lundi 30 juin 2008

Chacun sa croix

Alors que le monde universitaire n'en finit pas de commenter les résultats du concours d'agrégation qui sert à recruter les "Professeurs de droit" (chaleureuses félicitations à M. Latty qui était mon "prof", comprenez maître de conférences, de droit international à Nanterre), je m'affaire à calmer mon stress, en hausse libre depuis que je connais la date de soutenance de mon mémoire.

J'avoue que je ne suis absolument pas fier de mon travail, quelle bêtise peut-on légitimement se demander mais c'est comme ça. J'aurais dû affûter. Je ne suis pas de ceux qui se réfugient dans la fameuse détresse, "j'ai rien révisé" avant l'examen ou "mince, j'ai foiré" après l'examen; ceux-là ont toujours les meilleures notes, ce qui n'est pas mon cas. CQFD.

Arrivé en 5è année de droit mais toujours perplexe; j'aurais voulu être chef d'orchestre, psychiatre, sexologue, thanatologue ou théologien. Mon père, un "autodidacte" néanmoins ampoulé jusqu'aux mains, rêvait d'avoir un fils avocat. Mes oncles, presque tous "intellectuels" ou "pontes" en étaient ravis. Moi, non. Mais encore une fois, c'est comme ça. J'ai dû quitter l'histoire; contraint mais pas forcé. L'appât du gain, voilà bien un domaine où les parents excellent. Les proches veulent toujours connaître quelqu'un d'utile; "tiens, je ne comprends rien à mon contrat de téléphone mobile, j'ai envie de résilier, comment je fais ?". Aucune idée, je suis publiciste. Sans blague.

Les études finissent, l'avenir commence à s'intéresser à vous et vous à lui; il faut vivre, payer les impôts, voyager, savoir vieillir, etc. J'avoue, et j'espère que mon prof de droit n'en saura rien, que la thèse me rebute passablement. En plus, sans "allocation de recherche", c'est coton.

Louis Ferdinand susurre: "on ne peut pas exister sans plaisir même une seconde et c'est bien difficile d'avoir vraiment du chagrin. C'est comme ça l'existence". La brume a le mérite d'être neutre : l'incertitude, sentiment inédit, s'installe. Je suis "dépucelé".

jeudi 26 juin 2008

C'est tombé dans l'oreille d'un sourd

Alors que nous étions en train de moquer le mari lillois qui avait "répudié" son épouse déjà femme, un Jordanien rompait avec la sienne à cause de lui:



Ni partie de jambes en l'air ni bécot incongru. Simple rinçage de l'oeil.

Pour une fois que les Turcs jouent à l'impérialisme culturel, ça fait des dégâts. Ce garçon dont la beauté crêve les yeux et incommode ses pairs sexuels s'appelle Kivanç Tatlitug ("douce plume" si je ne m'abuse). Il a 25 ans, est comédien et mannequin.

Bien sûr cette malheureuse Jordanienne n'a pas eu droit à ses faveurs; là n'est point la cause de l'ire seigneuriale. Les séries turques font fureur dans le monde arabe. On se les arrache. Les sociologues se sont donc penchés sur la question. Résultat: elles dérèglent la vie "paisible", "simple", "modérée" des couples arabes. Une beauté devant, un rustre à côté. On peut, à la limite, la comprendre. Les blonds sont rares dans ces contrées.

Le mari porte le grief: elle a enregistré la photo de Kivanç sur son portable et pis encore, il trône sur sa page principale. Attirance platonique. On attend le verdict.

Les Turcs sont connus pour leur excessive faiblesse pour les séries. Rien de blâmable. En Occident, on lit; en Orient, on préfère la version visuelle. Le farniente. Pourquoi se faire mal aux yeux et au dos lorsque l'on peut suivre la même histoire, assis tranquillement sur son canapé, graines de tournesol à la bouche et verre de thé à la main. Chacun sa méthode d'apprentissage de la culture. Les Latinos sont les spécialistes en la matière.

La jalousie, nous disent les médecins, peut prendre des allures de pathologie. Dans une société qui n'offre pas trop d'occasions pour jalouser sa dulcinée, le geste du mari est sans doute excessif. Heureusement, nos "Lumières" sont là pour soutenir les femmes "foudroyées" dans ces moments : "Oh, tu as bien fait, de toute façon c'était un cornichon, ton mari, tu t'en débarrasses". Et hop, on déride.

La superficialité du réconfort ne fait pas de doute; on stigmatise toujours. Jamais un pas vers l'autre, pour le comprendre, l'aider si besoin, on préfère le reléguer à son monde obscur; on a libéré la victime, le coupable "rétro" repart pour d'autres aventures avec le même état d'esprit. Et on appelle cela "les valeurs républicaines". Elles sont sauves mais le débat au fond est escamoté, encore une fois. Tel serait le sort du Musulman : une tête de Turc mais pas encore un interlocuteur, les mauvaises langues disent qu'il est nul en réception. Tant que le monde arabo-musulman confirme ce fait, c'est vrai que demander à la France de lui prêter l'oreille, c'est du culot.

Solution: démocratie/Etat de droit/Renaissance/Droits de l'Homme; ventre affamé, cerveau brûlé n'a point d'oreilles.

Dudaktan Kalbe - Full Müzik Sözlü - Uyan (Yenii)

lundi 23 juin 2008

Une démocratie de droit divin: vox dei vox populi

Robert Mugabe l'avait prévenu: "n'encombrez pas la voie, Dieu m'est acquis, allez". Lorsqu'on pense que Dieu perd son temps si précieux à conseiller Bush, à épauler Mugabe, à applaudir Ahmadinejad ou à saluer Abdallah Ibn Abdulaziz, on en perd son latin ou son arabe. Au choix.
L'argumentaire fait chavirer la moindre contestation: "Je tiens le Fauteuil de Dieu, Je suis le Sauveur de la Nation, le Père de l'Indépendance, dégagez...". Nanik. Tralalalère euh...
Il prévient: s'il arrivait à ce foutu peuple zimbabwéen de contrevenir à la volonté de Dieu, aux armes soldatesque affidée ! La question qui peut légitimement se poser est la suivante: pourquoi donc des élections, Son Excellence ? L'absurdité aussi doit avoir une allure; une certaine cohérence intrinsèque. Il eût été plus probe de se déclarer, je ne sais pas moi, "Empereur" comme celui de l'Ethiopie, "Guide" comme celui de Lybie, "Roi" comme celui du Maroc, "Président à vie" comme celui du Turkménistan. Personne n'en aurait été offusqué; car les peuples sont souvent reconnaissants envers leurs héros nationaux (même de Gaulle qui avait été rapidement évincé avait pu ceindre le joli "Français le plus illustre"). Et on voit mal un Atatürk, un Gandhi, un Khomeiny, un Arafat prendre sa retraite. Il faut assumer son destin. Les gâteux qui se cadenassent au Fauteuil se bernent comme ils peuvent: "voyons, je vous aime, je fais don de ma personne".
Dire que le résultat des élections n'aura aucune incidence sur la direction du pays, c'est un peu fort de café. Alors ces élections ? Quid ? Pas pour les beaux yeux de la Commission électorale, bien sûr. Gaspillages, pertes d'argent, de temps, d'énergies. En plus, il est vieux. Les élections, ça sert au mieux de baromètre , au pire de fichage; les massacres sont bien plus aisés quand les dissidents font coucou...
Hosni Moubarak préfère les plébiscites: on continue avec lui ou on ne commence pas avec autrui ? C'est clair, c'est presque affirmé. Or, là on a une anomalie: une démocratie et une élection divine. Une tragédie, ça bouscule tout: nos théories, que l'on a mis tant de temps à élaborer, nos pratiques, nos attentes. Heureusement que les "Occidentaux" ont fait la grosse voix: "Assassin" lui a lancé notre Kouchner national, "illégitime" a renchéri l'ancien occupant, "mauvais présage" s'est désolé le Secrétaire Ban.
Robert ne cligne pas des yeux: il a mal interprété la révérence de son peuple; il ne faut pas confondre échine courbée et fessier en l'air. Ce sont deux choses différentes. Venter dans la soie et socratiser son peuple. Il était bien temps de le mettre plus bas que terre. Tant pis, Dieu saura bien le lâcher un jour. Il ne vaut même pas la corde pour le pendre...

jeudi 19 juin 2008

Halte aux Fesseurs ou leçon de savoir-vivre avec ses petits bonhommes

Les garnements n'en espéraient pas tant. Le Conseil de l'Europe vient les cajoler. Il est temps de mettre un terme à la pratique de la punition. Qui est donc le géniteur pour fesser SA progéniture ? Terminé. Respect de l'autre, dignité de la personne humaine va-t-on leur rétorquer. "Et quoi encore, on nous interdit cette vieille bonne méthode d'éducation ! Occupe-toi de tes fesses, le Monsieur de là-bas !".
Le Conseil de l'Europe a décidé de partir en croisade contre la "fessée". Le slogan est à traumatiser encore plus les enfants : "Levez la main contre la fessée". Le vocabulaire est toujours épatant: on vise à promouvoir une "parentalité positive". Des mots froids. Mais sûrement pas du vent.
Adieu baffe, tape, giroflée, tarte... L'heure est au raffinement; et surtout à la prise de conscience. Les enfants avaient un privilège à l'envers, celui de ne pas profiter des droits des Grandes Personnes. Les bouts de chou sortent des choux. Chaque chose en son temps. Les enfants sont toujours vénérés, ils vont désormais être respectés.
Le vocabulaire explose: mauvais traitements, humiliations, châtiments corporels, etc. Les psy exultent, le Comité des droits de l'enfant respire, les politiques s'en émeuvent. Le juge européen avait déjà donné le ton: en 1998, il avait débouté un beau-père qui défendait bec et ongles sa manière de dresser son enfant: quelques coups de canne (une "punition raisonnable" avaient estimé les tribunaux britanniques). La Cour lui a bien évidemment montré son bec jaune avant de le clouer. La "fessée judiciaire" avait également été réprouvée en 1978 (Tyrer contre Royaume-Uni: un adolescent avait été condamné à recevoir des coups de verge, pantalon baissé, on rêve !).
Les histoires de fesse ne sont pas toutes logées à la même enseigne. En 2005 dans une affaire de sadomasochistes (K.A et A.D contre Belgique), la Cour, toute penaude sans doute, décrit la scène : "On y voyait les prévenus utiliser des aiguilles et de la cire brûlante, frapper violemment la victime, introduire une barre creuse dans son anus en y versant de la bière pour la faire déféquer, la hisser suspendue aux seins puis par une corde entre les jambes, lui infliger des chocs électriques, des brûlures et des entailles, lui coudre les lèvres vulvaires et lui introduire, dans le vagin et l’anus, des vibrateurs, leur main, leur poing, des pinces et des poids" (§ 13). Les notions d'intégrité physique, d'ordre public, de dignité humaine se flétrissent. Le juge décrète que le "droit de disposer de son corps" couvre tout ça (en l'espèce, les deux sado ont tout de même été déboutés car ils n'ont pas respecté la volonté de la victime qui avait dit "pitié", appel qui serait, dans leur jargon, le synonyme de "stop").
Jadis, quand je fréquentais les cours d'instruction coranique, la réponse automatique de l'imam à notre indolence était une petite frappe sur les doigts serrés de la main droite. On pleurait en ricanant. Un de mes cousins qui avait fréquenté en Turquie des cours d'apprentissage du Coran se délectait en nous expliquant les différentes méthodes laborieuses trouvées par les "professeurs" pour policer leur mauvaise humeur. Il en rigolait aussi. Etrange situation.
On nous vole nos souvenirs. On nous dépouille. Quoique. Mes mères se sont toujours abstenues. Mon père, un brin paterfamilias, avait le chic pour la correction verbale. Une parole acide vaut mille fois plus qu'une raclée phénoménale. Encore faut-il avoir le don de la formuler.
Les parents, quoiqu'ils fassent, sont nos seuls admirateurs et soutiens inconditionnels. Ad vitam aeternam. Ils méritent les éloges les plus fervents. Leur stigmatisation, quand ils "dérapent", ne doit pas nous faire oublier leur particularité. Henry Ward Beecher disait que "le coeur d'une mère est l'école de l'enfant"; l'abbé Antoine Prévost ajoutait: "un coeur de père est le chef d'oeuvre de la nature". Leur geste n'a qu'un dessein: notre bonheur. Nous n'avons plus qu'à leur baiser la main, avidement. L'islam nous l'apprend: "le Paradis se trouve sous les pieds des mères". Mains, bouches, coeurs, pieds, il faut savoir faire la part des choses...

dimanche 15 juin 2008

La réserve judiciaire et l'honneur

"Ca suffit, arrêtez de gloser", pourrait-on se dire. "On ne tire pas sur l' ambulance".



Le pauvre, on l'accable depuis des semaines. Je parle d'Osman Paksüt, le Vice-Président de la Cour constitutionnelle turque, celui qui se disait écouté par les services gouvernementaux.

On a apprit qu'il avait rencontré le chef de l'armée de terre, futur chef des armées en août 2008. En bon haut fonctionnaire, il a d'abord nié l'information mais heureusement que le journal Taraf, de la trempe du Canard Enchaîné, a fini par le dégoter. Il a menti. D'ailleurs, il l'a reconnu mais au lieu de se morfondre dans une humeur noire, il a préféré trotter comme un lapin devant les médias pour fanfaronner: "je vous l'avez dit, on me suit, on m'épie, j'étouffe".



La teneur de la rencontre ne serait qu'anodine: des félicitations. Osman Paksüt est certes juge constitutionnel mais il est également l'ancien ambassadeur de Turquie en Iraq; à ce titre, il a voulu rendre hommage au courage de l'armée turque lors de la guerre-éclair en Iraq et prodiguer quelques conseils diplomatiques aux militaires.

La Cour constitutionnelle a profité de l'occasion pour publier, il ne restait plus qu'elle, un pamphlet contre la clique des détracteurs: elle appelle les procureurs à la besogne: "faites en sorte d'arrêter ces critiques; le code pénal est clair: personne ne doit dire mot lorsqu'une affaire est en instance de règlement". Un autre journaliste avait eu l'audace d'appeler ces mêmes procureurs à arrêter les juges constitutionnels pour... violation de la Constitution. D'un autre côté, le Gouvernement rétorque: "le ministre de la Justice n'a aucun pouvoir sur les procureurs; à eux de prendre leurs responsabilités". Et les procureurs, coincés entre l'enclume des pairs et le marteau gouvernemental ne se bousculent pas; il faut dire que tout le monde a donné un avis sur la question, ça serait dommage d'embarquer politiciens, journalistes, militaires, patrons.
N'ayez pas peur des critiques, chers juges, tout le monde s'étonne: "vous, influencés ! Sûrement pas puisque vous jugez selon vos propres dires "en conscience"; or, la conscience d'un juge est pure, c'est connu".

Un journaliste lui a conseillé de ne plus sortir de chez lui, ça commence à devenir "les aventures de Paksüt": Paksüt à la Cour, Paksüt au tennis, Paksüt chez le Général.

Le problème n'est pas les fréquentations de Monsieur l'Ambassadeur; seulement le respect de la consigne: il n'est plus diplomate, il est Juge constitutionnel. A ce titre, il a un devoir de réserve. Verbale et physique. Les salons font fureur en ce moment: l'ancien Président de la République Ahmet Necdet Sezer et l'ancien Procureur de la République près la Cour de cassation se sont rencontrés chez un ancien ambassadeur; le chef du CHP, Deniz Baykal, a croisé, chez le Président du Conseil d'Etat, le Procureur actuel de la République, celui qui a lancé la procédure d'interdiction de l'AKP.

Les mauvaises langues disent qu'il se trame des choses; les esprits plus sensés n'en croient, évidemment, pas une miette: "un coup d'Etat juridiciaire ? Mais non !". Les coïncidences. Je crois au hasard des rencontres. Mais cette croyance se transforme en méfiance quand les protagonistes ravalent leurs chapeaux quelques jours plus tard. "Oui, c'est vrai, on s'est rencontrés, mais on n'a parlé que de sport"... Le célèbre "Oui, mais..."
Même le "crédible" a un honneur: les gardiens "honoris causa" du régime le savent mais la démission n'existe pas dans la conscience des Turcs: toute honte bue, on recommence. Ah l'honneur, "kim kaybetti de ben buldum" disent les Turcs dans certains cas de figure, "qui l'a perdu pour que je le trouve". Allez, ne soyons pas iconoclaste. Tout le monde a un honneur, personne ne le prouve, là est l'ennui...

jeudi 12 juin 2008

Les Anciens et la reconversion

Les Turcs ont la chance d'avoir sous la main 3 anciens Présidents. En France, on en a 2. Mieux que rien. Car, la théorie voudrait que ces anciens dirigeants suprêmes aient accumulé tant d'expériences qu'ils auraient le don d'éclairer la lanterne nationale lorsqu'il y a de l'eau dans le gaz. En France, on les fourgue au Conseil constitutionnel. En Turquie, ils redeviennent citoyens lambdas. Pas de "parachute doré".

L'ex-Président Chirac aurait déclaré "je n'ai pas vocation à donner de conseils ou à critiquer mon successeur"; on ignore s'il respecte scrupuleusement le devoir de réserve que lui impose sa nouvelle charge ou s'il a perdu vraiment l'entrain du temps jadis. VGE, toujours élégant, s'occupe comme il peut, toujours à l'affût des honneurs.

En Turquie, l'ancien putchiste Evren (1980-1989) dessine, se promène, vit dans son coin et s'essaie de temps à autre à l'analyse politique. Personne n'insiste pour l'écouter...


Ahmet Necdet Sezer qui a présidé la Turquie (2000-2007) sans parler à qui que ce soit sans regarder ses fiches, vit retiré; les Turcs l'aimaient bien à ses débuts: il était économe, il s'arrêtait aux feux, attendait son tour à l'hôpital. Un jour, il s'est manifesté maladroitement: lors du Conseil de la sécurité nationale, il a voulu placer un mot pour ne pas laisser rouiller sa bouche mais n'ayant pu raison garder, il a littéralement balancé le petit livret de la Constitution à la figure du Premier Ministre de l'époque, le Vénérable Bülent Ecevit, une pointure de la vie politique turque. Toujours poli comme un caillou, ce dernier a présenté ses devoirs au président et s'en est allé pleurer devant les médias. Résultat: une des plus graves crises économiques du pays. Depuis, le Sezer n'est plus bien en cour...


Le plus actif des "ex" est Demirel (1993-2000) : il renie à petit feu tout son passé; il faut rappeler que c'est l'héritier du Parti Démocrate c'est-à-dire de Menderes, Premier Ministre de 1950 à 1960 pendu par la junte pour des broutilles. Ayant une dent contre le gouvernement AKP depuis que celui-ci a incité les autorités financières à faire main basse sur la fortune de son frère, il défend dorénavant les thèses du CHP, ennemi éternel des démocrates. Le "martyr" Menderes doit se retourner dans sa tombe.


Il est vieux, 85 ans. Certains pensent qu'il ne sait plus trop ce qu'il dit. En tout cas, toute sa carrière durant, il a "surfé" sur la plus-value des valeurs conservatrices; lorsqu'il débarquait dans un village pour un meeting, il retrouvait haleine dans la mosquée du coin. La "populace" en était subjuguée. Après, on a apris qu'il était franc-maçon...
Un ancien ministre l'a gentiment désigné de "plus grand hypocrite politique" de l'histoire turque. Il ne s'en offusque pas; il aime à répéter: "hier, c'était hier, aujourd'hui, c'est aujourd'hui".
On compte toujours sur la sagesse des Anciens; la "passion" les aurait quittés. Moi même, lorsque l'on m'avait demandé de rédiger le statut d'une association, j'avais crû bon d'insérer un article qui stipulait que les anciens présidents de l'association étaient, de droit, membres du Conseil de contrôle.
Je me rends compte que les Anciens ne sont véritablement "consultables" que lorsqu'ils restent soumis à la "pression" populaire. Sinon, ils commencent à parler sincèrement et ça gêne tout le monde. Les anciens alliés l'enfument, les nouveaux l'encensent, le peuple désespère. Nos gouvernants ne sont que des "faux-culs". C'est en fin de carrière qu'ils se rendent compte qu'ils ont des c....... au c.. , le peuple s'interroge : c'est lequel l'authentique ? Mince, ils seront déjà morts quand les archives s'ouvriront... Entre-temps, ils auront les honneurs suprêmes en rabiot. Et après, honni soit qui mal y pense...Rab sur rab.

lundi 9 juin 2008

La croisée des convictions et le dédouanement de soi: posture d'un apprenti Janus

Les homosexuels commencent à exaspérer les autorités. Comme tout indigné qui réclame ses droits. On leur dit "morale", ils répondent "XXI è siècle".
De nos jours, l'illégalité étant à l'origine de toute avancée, ils ne cessent de provoquer. Ainsi, dans la très orthodoxe Grèce, un maire obscure a marié un couple d'hommes et un couple de femmes. Comme notre Bèglais national.
La fulmination corrélative n'a pas besoin d'être décrite. On la connait. On l'a vécue en France. La pluie des promesses d'annulation ne s'est pas fait attendre. En général, les précipitations dans un domaine montrent qu'il y a une gêne. La hâte est toujours un aveu.
Le procureur a l'air d'hésiter, il n'a ouvert qu'une "enquête préliminaire". Le ministre de la Justice a hurlé: "dégage, pauvre con, c'est nul, non avenu, illégal, etc. Arrête de balbutier, dit le droit !". Le Procureur de la Cour suprême a donc dû descendre de sa tour: "calmez-vous, on est dans la plus pure illégalité, ne vous bagarrez pas, cette décision ne ferait pas mal à un étudiant de première année". Sa presque Sainteté Hiéronymos a feint l'indifférence: "je m'en fous, ils ne sont pas de chez moi"; le métropolite de Salonique l'a rembarré: "dégage toi aussi, allez dis-le, les homo sont des pervers, des vicieux".
Les "Gay Proud" défilent un peu partout; même sous les yeux du Pape. Yeux dans les yeux. Les Polonais avaient retroussé leurs manches en 2006. Mais comme toujours, ce sont les Danois qui ont ouvert le bal; il faut dire qu'avec leur conscience large comme la manche d'un cordelier, c'est la Singularity Pride...
Alors que la Cour suprême de Californie estimait que le droit au mariage réservé exclusivement aux personnes de sexe différent était contraire à la Constitution et que quelques jours plus tard, elle rappelait que : "non non je n'avais pas déconné, je refuse de suspendre ma belle décision", l'on apprenait qu'un tribunal turc avait interdit une association promouvant la défense des homosexuels, lesbiennes et transsexuelles au motif que son statut était contraire à la "morale". La Cour européenne dit souvent qu'il n'y a pas de conception uniforme de la morale à travers l'Europe; les Turcs sont bien contents d'appliquer pour une fois à la lettre les standards européens. En France, on reste pantois: "mais attendez, on a un homosexuel présidentiable, ça'l fait pas...". Vous êtes la France, nous sommes la Turquie. Il fut un temps où le CSA turc (le RTÜK) se targuait de suspendre la licence des télévisions pour avoir diffusé des émissions contraires à la "structure familiale turque". Une conception sui generis dans tous les domaines...
A y réfléchir de plus près, c'est mieux que rien: Ahmadinejad avait logiquement répondu que la question des droits des homosexuels ne se posait pas, "il n'y a pas d'homosexuels en Iran". Réflexe pathologique: à chaque fois que j'entends qu'un problème ne se pose pas dans un domaine, je baisse la tête...pour trouver l'erreur. Il y en a toujours; les Kurdes n'existaient pas en Turquie; quand on les a découverts, ils voulaient l'indépendance...
Les droits de l'homme postulent une chose très simple: à chacun son content. Ca tombe bien, le renouvellement de la conception des moeurs nous impose d'avoir le moral. C'est le droit-de-l'hommiste qui parle, l'autre n'ose pas trop donner son avis... à chacun son échelle des valeurs.

jeudi 5 juin 2008

Les quinquets des Assommoirs de la République

Nos juges constitutionnels hors pairs ont donc lâché le morceau: les deux révisions constitutionnelles sont contraires à la Constitution.
Hein ? pouvez-vous vous demander; une révision constitutionnelle est, par nature, contraire à la Constitution puisque, précisément, c'en est une "révision". Pas d'affolement: l'histoire en est ainsi: le gouvernement turc, confronté à la détresse des filles voilées empêchées de poursuivre leurs études universitaires, s'était rapproché du MHP (parti nationaliste) et du DTP (parti pro-kurde) pour amender la Constitution. En effet, jadis (en 1991), dans une de ses décisions dont le raisonnement aurait pu susciter la jalousie du doyen Vedel, la Cour constitutionnelle avait estimé que l'on ne pouvait fréquenter les facultés, nids du savoir, avec des fichus sur la tête; contraire à la laïcité et à "l'atmosphère scientifique" (sic). C'est connu, les censures de la Cour ne peuvent être surmontées que par des révisions constitutionnelles. D'où cette mobilisation parlementaire (3 partis sur 4, tout de même !).
Ces deux dispositions correspondaient d'une part à un renforcement de l'égalité des citoyens devant les services publics (article 10 de la Constitution) et d'autre part, à une confirmation du droit de poursuivre sereinement ses études supérieures (article 42). L'objectif avoué et précisé dans l'exposé des motifs était de lever l'interdiction du voile. Mais, bien évidemment, le mot "foulard" ne figurait pas dans le texte même; la législation doit toujours être générale.
Le CHP (parti qui se croit de gauche) ne l'entendait pas de cette oreille: il faut reconnaître que Deniz Baykal, son président, s'avère être un bon professeur de droit puisque la Cour se nourrit souvent de ses réflexions. Ce parti d'opposition avait immédiatement saisi la Cour constitutionnelle au motif que ces révisions constitutionnelles visaient en réalité à ronger sinon à faucher le sacro-saint principe de laïcité, "philosophie de vie de la République de Turquie". Il faut dire que son raisonnement méritait plus que l'habituelle mésestime. Soyons précis: le CHP se rend bien compte qu'il s'agit là d'une loi constitutionnelle et non d'une loi ordinaire et que, comme nous l'avons vu plus haut, il est difficile de se prévaloir de l'inconstitutionnalité d'une révision précisément constitutionnelle. C'est plus subtil: l'article 148 de la Constitution dispose que la Cour constitutionnelle ne peut contrôler les révisions constitutionnelles que par rapport à leurs procédures d'adoption, c'est-à-dire surveiller si le quorum a bien été respecté, les signatures ont été suffisantes, etc. Donc, rien à espérer. La Cour doit se contenter de la forme; elle ne peut fourrer son nez dans le sens même des dispositions. Mais l'article 4 de cette même Constitution ne demandait qu'à être vu; il nous dit que les caractéristiques de la République, qui sont énumérées dans l'article 2 de la Loi fondamentale (laïcité, démocratie, Etat social, "nationalisme d'Atatürk", etc.), ne peuvent être modifiées ni même faire l'objet de propositions de modification. La subtilité se cache dans ce membre "ni même faire l'objet de propositions de modification". La porte s'est ouverte: la proposition est, juridiquement, une forme (délais, signatures, procédures). Conclusion du CHP: certes l'article 148 est clair mais l'on ne peut pas fouler aux pieds l'article 4; autrement dit, toutes les propositions de révision constitutionnelle doivent être examinées quant au fond pour respecter l'article 4 qui interdit toute proposition qui viserait à modifier les qualificatifs de la République, en tête desquels arrive la laïcité. Or, l'exposé des motifs contient le mot "foulard". Or, le foulard est contraire à la laïcité (décision de 1991). Donc, ces révisions sont contraires aux articles intangibles de la Constitution. CQFD.
La Cour a donc, apparemment, suivi ce raisonnement (que je partage sauf la prise en compte de l'exposé des motifs) et a dit stop à cette tentative de moulinage de la laïcité (que je récuse). C'est un tour de passe-passe, nous disent en substance les juges. Vider le contenu de la laïcité prévu par l'article 2 en ravaudant les articles 10 et 42. Les rafistoleurs ! Donc tentative subreptice, redonne la bride !
En réalité, on ignore le raisonnement des juges. En Turquie, leurs décisions sont toujours creuses; on donne seulement le dispositif. Les considérants sont publiés par la suite (quelques jours, quelques semaines, parfois une année). Ils essaient donc de se cacher après avoir pondu leur décision. D'ailleurs, aujourd'hui, ils se sont tous enfuis par derrière. Seul le Président de la Cour (qui a formulé une opinion dissidente) a fait une brève apparition pour supplier les commentateurs de modérer leurs critiques et pour insister sur leurs capacités juridiques. Mais personne n'en doutait...
C'est vrai que pour un juge dont la femme porte le voile, c'est difficile de reconnaître qu'elle fait partie de celles qui menacent l'ordre juridique du pays dont le garant suprême est son mari.
Les décisions de la Haute Cour font désormais l'objet de paris; 8 contre 3 ou 9 contre 2 ? Les juristes sérieux se désolent. Quand on connaît déjà l'idéologie des uns et des autres, il n'y a plus trop d'enthousiasme.
Résultat: le foulard continue à être perçu comme l'expression symbolique de la lutte contre le régime kémaliste. D'accord. Comme la croix gammée, drapeau du fascisme. Le problème, c'est que la croix gammée est interdite partout: dans les universités, dans les rues, dans les gares, dans les jardins, etc. Or, le foulard est libre partout sauf dans les universités. J'invite les forces de l'ordre turques à se jeter sur toute femme voilée et lui déchirer, prestement, ce fichu "fichu". La justice doit condamner ces factieuses. J'ai peur pour mon régime. J'espère que les juges iront au bout de leur logique; il faut jeter par-dessus bord, ces "ninjas" puisque la Cour suprême vient de les déclarer à nouveau personae non gratae. Leur éradication totale s'impose. Pas si vite. Rira bien qui rira le dernier...
Je pense qu'il faut supprimer l'article 4 de la Constitution avant qu'elle se transforme en clause d'éternité; dans ce cas de figure, la seule ressource serait soit de supprimer la justice constitutionnelle soit de soumettre une nouvelle Constitution flambant neuve au peuple Souverain, si sa souveraineté fait toujours autorité...

mercredi 4 juin 2008

Un Noir versus un Vieux

On pense souvent que les femmes en politique, c'est comme des droits-de-l'hommiste en diplomatie: un "placement parfait" car un monde taillé sur mesure; mais donc illusoire. La nature des Dames se prêterait mieux au doigté, à l'écoute voire à la réflexion. J'en conviens.
Elles se sentent donc de taille à affronter les Sieurs, vieux de la vieille. Hillary Clinton avait jadis absous son mari volage et montré élégamment au mond entier qu'elle avait un tempérament. Lequel, on n'en savait rien jusqu'à ce qu'elle se déclarât Candidate. Un tempérament de Grande Dame, donc; capable de se concentrer sur les services à rendre à la nation alors qu'elle avait toutes les raisons du monde d'être de loisir et d'envisager une belle algarade à Bill. En Amérique, la valeur d'une personne, dans cette configuration déstabilisante, ne se mesure pas à sa capacité de brailler mais à celle de savoir effleurer sagacement l'épaule de son Jules. L'image d'Eliot Spitzer et de sa femme les yeux pleins de tendresse rivés sur lui et "avec de longues lèvres épaisses aux coins tombants comme celles d'un turbot dégouté" (aurait pu dire Salman Rushdie) continuent d'émouvoir. Un naturel qui ne revient jamais... du moins en public.
Barack Obama, qui a la taille bien prise à cet âge, s'est finalement imposé. Nous le félicitons chaleureusement. J'avoue que je préfère le "first time" d'un Noir que d'une Femme.
On a déjà pu jauger certaines d'entre elles; jadis, en France, la démographe Cresson qui reculait à mesure que Mitterrand la poussait; au Pakistan, la cavalière Bhutto qui n'est plus de ce monde; au Royaume-Uni, celle dont on disait qu'elle avait "les yeux de Staline et la voix de Marilyn Monroe" Thatcher qui a glissé sur la pente de la révolution de palais ou en Turquie, la Soeur Ciller qui a disparu de la circulation. Seules les têtes couronnées tiennent bon; il faut dire qu'elles sont bien payées pour ça... On peut également citer Halonen, Bachelet, Robinson, etc. Donc, il n'y a plus de mystères.
Un Noir, c'est autre chose; parce-que c'est un Noir et en plus un minoritaire; et surtout parce-que c'est un grand pays occidental dont il s'agit. Pas un descendant d'esclave certes mais tout comme; ça reste soufflant. Toujours en avance ces Etats-Uniens et pour leurs conneries et pour leurs audaces; nous, on s'ennuie. Toujours en train de courir derrière nos théories, pas pour les suivre, oh que non, mais pour leur lancer à la figure qu'elles sont mal fichues. Imaginez l'ambiance...Deux mondes: rien n'est impossible, tout n'est pas possible.