les pardonnait dans son chiffon de papier traditionnel... Hervé, lui, déclame comme il peut : "oui, on vous aime, vous êtes les architectes de la paix".
Que dire de l'architecte suprême de la paix : Ban s'intéressait beaucoup aux militaires, gesticulant dans tous les sens pour recueillir les informations de la part de Sarkozy; ces deux petits bougeaient sans cesse, en extase devant les "forces armées". Moubarak ne clignait pas de l'oeil; c'est son dada, ce genre de manifestation, il est rodé... Al-Assad s'esclaffait tout seul comme à son habitude, il est un peu bizarre comme type. Mais enfin, la démocratie a ce grand mérite de confondre tous les genres...
Que dire de l'apothéose, la lecture du préambule de la Déclaration universelle des droits de l'Homme à la face des quelques racailles VIP; très bonne idée.
Bref, merci M. le Président. "Ce n'est pas rien que d'être Français", s'étouffe le Grand Absent.

samedi 12 juillet 2008

Qui se ressemble s'assemble

Jadis, Rama Yade, secrétaire d'Etat chargée de s'occuper comme elle peut des droits de l'Homme, avait houspillé Khadafi le Guide alors que Bernard Kouchner s'enfuyait à Bruxelles ; "heureuse coïncidence". Bien sûr Mouammar n'en avait pas fait une scène; comme Bachar al-Assad : malgré la réticence qui fait jour au sein de la classe politique et la société civile françaises (au point qu'un ancien Président de la République en vienne à faire la lippe), le Syrien exulte. Certaines personnes sont comme ça; on n'y peut rien.
Bouteflika le Chétif et Erdogan le Sceptique se sont fait prier; l'un pour une question de prévenance (n'est-ce pas Hosni Moubarak qui a raflé la "co-présidence" !) et l'autre par méfiance: l'Union pour la Méditerranée serait un "machin" créé spécialement pour écarter la Turquie de sa visée principale, l'Union européenne. Du dilatoire dans l'air.
Ca ressemble à un sommet de la papelardise : les regards de biais, les sourires diplomatiques sont au menu. Tout ce beau monde ne s'adore pas : Erdogan ne supporte pas le Chypriote, le Marocain en a assez d'entendre les phrases de Bouteflika commencer par "Sahara Occidental", le Général Sleimane sera sans doute gêné aux entournures en présence d'Olmert, les Arabes en général auront l'air chose à l'idée de saluer l'Israélien. La diplomatie.
On ne sait pas encore à quoi ressemble cette nouvelle initiative ni ce qu'elle contient précisément: on parle de "dépollution de la Méditerranée", "développement durable", "contrôle de l'immiration", etc. Les Algériens jouent les grands principes: "tiens, disent-ils, il faut aussi reconnaître la libre circulation des personnes"; le Nôtre n'est pas dupe: "c'est ça, oui". Le Maroc et la Tunisie bataillent pour abriter le Secrétariat...
L'UPM est une excroissance du processus de Barcelone (merci Merkel); l'UE va donc mettre la main à la poche pour assurer à ces Etats, tous richement pauvres, un niveau de développement qui permette de ne plus exporter leur misère au Nord. Bon projet. Bon dessein.
La seule question qui me tarabuste : est-il sain de confier l'argent des ménages européens aux dirigeants corrompus ou corruptibles et pas très démocrates ? On apprenait, pur hasard, qu'Olmert allait être mis en examen pour escroquerie; excusez du peu... Les palais présidentiels des dirigeants arabes sont toujours aussi scandaleusement flamboyants; seul le Président Al-Assad nous prie de croire qu'il délaisse autant qu'il le peut la Résidence, il préfère sa "villa de travail".
"Mais ne t'inquiètes pas, on va juste construire des autoroutes de la mer et dépolluer la mer, c'est tout. C'est la Méditerranée qui est à l'honneur, rien de plus". C'est vrai que ça ne concerne toujours pas les populations. Ne soyons pas pessimiste, l'Euromed gagne un contrefort. Les sédiments ont le mérite de faire accroire, l'immobilisme est la pire des situations, dixit Nicolas Sarkozy. Il a parfaitement raison; mais la mobilisation ne doit pas se résumer à la rencontre des forbans; les "forces vives de la nation" sont bien lasses de faire tapisserie. Il est temps de leur donner la réplique...

mercredi 9 juillet 2008

Audaces et gâteries des juges : une histoire de chèvres

Silvio en a ras le bol. La justice ne se lasse pas de lui demander des comptes. Son argument est simple: "je suis Premier Ministre, je ne peux pas perdre mon temps à comparaître, il faut peut-être que je gouverne, moi, bande de cruches !". La solution coule donc de source: une belle immunité judiciaire. Tout ça dans la dentelle bien sûr: alors, on ajoute à liste des "immunisés" le vieux Président de la République et les Présidents des Chambres. Toujours fringant.
Les "coups d'Etat judiciaires" sont à la mode: avorté au Pakistan, implanté récemment en Turquie, virtuel en Italie. Il a raison, il faut défier la "canaille judiciaire"; le peuple l'a bien récuré, son "Cavaliere", pourquoi donc s'acharner ? Le code pénal "saute" lorsque le peuple se prononce... Bien sûr, les folliculaires et les juges gâchent toujours son plaisir.
Alors que Berlusconi déblatérait contre ses "épines", la Cour européenne a rendu un arrêt pour le moins original: l'histoire en est ainsi: un député turc, apparemment débonnaire, n'avait pas réussi à faire lever son immunité par ses collègues (qui, sans doute, ne voulaient pas installer une coutume en la matière) pour pouvoir comparaître en honnête citoyen devant la justice pour une affaire liée à ses activités d'avant la députation. Pour une fois que l'on avait un député turc qui refusait cet ensevelissement légal, le juge européen ne nous a pas déçus. Le Séraphin a eu gain de cause: les juges estiment que la Turquie a violé son droit d'accès à un tribunal. Cavaliere là-bas, Paladin là-haut...
Jadis, le Juge Roland Dumas, lui-même embarrassé par une historiette mêlant sexe et argent, aurait été à l'origine de la fameuse décision du Conseil constitutionnel sur la responsabilité pénale du Chef de l'Etat en 1999. En gros, Chirac est responsable de ses incartades intervenues antérieurement à ses fonctions mais seulement devant la Haute Cour de Justice, une instance justement difficile à mettre en mouvement. Donc privilège (et comment !) de juridiction mais pas immunité judiciaire. Heureusement, la Cour de Cassation avait rétabli une lecture plus "sensée" quelques mois plus tard: "non, non, coco, il ne peut être jugé pour les actes commis antérieurement à ses fonctions qu'après son mandat et entre-temps, la prescription est suspendue". Donc immunité judiciaire et non privilège de juridiction. C'est du droit. Une aventure.
A la réflexion, je me demande si l'immunité n'est pas un mal nécessaire; mal car contraire au principe d'égalité et nécessaire car souci de la continuité de l'Etat. C'est vrai que les "vice-" ou les "adjoints" servent justement à prendre le relais dans ces moments-là mais chut. Les "démocratistes" n'ont d'yeux que pour les électeurs: face aux juges qui se proposent gentillement de presser l'éponge, nos fanatiques de la démocratie rouspètent: "il est élu, bon dieu, comment osez-vous ? Il est oint. Allez, file l'éponge au peuple". Et lui, comme d'habitude oublie. Morale de l'histoire: faites de la politique, on ne vous aura jamais; ça'l fait pas.
Le jour où les Donald Rumsfeld, les princesses arabes qui se déplacent dans les hôtels européens avec leurs esclaves, les dictateurs du monde entier qui font gentillement escale dans des pays dits "démocratiques et respectueux des droits de l'Homme" seront inquiétés, ne serait-ce qu'une seconde devant un juge ou un policier tremblotant à l'idée de "déchirer" les relations diplomatiques de son pays, nous serions ravis de défendre bec et ongles le principe de l'immunité.
C'est si simple: oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra... Devenir chèvre ou ménager la chèvre et le chou : une tension qui ne doit plus être perçue comme cornélienne. Une mascarade éhontée.

mardi 8 juillet 2008

Andre Rieu - Poliushko Polie

Amore e guerra savio riccardi

Menekse İle Halil Tutkun(Sözlü Yepyeni)[Yenitayfa.com]

Andre Rieu - Danube Love

Bolero

Maurice Ravel

Swan Lake - Le Lac des Cygnes - Ouverture du 2ème acte

Andre Rieu - Shostakovich' Second Waltz

BEETHOVEN.ODE TO JOY

La joie se trouve "dans la fraternité des hommes, unis et solidaires": "tous les hommes seront frères".

Wilhelm Kempff plays Beethoven's Moonlight Sonata mvt. 1

Sonate appelée "Clair de lune": dédiée à la comtesse Giulietta Guicciardi dont Beethoven tomba amoureux mais qui en épousa un autre; "humeur pensive".

Beethoven Symphony No 5

"caractère sombre"

Harnoncourt/VPO Mozart Sym No.40 1st Mov.

Symphonie dite "tragique": "affliction", "chagrin", "malaise".
Mozart vient de perdre une fillette en bas âge.

Requiem aeternam - Requiem K626 Wolfgang Amadeus Mozart

Atmosphère "grave et solennelle" pour que Dieu nous accorde "le repos éternel".

Mozart: Les Noces de Figaro

Vivaldi - Spring

"Atmosphère festive" coupée par un "grondement de tonnerre", "l'assoupissement du berger" et reprenant son entrain originel pour finir "en plein coeur de la fête".

samedi 5 juillet 2008

Misère de la politicienne

Voilà du concret. Le Président Sarkozy recueille le fruit le plus illustre de son impatience, sa volonté, son tempérament "irritant": la libération d'Ingrid Betancourt. Bien sûr, sa libération n'est pas directement liée à l'action de notre cher Président, héros presque international. Sa bougeotte a joué un grand rôle. Un nouveau Saint dans le calendrier.
Bien sûr, "Ségo", toute fielleuse, ne l'entend pas de cette oreille: "n'importe quoi, il n'a joué aucun rôle, il n'y est pour rien, c'est Uribe, la faiblesse des FARC, sans doute les Etats-Unis qui ont permis ce résultat". Certes. Au-delà de cette analyse militaire que le gus ordinaire n'est pas censé s'approprier, il aurait fallu sans doute au moins remercier le Président de la République française pour son opiniâtreté et sa volonté de faire avancer ce dossier.
Pas de "récupération politique" crie-t-elle; personne ne lui demande pourquoi. Ce n'est pas un lapin qui a été libéré, mais une femme d'importance, de caractère, appelée à jouer un rôle sans doute majeur dans la vie politique de son premier pays. Lorsqu'il y a une crise économique mondiale, c'est bien à lui que l'on demande des comptes: "bah alors, la croissance, le chômage, les prix élevés, le prix du pétrole, agis un peu, mon vieux !". Euh, rien à faire, c'est "exogène".
La jalousie, un vrai fléau. Une politicienne qui manque de "dignité" a rétorqué François Fillon; un peu vrai. Le propos a sans doute une part de vérité, mais le cérébral doit savoir s'éclipser momentanément dans les instants de cette nature. Ca sonne rabat-joie. On reprochait à Jospin d'être toujours sérieux; pas trop comme nous, un bosseur acharné qui serait un bon fonctionnaire mais un mauvais dirigeant. Le peuple s'est déjà exprimé, il n'est pas utile de s'acharner. Ségo a "perdu une occasion de se taire" aurait dit le "sympa"; la tendresse n'est que vertu.
Les socialistes sont comme ça; pourtant leur héritage devrait remplir les gens pleins de joie; Mitterrand, face à la photo du visage radieux de Léon Blum sur son lit de mort, aurait déclaré: "la conquête d'un pareil visage est la signification du socialisme". Ses épigones nous agacent.
A l'heure où l'on fait fête à la Miraculée, il eût été plus séant qu'elle se rongeât les poings; s'associer à la "liesse" des gens aurait été sans doute plus appropriée sinon subtile; mais il ne faut pas prononcer ce mot: la "récupération politique" n'est pas sa tasse de thé. Alors que le Premier s'entête à ne pas dormir sur ses lauriers et se met en branle pour libérer le soldat Gilad Shalit, la Madone flétrit ses lauriers. Qu'elle récupère également, ce qu'elle veut, comme elle veut mais qu'elle le fasse pour son avenir politique; elle serait bien obligée de reculer car elle le sait autant que les autres: la politique, c'est l'art de manger à tous les râteliers. Pas besoin de jouer la Vierge effarouchée, la Madone, c'était une image électorale, c'est terminé, il est temps de reprendre les exigences de l'état politique.
Le peuple convient que tous les politiques sont des hypocrites, malheur à celui qui tente de prouver le contraire... Les indignations d'un autre temps ne séduisent plus.

jeudi 3 juillet 2008

L'Honneur ne devrait pas avoir de pays...

La "fusillade" de Carcassonne s'est soldée par la démission du Chef d'état-major de l'armée de terre, le Général Cuche. Les militaires font la moue. Hervé Morin, le soi-disant ministre chargé de veiller sur eux, tente une explication; un écheveau de mots dans lequel il est passé maître : "le Général Cuche a montré qu'il était responsable de l'armée dont il a la responsabilité". Bien. Chirac leur avait coupé les ailes en mettant fin à la conscription, Sarkozy leur tord le cou avec le Livre Blanc. C'est le Chef des Armées.
Alors que certains voulaient ainsi faire montre de leur conception de la superbe, d'autres "collègues" se trouvaient en mauvaise posture en Turquie. Des généraux en mauvaise posture en Turquie ? Une blague ! Non, non.
Les juges d'instruction chargés d'enquêter sur la cellule factieuse "Ergenekon" ont placé en garde à vue deux généraux en retraite, un journaliste et le président de la Chambre de commerce d'Ankara. C'est la "nouvelle vague" des gardes à vue.
Evidemment, les généraux ne poirotent pas dans une pouillerie; les "Pachas" (c'est ainsi qu'on les appelle en Turquie) ont droit à des salles climatisées. Un privilège qui n'indigne personne, bien sûr; le fait de les "inculper" est déjà une avancée. Les fioritures sont presque contingents.
Le Commerçant, dressé sur ses ergots comme d'habitude, a lancé aux journalistes qui lui demandaient les raisons de sa neutralisation : "Parce-que j'aime Atatürk". Il y a quelques jours, une femme voilée, "enturbannée" comme on dit, avait déclaré à la presse qu'elle préférait Khomeiny à Atatürk; une enquête avait prestement été lancée. On ne comprend plus : aimer et détester Atatürk sont logés à la même enseigne...
Le Journaliste, un sigisbée d'Ilhan Selçuk, l'autre dinosaure qui avait été placé en garde à vue quelques mois plus tôt, a opté pour le silence : il refuse de parler aux philistins et préfère se confesser directement au juge. Les caprices ont la vie dure...
Deniz Baykal, leader du CHP (parti dit de gauche) assume la charge : "c'est un procès politique" fustige-t-il; lui qui appelait à plus de respect à l'endroit des juges et à la patience pour le procès de l'AKP. Double standard. Le râle de certains intellectuels se fait également entendre; l'armée, n'en parlons pas. Les gardés à vue sont des paladins de la République, personne ne croit à leur culpabilité, ça doit être un complot. L'Etat contre l'Etat profond. Une pure invention, jurent-ils à l'unisson.
Rappelons tout de même que l'un des généraux "saisis" est celui qui a planifié un coup d'Etat contre le Gouvernement en place. C'est son collègue de la Marine qui l'avait indirectement "balancé". Mais personne n'avait osé lui demander des comptes. On n'arrête pas un Gardien de la Révolution... Le journal Taraf a pu s'enorgueillir : "les putschistes, enfin, devant la justice". Un autre journaliste "aux ordres" ne cache pas sa réjouissance : "la révolution dévore ses enfants"; Tel est pris qui croyait prendre.
Justice immanente, justice imminente, chacun y va de sa petite rengaine. Ca secoue fort certes mais que faire ? Osons reprendre le refrain des opposants qui se lèchent les babines à l'idée de voir l'AKP interdit: dura lex sed lex.