jeudi 31 décembre 2009

"Sur les cimes du désespoir"

L'on termine donc l'année 2009 comme d'habitude; peurs, pleurs, cris, violences. L'espoir s'est donc affalé sur 2010. Comme il fera de même tous les 31 décembres, en réalité; un monde "meilleur", nous souhaitons tous. Pas un monde où le Bonheur, la Justice, la Vertu, l'Abondance se détacheraient du monde des Idées pour devenir les plus beaux fleurons de la terrestréité. Ca n'existe pas. Le vice guide toujours les hommes, un seul diablotin suffit à troubler l'eau. Pessimisme. Ou réalisme, son synonyme.


Evidemment la liste est longue : chacun se cherche une cause à défendre : la majorité cagnarde, les musulmans ont leur dada, la cause palestinienne; les plus romantiques ne jurent que par le Dalaï-lama; les plus têtus écrasent une larme pour l'Afrique; les plus oisifs se soucient des droits des transsexuels; seul le Pape semble se désoler d'une manière indiscriminée.


L'Iran est la toute première cause de l'année 2010. La plus "fraîche". Celle que l'on a héritée de 2009. Les Iraniens s'agitent en ce moment; depuis juin, plutôt. Au nom de la Liberté et de la Justice. J'ai une attention particulière pour ce peuple si fascinant, un des plus instruits et cultivés de la planète; un simple pâtre adossé contre un arbre serait capable de réciter par coeur Ferdowsi ou Hafez, nous dit-on.


Ils viennent d'inhumer leur conscience vivante: Montazeri; le grand Montazeri. L'éminentissime. Une "source d'imitation", un marja-e taqlid. Le Déchu, aussi. En 1989, on avait choisi (Rafsandjani avait réussi à imposer, plus précisément) un "petit", Ali Khamenei, élevé en une nuit à la "dignité" d'ayatollah (âyatollâh = signe d'Allah). Un religieux qui n'avait d'autre mérite que de porter un turban noir (les "sayyid", descendants de Hussein, petit-fils du Prophète, ont ce privilège, les autres portant un turban blanc). Ali Montazeri révélait trop de choses; Khomeini n'appréciait pas. Il fut renvoyé à ses chères études...


Même Shîrîn Ebâdi a pleuré pour le Grand Ayatollah Montazeri; elle lui a attribué le titre de "père des droits de l'Homme en Iran" ("peder huqûq beşer Irân": پدر "حقوق بشر" ایران ) et s'est adressée à lui : "Je te demande pardon, père ! Je ne t'ai pas soutenu contre le Shah (...); je te demande pardon, père ! Je ne suis pas venue à ta visite lorsque tu as recouvré la liberté ! (...); je te demande pardon, père ! Je n'ai pas prêté l'oreille à tes dénonciations en 1987-1988 (...). Je te dis père car c'est de toi que j'ai appris à défendre les prisonniers politiques. Tu étais à ce point engagé que tu as repoussé les plus hautes fonctions de la République. Je te dis père car c'est de toi que j'ai appris comment défendre l'opprimé sans recourir à la violence (...), tu as des millions d'enfants et de disciples...". Un vibrant hommage, ça s'appelle. Une grande voix, assurément. Un grand théologien.


De son côté, la Chine s'est encore une fois manifestée en mal. L'on sait que la Chine déteste les ingérences. Comme tous les pays, d'ailleurs. Mais elle a une particularité dans ce domaine : c'est que, sincèrement, elle ne comprend pas ce qui peut bien pousser des étrangers à s'ingérer dans son intimité. Au nom de quoi ? Alors, l'on tente de lui expliquer la théorie classique : la souveraineté des Etats n'a rien d'absolue, elle doit se conjuguer avec l'attention légitime que pourrait porter les autres en matière de respect des droits de l'Homme. Mitterrand l'avait mieux dit, comme d'habitude : "l'obligation de non-ingérence s'arrête à l'endroit précis où naît le risque de non-assistance". Joli.


La Chine gronde en général dans ces moments. L'on se souvient de la tournée du dalaï-lama; en France, le président Sarkozy croyait pouvoir faire ce qu'il voulait chez lui. Pas de bol, la Chine avait haussé le ton. Et dégaîné la liste des contrats aussi. Alors, plus de rendez-vous. Ou des entretiens en catimini. Idem pour les "émeutes" de Lhassa, l'insurrection ouïgoure au Xinjiang. (Même le Turc Recep Tayyip Erdogan avait fait profil bas; pourtant, on trouve la ville de Kashgar dans la région; celle de Mahmud, le célèbre Kasgarli Mahmud, rédacteur d'un dictionnaire turc, le Divanü Lugati't Türk au XIè siècle). Derniers épisodes : les dissidents ouïgours sont pendus, le dissident Liu Xiaobo parlait beaucoup, on lui a promis onze ans de prison; un Anglais s'amusait à vendre de la drogue, malade mental qu'il était, on l'a exécuté. Brown n'était pas content, évidemment. Les Chinois s'en fichent : "souveraineté de la justice chinoise"... Une nouvelle grande puissance arrogante est née. La roguerie des Grands, un fléau.


De leurs côtés, les terroristes font toujours frémir; ceux qui se réclament de l'islam. Mais ceux que les musulmans rejettent. D'autres veulent absolument les qualifier de "musulmans"; une occasion rêvée pour taper sur du musulman, évidemment. "Pourquoi on se ment, hein ! C'est un dogme de l'islam que de tuer, reconnaissons-le, c'est un complot mondial !"... D'accord, je l'avoue : le milliard musulman se réunit tous les cinq ans quelque part dans le monde; en catimini; on prend nos décisions là-bas, on planifie des choses et on passe à l'acte le moment venu. Je l'avoue. Et à La Mecque aussi, tous les ans, en tournant autour de la Kaaba, vous ne pouvez pas savoir tout ce que l'on se murmure. Je l'avoue. Nous sommes mauvais, nous sommes dangereux, nous aimons le sang, nous adorons les cadavres, nous nous contentons des explosions ici ou là. Je l'avoue. Ca nous fait une belle jambe, comme on l'aura remarqué.


On a peur. On entre en 2010. On en sortira dans le même état. C'est ainsi. L'important est de rêner nos révoltes internes. Il y a bien quelque chose, quelque part pour entendre les hurlements des opprimés. Si l'on pouvait troquer nos rêves avec ceux des Gazaouis, des Tamouls, des Darfouris, l'on aurait compris un certain nombre de choses... Anna Tibaijuka, sous-secrétaire générale de l'ONU avait vu juste : "en Afrique, est pauvre celui qui est menacé de mort; en Europe, celui qui a du mal à payer son emprunt immobilier"... Un abîme. Pour comprendre la vie, il n'y a rien de mieux que de visiter les cimetières. Chaque année, on ne fait que déshabiller l'Espoir pour le monder et le rhabiller de ses haillons. Et on se souhaite bonne année. Bonne année, donc. Qu'elle soit joyeuse. Que l'on rie beaucoup. Que l'on s'éclate. "Tchin tchin, mon ami !"...

dimanche 27 décembre 2009

Dâr ur-riyâ'

C'est une coutume; on ne parle jamais de sexe dans les familles normalement constituées. En Orient et en Occident. C'est comme ça. Mais les parents guettent toujours; ils sont vigilants. Mais nuance. En Occident, la mère veut que tout se passe bien lors de la "première fois"; en Orient, elle se projette plus dans l'avenir, elle veut que tout se passe bien lors de l' "unique première fois". Affaire d'épanouissement dans un cas, souci du devoir dans l'autre.


En Australie, un daron, apparemment bileux, a beaucoup réfléchi sur l'avenir de son fils; trop, peut-être. C'est qu'il avait une peur obsessionnelle, que son rejeton bien-aimé sombre dans l'homosexualité. Il a donc emmené son garçon de 14 ans dans un lupanar et l'a forcé à avoir une relation sexuelle. Principe de précaution... "Attends je vais t'aider, comme ça, voiiiiilà". Résultat : juges et psychiatres ont été alertés...


En France, nous fûmes confus, aussi. M. Mitterrand. Frédéric de son prénom. Le "neveu de l'Oncle". Celui qui avait avoué avoir fréquenté des prostitués en Thaïlande. Evidemment, l'attaque émanant du Front national, ça ne pouvait qu'être fétide. Puisque comme on le sait, invectiver le Front national et les Le Pen est un sport favori en France. L'on connaît l'intimité de notre Ministre, désormais. Etre homosexuel n'est pas interdit, évidemment. Heureusement. Pédophile, si. Ca tombe bien, M. le Ministre est homosexuel. Et c'est tout. Les mots "enfants", "gosses" et autres termes employés grossièrement ne devaient pas être pris au sens littéral, nous avait-on dit. Ce sont des adultes; consentants dans le cadre de leur métier. Il avait défendu son honneur, Monsieur le Ministre. On l'avait écouté. On n'avait pas pleuré. On n'avait pas ri non plus. On le regardait. C'est un ministre. Polanski aussi a des soucis. On l'accable pour un viol commis il y a un siècle; mais la justice ne devrait pas s'acharner; un scandale, ça s'appellerait. Bon. Le monde tourne à l'envers; on avait croisé un homosexuel nazi, aussi. Le défunt Haider... "Outé" post mortem.


Notre père australien fait jaser, évidemment. Un journal turc a donc demandé à des célébrités de réagir à son attitude. "Moi je donnerais volontiers un coup de pouce à mon fils, a lâché le commentateur sportif Erman Toroğlu, je lui trouverais des gonzesses; mais de toute façon, être gay maintenant, c'est la mode, rien à faire !"; "moi je pense que c'est l'affaire des grands frères du quartier car les jeunes de notre pays se déniaisent toujours dans les bras d'une pute", nous a appris le comédien Behzat Uygur; le psychiatre Nevzat Tarhan n'y va pas par quatre chemins, lui : "la pression sur les fils conduit à l'homosexualité". Voilà donc pour les fistons. Ils doivent goûter le plus vite possible à défaut de quoi ils peuvent basculer. En somme, les forcer à être hétérosexuels... sans les cabrer. Hypocrisie.


Quant aux demoiselles, dans toutes les contrées musulmanes, elles doivent arriver vierges pour la Nuit. Les gonzes, eux, n'ont rien à prouver. On les aime comme ils sont. "Et puis c'est un mâle, c'est pas pareil, pfff!". Véridique. Hypocrisie. Cacher aux hommes ce que les anges regardent avec des loupes est une de nos plus tendres pathologies.


Les sociétés conservatrices, comme on le sait, sont celles qui remuglent le plus. On étouffe tellement de choses. Des salissures universelles, en fait. Tout est interdit, il faut donc descendre dans les sous-sols pour vivre certaines expériences. Prostitution, pédophilie, inceste, viol existent bel et bien dans les pays arabo-musulmans. Sauf que l'on feint de les ignorer. Résultat : les cris butent sur les murs et c'est tout. Double peine : violence et injustice.


Nos cheikhs saoudiens et égyptiens en sont, quant à eux, aux formalismes; le devoir de la femme, c'est d'élever ses enfants et de leur inculquer les valeurs religieuses, nous sermonnent-ils. La mère, inculquer les valeurs religieuses, lesquelles valeurs sont définies par des hommes, évidemment. Hypocrisie. L'un se tue à prouver qu'il est interdit à la femme de conduire, l'autre nous balance des données scientifiques pour prouver que l'excision est une bonne chose (makrouma), un autre nous assure que le Prophète avait bien dit que les femmes n'avaient qu'une demi-cervelle, etc.


Résultat : la phallocratie et la mesquinerie. J'ai lu un paquet de fatwas, dernièrement; j'en sors convaincu : le Prophète nous crachera sur la figure pour avoir tant dénaturé la religion. Tendre qu'il est, il n'osera peut-être pas. Il se détournera, en tout cas. Ca suffit déjà pour être malheureux Là-Haut...

lundi 21 décembre 2009

Empathie

C'est qu'il parle beaucoup. Il balance souvent, aussi. Il énerve. Sa Sainteté le patriarche Bartholoméos, le chef des orthodoxes. Le primus, en tout cas. C'est que mes ancêtres étaient orthodoxes, je me sens un brin concerné... Un des plus célèbres rouspéteurs de Turquie. Devant un journaliste américain venu lui arracher complaintes et désolations, il a repris le chapelet : "on souffre dans ce pays, on est considérés comme des citoyens de seconde zone, on se sent crucifiés !", "bah, faites votre hijra vers la Grèce", "jamais, c'est la terre de mes ancêtres, ma terre, je suis né ici, j'ai oeuvré ici, pas question d'aller ailleurs, nous vivons notre Passion ici". Helal...



Evidemment, lorsque Sa Sainteté se déplace à l'étranger ou ouvre la bouche en Turquie même, la classe politique s'agite; c'est qu'il dérange. "Qu'est-ce qu'il veut encore ?". Rien de grave : l'ouverture de son séminaire à Heybeliada (Halki). C'est qu'en bon berger, il craint pour son troupeau. Les Orthodoxes ne seraient plus que trois mille; et les jeunes ne se bousculeraient pas pour entrer dans les ordres. Ca tombe bien, l'unique séminaire chargé de les former est fermé depuis les années 70. C'est comme ça. Une question juridique, nous jure tout le monde.


En plein Noël, en plus, la polémique. Tiens, bonne nouvelle, en parlant de Noël : comme on le sait, les Turcs aiment bien rappeler leur place singulière dans l'histoire; Mustafa Kemal avait inauguré cette pathologie, jadis. Tiens, on apprend que le sapin de Noël est une invention turque. C'est la "dernière reine sumérienne", la nonagénaire Muazzez Ilmiye Çığ qui l'a déclaré. Notre arrière-grand-mère nationale. La grande spécialiste de la civilisation sumérienne; civilisation turque, pour elle... L'Europe est donc en Turquie : sapin de Noël, Saint Nicholas, Paul de Tarse, l'apôtre André, Troie, l'Asie mineure,... "Mais attention, la Turquie n'est pas en Europe, hein !" D'accord. T'inquiètes...


Le patriarche apprécie le gouvernement AKP, pourtant; celui-ci ose promettre des choses. Promettre. Ca enchante les oreilles, au moins. Mais sincérité, il y a, reconnaissons-le. Car les conservateurs musulmans sont, naturellement, beaucoup plus pénétrés du sentiment d'ouverture que les autres formations. Cest un fait. Un héritage ottoman, une vision beaucoup plus rassembleuse; le Premier ministre est tellement mû par cette doctrine que personne n'a pu encore l'entendre dire "je suis Turc"; en bon ottoman, il refuse les catégorisations ethniques. "Citoyen de Turquie". Les autres partis sont plus "républicains" à cet égard; d'ailleurs, après la protestation officielle du gouvernement, c'est le sinistre Onur Öymen qui a déploré les propos de Bartholoméos; un social-démocrate comme on le sait. Et les nationalistes ont exprimé leur indignation d'usage.


Protestation officielle du gouvernement, donc. Et c'est le ministre des affaires étrangères qui a répondu, allez comprendre pourquoi. L'inconscient; l'on n'arrive pas à considérer les Orthodoxes comme des citoyens turcs; c'est donc le chef de la diplomatie qui s'enflamme le premier... Un homme sensé, pourtant. Il a pris le mot au sens littéral et a lâché dans un air désormais impérial : "notre histoire n'a jamais connu la crucifixion". Et c'est reparti pour vanter l'esprit d'ouverture de nos ancêtres à l'endroit notamment des Juifs persécutés. En Europe... C'est une fierté; les Nicolas Sarkozy, Esther Benbassa, Alexandre Adler et autres ont laissé des souvenirs sur le sol turc...


Evidemment, s'agissant du chef d'état-major, personne n'a l'habitude de protester en catastrophe; ou de protester, tout court. Il y a quelques jours, sur la proue du vaisseau amiral, il menaçait la justice, les médias, les intellectuels. Le ministre de la défense, personne ne l'a entendu; d'ordinaire, personne ne l'entend non plus, c'est qu' il n'a aucune compétence. Un simple rang protocolaire. Le "Guide" (ou der Führer, disent certains) était en tenue de guerre, nous dit-on, un symbole; dans un navire, un autre indice; c'est que l'on avait appris qu'un énième plan de coup d'Etat avait été préparé par la marine, cette fois-ci, il vient donc défier gouvernement, justice et bon sens. Toujours avec son air comminatoire et patibulaire. "Oui oui, mon Général, c'est ça, c'est fini vos grondements, faîtes donc confiance à la justice turque, impartiale et indépendante lorsqu'il s'agit de s'en prendre à l'AKP et au DTP"...


Ingratitude, aussi. Sa Sainteté est un des plus fervents "VRP" de la Turquie dans le monde. Il commence toujours par se plaindre; on le comprend. Mais il finit toujours par demander l'adhésion de la Turquie, de son pays, à l'Union européenne. On le comprend, aussi; il veut voir sa situation s'améliorer. Et l'oecuménisme, un autre débat absurde; une question théologique à laquelle l'Etat turc pointe le bout de son nez alors qu'il n'a aucun titre de compétence.


Certains apprennent donc que les Orthodoxes ont quelques soucis; d'ailleurs, chose bizarre, le porte-parole du gouvernement vient de demander au patriarche de s'adresser prioritairement aux instances de son pays lorsqu'il a des réclamations à faire. L'on rêve ! Comme si le gouvernement ignorait les raisons de son râlage ! C'est le devancier de l'actuel ministre des affaires étrangères (aujourd'hui, ministre de l'économie) qui était venu devant le Parlement européen pour expliquer, en somme, qu'aucune confession n'était épanouie en Turquie ! Un pays laïque, soit dit en passant...


C'est qu'il existe des gens qui prennent trop au sérieux, les textes. La Constitution dit que..., la loi a confirmé que..., la Convention me permet d'espérer que... Sa Sainteté fait partie de ces gens-là; il croit tout ce que dit la Constitution. C'est un Turc en plus, il devrait savoir comment ça se passe dans son pays.


Le Premier ministre faisait ses crises de démocrate irréprochable pour les minarets suisses; c'est lui qui co-dirige l'Alliance des civilisations; celui-là même qui, comme un disque rayé, ne cesse de citer Rûmi : "viens, qui que tu sois, viens...". "Ils sont là, coco, c'est bon, on a compris, passe à autre chose maintenant, allez"...

vendredi 18 décembre 2009

De-ci, de-là...

Etre soufi; abolir l'Espace, déchirer le Temps. Vivre en suspens. Le temps passe si vite; on est déjà en 1431. Jadis, quand mon père luttait, le temps coulait plus lentement; l'on vivait au ralenti, presque. C'est qu'il menait une lutte. Le temps ne bronchait pas, il s'adaptait. Traître. Mon père parti, il s'est accéléré. L'aventure continue.


C'est bien la grève; on attend. On compte les minutes. Le temps défile devant nous, l'occasion de le narguer; le RER A fait grève, a-t-on dit. Heureusement. C'est que je prends le RER B. Et je voyais défiler plus de RER A que de RER B, ce matin. Je n'ai toujours pas compris.


Le temps se fige parfois; quand deux yeux étrangers s'enlacent; ils se frôlent d'abord, puis s'épient, enfin se fixent. "Instant indétectable pour la foule, éternité pour l'amant" disait Amin Maalouf. Il a toujours raison celui-là, ça énerve à force...


S'il y a bien une pensée qui me fait frémir, c'est celle de "tuer" le temps. Ne rien faire. Tiens, un conseil pour l'éphèbe : travailler, travailler, travailler. "Lève-toi, on a l'éternité pour dormir" disait Khayyam.


L'islam nous prévient : le Jour du Jugement, Dieu va fouiner. La convocation. Le grand Oral. Et tout penaud, l'on dévoilera les heures passées à ne rien faire, à ne pas réfléchir sur la Nature. Les voyages en train sont formidables en réalité pour tout psychologue ou sociologue; les uns qui lisent, d'autres qui papotent quasiment avec tout le train, d'autres encore qui parlent au téléphone; le petit capuchonné en train de rouler une cigarette. Tout le train attend avec impatience s'il va l'allumer; les yeux rivés sur lui. Mais personne n'ose rouspéter à voix haute; c'est comme ça. Il parle verlan, il porte capuche, il est incorrect. Il fait peur. Même Nadine tremble.


Moi je lisais Mahmoud Darwich; pour la première fois, je l'avoue. Honte. Il le dit : "Ce siège durera jusqu'à ce que l'assiégeant, comme l'assiégé, réalise que l'ennui est l'un des attributs de l'Homme". Encore le Temps. Paradoxalement, dans ce cas, il reste discret, le Temps. D'ailleurs, on ne l'attend plus, qu'il aille au diable ! Oh hisse !


Ah oui, mes deux yeux, j'en étais resté. Ca ne s'oublie pas; l'amour ? Le Temps obviera. Encore lui. L'on vante souvent l'aspect thérapeutique du temps; il effacerait, apaiserait, récompenserait. Le "sabr" dit-on, "l'endurance", la "patience". Une éponge, soi-disant. Mais qui a dit que je voulais oublier, pfff ! Barbouiller le Temps de ses larmes...


Il y a les nostalgiques, aussi; les otages du Temps. Ou ses hôtes, pourquoi pas. Dans l'islam, beaucoup de barbus veulent absolument disparaître dans l'antique; "émigrer" vers l'époque du Prophète. Pourquoi pas. J'ai tellement envie de le voir; de le consulter; de me confier. Qu'il tranche donc tous nos débats. Qu'il nous aide à pleurer. Qu'il nous dise qu'il nous aime toujours. Qu'il nous console. Temps révolu... Personne n'ouvre.


La mort, in fine. Notre famille a une connexion très forte avec la Finitude. Une sorte de "rigolade". L'on ne pleure même plus; l'on guête le suivant. La Mort donc, la fin du Temps. L'apaisement. Eternité. Première question à poser à Dieu : le Coran est-il créé ou incréé ? C'est que le cours de droit musulman m'obnubile; les mutazilites ont dit que... les asharites ont pondu que... Juste pour savoir si c'était une "prise de tête". Je prends note.


Les soufis ont vraiment de la chance, eux. Ils sont ailleurs, par définition. Entre ciel et terre. Ils montent l'escalier et se dépouillent au fur et à mesure. Ils ont assommé le Temps. Ils ont aboli les frontières. Un peu de "zawq" Yâ Rabbi !


"Tu délires ?". L'on ne comprend certaines choses qu'avec le temps; à mettre dans cette catégorie. Je déteste l'écoulement du temps. Un tas de chose à faire. "nan, c'est rien, c'est la fatigue"...

Dudaktan Kalbe - Gurur (Full versiyon)

Dudaktan Kalbe - Toygar Işıklı - Siyah Yıldızlar

dimanche 13 décembre 2009

"Par ces motifs, décide : on préfère le PKK"...

Ca y est. Enfin ! Oh ! La Cour constitutionnelle turque a interdit le parti kurde, le DTP : "parti de la société démocratique"; le parti ayant une rose pour emblème. Mais "vitrine politique" du PKK, organisation séparatiste. Terroriste. 7 soldats d'ailleurs sont encore tombés dernièrement. Le "on ne sait plus combientième parti kurde dissous" attendait son procès depuis deux ans; procès lancé par le Procureur général près la Cour de cassation, celui qui s'en était pris à l'AKP il y a quelques mois.


Şükür donc, on l'a également interdit. Un avenir meilleur nous attend, pas de doute. C'est que le DTP gesticulait beaucoup; il demandait trop de choses, trop vite, trop fort. Ca gênait. Un Kurde osait demander des comptes ! L'on rêvait. "Ouvrez les charniers, identifiez leurs meurtriers, laissez-nous enseigner le kurde, investissez dans nos contrées, reconnaissez nos droits culturels". Dérangeant pour un Etat-Nation assimilationniste. Atatürk les avait bien eus à l'époque; "arnaqués". Evidemment, dans les "pays outrancièrement républicains" (suivez mon regard), l'on préfère toujours écraser, étouffer, ignorer. L'on temporise toujours en réalité; ça éclate un jour ou l'autre. Et l'on se retrouve, un jour, face à des Kurdes pétris d'acide par-ci, des musulmans gonflés de bile par-là. C'est comme ça.



Le DTP a porté atteinte à l'indivisibilité du peuple et de l'Etat en recourant à la violence, nous ont appris les juges constitutionnels; concrètement, en frayant avec le PKK. Ce n'est pas un scoop, évidemment. On savait; on sentait; on devinait. Mais on fermait les quinquets, histoire de ne pas saper le mouvement de démocratisation. D'ailleurs, à quoi bon ouvrir les yeux ? L'on regardait, l'on ne voyait rien.



Evidemment, demander un changement institutionnel ne devrait pas être condamnable. Une fédération, une confédération, pourquoi pas une indépendance. "Des patates ! Quoi encore ! Jamais !", "Ca s'appelle l'exigence démocratique, mon petit". Même divaguer est permis dans les démocraties, on l'oublie souvent. Rêver au coeur de l'assemblée nationale est toujours mieux que rêver le fusil à la main. En Italie, comme on le sait, la Ligue du Nord participe au gouvernement tout en rêvant d'une désagrégation de l'Italie. En Belgique, on en vient même à faire des blagues sur l'éclatement et personne n'a encore été pendu. Chez Sa Majesté, on ne sait même plus s'il faut toujours parler d'un "Royaume-Uni"; tiens, le petit père Al Fayed, l'ennemi juré de la famille royale, n'a pas hésité à appeler les Ecossais à voter en masse pour leur indépendance. C'est qu'il veut être leur Président... Bref, ces choses-là se discutent, ici ou là. Quoi d'incendiaire ?



Les petits Kurdes préparent déjà leurs valises, disent certains; direction : les montagnes. Adieu donc l'ouverture démocratique. En éliminant le DTP, on n'a plus qu'un seul interlocuteur : le PKK. D'ailleurs, "Apo" a immédiatement envoyé une couronne au parti: "ça va, arrête de pleurer Ahmet, ce n'est pas la fin du monde...". Il s'esclaffe. Bravo.



La Cour constitutionnelle qui sait pourtant violer si bien la Constitution a voulu faire dans l'art cette fois-ci; "nan, j'ai décidé d'être positiviste, nanik". Elle aurait pu encore une fois lire "autrement" la Loi fondamentale. Prendre en compte le contexte; atténuer la sanction : un simple avertissement, avait demandé l'ancien juge turc à la Cour européenne des droits de l'Homme, Rıza Türmen. "Vous êtes jamais content ! On fait dans l'idéologie, on est incompétents ! On fait dans la dentelle, on est incompétents ! Flûte à la fin !". D'ailleurs, le président de la Cour, Haşim Kılıç, était remonté; il demandait presque à la Turquie entière de bien excuser la Cour pour avoir décidé cette dissolution : "on en marre des politiciens qui veulent que la Cour règle des problèmes politiques ! C'est la dernière fois ! Après démerdez-vous !". "Calme, calme, Haşim" a répondu le juriste national néanmoins de carure internationale, Sabih Kanadoğlu, le croque-mort patenté des partis : "coupe court, Monsieur le Président; lis ta décision et ferme le clapet ! Le tribunal rend des décisions, il ne distribue pas de conseils !".



Une bizarrerie saute aux yeux : le président du DTP, la colombe Ahmet Türk est interdit de vie politique pendant cinq ans. Le faucon Emine Ayna, celle qui demandait au gouvernement de marchander directement avec le terroriste en chef Abdullah Öcalan, s'en sort. C'est comme ça. La Cour a décidé ainsi; souverainement. Jadis, lorsque la Cour avait interdit le parti soi-disant islamiste Fazilet Partisi ("parti de la vertu"), celle qui avait été déchue de son mandat et interdite d'activités politiques pendant cinq ans, ce fut Nazlı Ilıcak. La Cour constitutionnelle avait décidé à l'époque que cette femme qui ne porte pas le voile et qui se targue de boire de l'alcool menaçait l'ordre laïque turc... Son tort avait été d'introduire la députée voilée Merve Kavakçi dans l'hémicycle...



D'ailleurs, cette aberration n'avait pas échappé à la Cour européenne : "les mesures litigieuses ont porté atteinte à la substance même du droit de la requérante d'être élue et d'exercer son mandat, et aussi au pouvoir souverain de l'électorat qui l'a élue députée" (Ilicak c. Turquie, 5 avril 2007, § 36).


Les députés qui ont "sauvé leurs peaux" ont décidé, en guise de protestation, de rendre leurs démissions; mais comme l'absurdité est un principe qui se love dans chaque rouage de l'organisation institutionnelle de la Turquie, leurs démissions doivent être confirmées en séance plénière à l'assemblée nationale. Or, les députés des autres partis ne veulent pas entendre parler d'élections anticipées dans les circonscriptions kurdes. Entre-temps, les députés kurdes ont décidé de se retirer sur l'Aventin.


C'est comme ça : "Bize ümit haram. Bize hayal haram. Bize barış haram". Les passions sont désormais aux premières loges; on a interdit le DTP. Bien. Les Kurdes sont toujours là, eux. Ils attendent toujours; comme des fleurs. Les pancartes en main. Les voix éraillées, les gorges nouées. L'Etat ferme les partis kurdes; eux sont toujours là, à la même place, avec les mêmes doléances, les mêmes attentes. Mais l'Etat ferme les partis; son zèle est proverbial. "Mais arrête de dire ça, le DTP-PKK ne représente pas les Kurdes !", "seulement 2 millions de voix sur 15 millions, c'est vrai"... Deux millions... Le droit au bonheur. L'apaisement. La sérénité. La normalité. Toujours des pièges. Encore des déconvenues. L'Etat en est toujours à l'interdiction des partis, de son côté; les Kurdes sont toujours là pourtant. Coups de pieds aux derches des colombes kurdes, tapotements sur l'épaule d'Apo. Bravo. La Paix est au coin de la rue...

vendredi 11 décembre 2009

Caritas in veritate

C'est que l'homme est ainsi fait. Il désire. Il veut. Il aime ça. Ca naît, ça dure et ça s'évanouit. Mais ça naît toujours, le désir sexuel. Un poison installé en nous. Un sentiment naturel, donc. Mais certains ont estimé que cette nature devait être "dressée". Allons donc.


Les prêtres catholiques, comme on le sait, ne peuvent pas se marier. Ils sont tenus au célibat; histoire de penser à autre chose. Un peu mieux que les "réguliers" qui, eux, sont tenus à la chasteté. Nuance. Le Père Alain de la Morandais y tient, c'est que l'auto-érotisme est permis pour les premiers...


La théorie voudrait qu'ils fassent don de leurs personnes pour Dieu et les hommes. Et ils travaillent beaucoup; de grands savants, aucun doute. Comment ne pas admirer un homme qui parle plusieurs langues, qui discute aisément aussi bien des Evangiles que du Coran, qui garde à toute épreuve une face apaisée, déterminée, confiante ! Et les soeurs ! Une vie de sacrifice, d'amour, de résignation à faire pleurer de rage un laïciste régulier.


Mais comme interdire une chose revient toujours in fine à lui rendre honneur, il fallait s'attendre à des déraillements. "Le moins de péché possible, c'est la loi de l'homme. Pas de péché du tout est le rêve de l'ange. Tout ce qui est terrestre est soumis au péché. Le péché est une gravitation" (Victor Hugo, Les Misérables). Si bien que l'Eglise catholique est quasiment devenue le point de rencontre des pères de la débauche. Pis, de l'ignominie. L'on s'en prend à des enfants. Et toujours la même bêtise : la hiérarchie celait. Des hommes de religion; de Vérité; de Dieu...


Le Vatican est obligé d'intervenir, c'est dire. Le clergé des Etats-Unis n'en finit toujours pas de solder sa "dette" envers les victimes. Maintenant, c'est celui de l'Irlande. Encore une fois le même discours : "profondément choqués par l'ampleur et la perversion des abus, et couverts de honte face à l'ampleur des dissimulations", "Nous reconnaissons que cela est le signe d'une culture qui était répandue au sein de l'Eglise". Eh ben...


La religion est pernicieuse, assurément. Il faut faire quelque chose. Surtout quand elle en vient à produire des pervers. "Ouais, d'abord, tiens je le dis, l'Eglise est un formidable bordel !", "chut mon petit ! Ne dis pas ça, c'est contraire à l'héritage chrétien de la France, le Président l'a dit lui-même, les musulmans doivent se taire"... Le Président de la République ne vient-il pas de lancer un ultimatum à ses "compatriotes musulmans" : "mais faîtes ça dans l'art vous aussi ! Ne heurtez pas les vieilles dames avec vos minarets et vos barbes et voiles ! Respectez l'héritage chrétien ! les valeurs de la République !". Laïcité et héritage, deux termes opposés dans la même phrase...


Soyons donc interventionniste c'est-à-dire républicain, un instant. Après tout, comme personne ne se gêne pour pointer le bout de son nez dans les pratiques musulmanes... Libérons les ecclésiastiques ! Vive Charles Chabert ! Il faudrait abolir l'obligation du célibat. Au nom de la dignité humaine. Ou interdire l'Eglise, d'ailleurs; tout le monde se gargarisait de la condamnation de l'Eglise de scientologie. Ils ne pensent qu'à "ça", on l'a compris désormais. Ils souffrent. Un mandat d'arrêt international contre Sa Sainteté serait le bienvenu aussi; non-assistance à personne en danger. Benoît XVI faisait le malin en attirant les anglicans mariés, qu'il s'occupe d'abord de ses calotins dépravés...


Au point où nous sommes arrivés, un référendum sur la question ne sera pas de trop, nous pensons. "Dignité humaine, coco; c'est capital", "désolé, héritage chrétien, on ne peut rien faire, c'est comme ça, jeannot"...

mercredi 2 décembre 2009

"Commediante ! Tragediante !"

La bêtise l'a emporté. Les Suisses ont interdit la construction des nouveaux minarets. Les minarets, des baïonnettes, comme on le sait. Ils avaient peur. La paranoïa, encore une fois. Comme on le sait, les mosquées inondent la Suisse; il fallait donc s'inquiéter, la routine. Quoique. Tous les politiques sérieux, les représentants religieux, les hommes sensés avaient demandé aux électeurs de ne pas humilier la Suisse.

Evidemment, soumettre à référendum des questions relatives aux libertés fondamentales est, en soi, incompréhensible mais bon; la Suisse, voyons, celle qui proposait jadis d'instituer une Cour mondiale des droits de l'Homme. Naguère. On le sait, les pathologies ne se soignent en Europe qu'en fessant les musulmans, des proies faciles; ça tombe bien, les musulmans s'énervent un temps et oublient vite. C'est connu, un musulman doit toujours être conciliant; "j'en ai marre, je proteste, je hurle et...", "chut ! dis pas ça, excuse-toi, tu provoques, tu fais peur, sıs". Qu'ils touchent donc aux églises et aux synagogues, le Conseil de sécurité se serait déjà réuni en urgence, "arrête d'exagérer, t'es antisémite hein, avoue-le !"...

Mais la tradition veut tout de même que l'on marmonne des choses lorsque l'on viole les droits de l'Homme; "un scandale" a lâché notre Kouchner national; "intolérance" a même déclaré le Vatican; "anachronique" a déclaré le ministre turc de la culture, "d'ailleurs venez chez nous, on va vous apprendre la tolérance". Les théologiens de l'UMP en étaient, entre-temps, à convaincre les Français de l'inanité des minarets dans le dogme islamique... De son côté, le Président de la Cour européenne des droits de l'Homme, Jean-Paul Costa, celui qui, lors de la Commission Stasi donnait des astuces aux sages pour interdire le voile, n'a pas pu se retenir : "alors, quid de ce référendum sur le plan des droits de l'Homme ?", "oulala, c'est très compliqué tu sais, hein, intérêt à agir, épuisement des voies de recours internes, etc., allez, allez...". Complexe. Evidemment. Simple pourtant, limpide : violation de l'article 9.

"Arrête de dire ça, les minarets ne sont pas une exigence de la Loi islamique, pfff, avoue que vous faites exprès de les ériger pour nous provoquer !","mais on s'en fout de vous, on ne vous a même pas calculés, arrêtez de délirer !", "j'ai peur moi, regarde je tremble","bah consulte"... Une vieille dame qui venait de voter oui à l'interdiction avait déjà préparé dans sa petite tête, le discours qu'elle allait tenir aux journalistes si on l'interrogeait à la sortie : "bah quoi, et chez eux, les églises sont interdites et toc, je suis intelligente hein ?", "oui oui mémé". Il faudrait donc s'abaisser au niveau de ces pays. La réciprocité, en somme, dans la violation des droits de l'Homme ! D'ailleurs, les extrémistes de tout bord ont commencé à vomir; c'est connu, la banalisation brise les laisses; elle éperonne l'intolérant qui demeure en nous et qui est prêt à se déchaîner à la première occasion.

Evidemment le Premier ministre turc se devait de donner son avis; un islamiste-terroriste-fasciste comme on le sait. D'ailleurs, l'on apprend que les autorités helvétiques avaient supplié la diplomatie turque de tout faire pour l'anesthésier; motif : sa colère est proverbiale. Il ne fallait surtout pas brusquer les électeurs. Maintenant que c'est fait, Erdogan peut tempêter : "il y a des demeurés qui disent que les minarets sont l'étendard des islamistes, regardez moi ça franchement, il faut être con pour réfléchir ainsi !".

En Turquie, on ne dépense pas des sommes faramineuses pour des référendums lèse-liberté; la justice joue déjà ce rôle : une Cour constitutionnelle remplie d'incompétents, un Conseil d'Etat qui estime que l'égalisation des conditions d'accès à l'université entre les élèves des lycées normaux et ceux des lycées religieux est précisément contraire à l'égalité (sic !), une Cour de cassation qui n'en finit pas d'élargir la notion de liberté d'expression lorsqu'il s'agit d'insulter les politiciens kurdes. L'esprit turc, être malin. Violer les libertés à l'oeil.

Jadis, notre Prophète l'avait dit : "quiconque nuit à un chrétien ou à un juif sera mon ennemi le jour du Jugement et le paiera". Les Suisses, dit-on, seraient gênés, ils ont honte. Nous autres musulmans, nous sommes fiers. Fiers d'être les suiveurs d'un homme qui a dit cela il y a 1400 ans. Notre nourriture est autre, elhamdulillah...