jeudi 14 septembre 2017

La nièce de l'oncle...

"Milli olmak". "Devenir national". Un euphémisme. C'est ce que décrète le boutonneux lorsque, las des "cartes de géographie", si tu vois ce que je veux dire, il goûte pour la première fois de sa vie aux délices de la chair. S'il est marié, il ne s'en vantera pas. L'entourage n'aura pas besoin qu'on lui fasse un dessin pour comprendre que priape s'est ébouriffé toute la nuit, affamé qu'il était. S'il est forniqueur, il jubilera. Il aura savouré un don de Dieu dans les bras du diable...

"Bozmak". "Abîmer", "casser", "défaire", "vicier". Un autre euphémisme. C'est ce que décrète le mâle lorsqu'il a troussé sa mie. Qui n'est plus "fraîche". Et qui commence à allumer dans sa tête les flambeaux de l'hymen. Comme si son homme allait tenir sa promesse. C'est le drame des Turques : "se faire avoir" par la gent masculine. "Kandırılmak". Un énième euphémisme dans le pays des "non-dits"...  

Et alors qu'on vivait ainsi, paisiblement, en bons catholiques, avec nos cachotteries "bénignes" et nos peccadilles, voilà que, tout à coup, la nation a découvert le degré de pourriture qu'elle était capable de couver. Ah oui alors, une "cochonceté" sans pareil qui a fait dégorger des millions. Le présentateur vedette, Murat Başoğlu, s'est fait choper en train de, sauf votre respect, baisoter sa propre nièce !


Aïe, aïe, aïe... Et vas-y pour une polémique colossale sur nos moeurs. Une chroniqueuse s'est aventurée à prétendre que 40% des Keturs pratiquaient l'inceste, des juristes positivistes nous ont assuré qu'aucun code n'avait été enfreint, les commentateurs se sont écharpés sur les pourcentages de bassesse, etc. etc. Et nous autres, incarnation de la moralité la plus éthérée, avons été ébaubis. Tout le monde s'est mis à accabler l'oncle, ce pervers qui n'a pas su baisser son regard, comprimer son ardeur, ou, pourquoi pas, jeûner pour dompter ses désirs. Le salop...

Et on a fini par se calmer. Après tout, l'Occident était certes "dépravé" (tiens, désormais les bambins vont apprendre le clitoris), mais l'Orient ne l'était pas moins. N'est-ce pas. Le premier vit à visage découvert, le second, cèle. L'un glorifie l'épanouissement individuel, l'autre suffoque sous le qu'en-dira-t-on. Et vas-y ensuite pour des pâmoisons superflues. Un exemple ? Bah, le pauvre leader nationaliste de Sivas. De la race de ces phallocrates qui impriment dans leur démarche leur caractère viril. Haha, il s'est fait attraper dans le lit d'un adolescent. Rien d'illégal, la majorité sexuelle ayant été atteinte par l'éphèbe en question. Mais scandale quand même. Il se la jouait nationaliste et conservateur, voyons...


C'est avec une ferveur renouvelée qu'on s'est mis alors à dénicher toute nouvelle déclinaison de ces "orgies de sainteté", comme dirait Huysmans. On a ainsi appris que le père qui avait tué le violeur de sa fille de 13 ans avait lui-même jeté son dévolu sur une adolescente syrienne, qu'un grand-père accusé d'attouchements envers ses petites-filles avait été gentiment renvoyé chez lui où vivaient lesdites petites-filles, qu'un mari avait cassé le dos de sa femme qui avait refusé l'acte sexuel,  qu'un voisin s'était jeté sur une femme en lui disant qu'il allait psalmodier des prières chez elle, qu'un participant à une émission de mariage s'était fait attraper dans le cadre d'une affaire de proxénétisme, que l'actrice Sibel Kekilli avait carrément bloqué ses followers de Turquie parce qu'elle était inondée de messages obscènes, qu'un directeur d'école, qu'un entraîneur sportif, avaient... etc. etc. Last but not least. Un imam avait proposé à un mari en instance de divorce de convaincre sa femme de l'épouser. "Comme ça, tu ne paies pas de pension, et moi, j'obtiens la femme"...

Frustration sexuelle. Hypocrisie. Effet d'amplification. Avec un "donc" sous-entendu à chaque fois. Ah oui, j'oubliais. Vous savez comment une jeune nunuche déclare à sa très chère daronne qu'elle est désormais une jeune fille ? En lui susurrant, "halam geldi". "Ma tante est arrivée". Le sang bouillonne et la mère n'a plus le choix, elle lui inflige une baffe phénoménale. Car la tante annonce l'oncle. Un prédateur comme les autres. Le qualificatif "salop" en sus...