mercredi 23 novembre 2016

François III le très islamique...

Le futur François III parle tel un calife mais c'est l'ex-futur Alain Ier qui se trouve affublé du très embarrassant "Ali Juppé". Contre l'avortement, contre le mariage gay, contre la débauche, contre la GPA, se déclare le premier. Le second, un vieux de la vieille, se la joue paradoxalement plus "moderne". Voilà donc en perspective une résurrection des "valeurs familiales" qui ne devrait pas déplaire au hajj du coin. Et, sauf votre respect, au cheikh Qaradawi. "Provocation" ? Point du tout. Simple constat. Après tout, que sont les fameuses "valeurs bourgeoises" si ce n'est la quintessence même de l'islam...


C'est quoi d'abord un chrétien conservateur ? Celui qui vote pour un FN dont la présidente vit dans le "péché" avec son "compagnon" ? Ou pour un Jörg Haider et un Gerald Grosz qui vivaient dans "l'abomination" avec leurs "petits amis" ? Ou pour un Geert Wilders, favorable au "mariage pour tous" ? Ou encore un Nigel Farage qui se trouve être un "divorcé-remarié" ? Même le pape a fini par délivrer l'absolution pour l'avortement. En gros, il efface l'ardoise. "Je peux et je dois affirmer avec la même force qu'il n'existe aucun péché que ne puisse rejoindre et détruire la miséricorde de Dieu quand elle trouve un cœur contrit", dixit Sa Sainteté...

Ca, c'est pour le "programme religieux". Le reste relève de l'identitaire. L'histoire de France, "une épopée de 2000 ans"; la colonisation, "une volonté de partager notre culture"; le réfugié, un type qu'il "faut reconduire à la frontière"; le métèque, un chiffre qu'il faudra caser tous les ans dans une loi qui fixe un quota; le chômeur, un fainéant qui mérite la dégressivité au bout de six mois, etc. etc. Autrement dit, le contraire de la doctrine sociale de l'Eglise. François se tue pour les migrants, pour les défavorisés, les miséreux mais le futur François III, "l'ultra-catholique", lui fait un pied de nez...

Le christianisme ? La religion, donc, où chacun vit comme n'aurait jamais vécu leur prophète-Dieu. D'ailleurs, seulement 2% des catholiques vont à la messe. Autrement dit, on se trouve confronté à une religion du "faisons comme si". Qui, d'ailleurs, a véritablement compris la Trinité ? Personne. Mais "l'esprit village" n'en reste pas moins tenace. Et le futur François III vilipende le "totalitarisme islamique" (et non "islamiste") alors que ses prônes sont de nature à être lus du haut de la chaire d'une mosquée...

Les musulmans, jadis "cinquième colonne", deviendraient-ils le "contingent d'appoint" ? Que nenni. Car la bizarrerie de la sociologie politique veut que les musulmans conservateurs votent à gauche en France et à droite dans leurs pays d'origine. Socialiste ici, AKPiste là-bas, par exemple. Peu importe la cohérence, c'est l'intérêt matériel qui compte ici, l'affiliation idéologique là-bas. Et ces "mahométans" sont tous des intégristes et des goujats, n'est-ce pas ? Des barbus; des voilées; des resquilleurs; des fraudeurs; des malappris; une race inauthentique, quoi...

Donc les musulmans, out mais l'islam, in. Les premiers, synonymes d'insécurité et d'incivilité, le second, synonyme de quiétude. Et une religion contre l'avortement, contre le mariage gay, contre la débauche, contre la GPA. Fillon-compatible. France profonde-compatible. Ah oui, dans la tradition musulmane, l'islam est non seulement la dernière religion révélée mais également, sur un plan phénoménologique, "l'expérience existentielle du monothéisme". Autrement dit, en plébiscitant la "branche chrétienne" de la patrie, la "province" a voté pour la "racine islamique" de la France. Ca mérite amplement un "haha"...