dimanche 27 décembre 2009

Dâr ur-riyâ'

C'est une coutume; on ne parle jamais de sexe dans les familles normalement constituées. En Orient et en Occident. C'est comme ça. Mais les parents guettent toujours; ils sont vigilants. Mais nuance. En Occident, la mère veut que tout se passe bien lors de la "première fois"; en Orient, elle se projette plus dans l'avenir, elle veut que tout se passe bien lors de l' "unique première fois". Affaire d'épanouissement dans un cas, souci du devoir dans l'autre.


En Australie, un daron, apparemment bileux, a beaucoup réfléchi sur l'avenir de son fils; trop, peut-être. C'est qu'il avait une peur obsessionnelle, que son rejeton bien-aimé sombre dans l'homosexualité. Il a donc emmené son garçon de 14 ans dans un lupanar et l'a forcé à avoir une relation sexuelle. Principe de précaution... "Attends je vais t'aider, comme ça, voiiiiilà". Résultat : juges et psychiatres ont été alertés...


En France, nous fûmes confus, aussi. M. Mitterrand. Frédéric de son prénom. Le "neveu de l'Oncle". Celui qui avait avoué avoir fréquenté des prostitués en Thaïlande. Evidemment, l'attaque émanant du Front national, ça ne pouvait qu'être fétide. Puisque comme on le sait, invectiver le Front national et les Le Pen est un sport favori en France. L'on connaît l'intimité de notre Ministre, désormais. Etre homosexuel n'est pas interdit, évidemment. Heureusement. Pédophile, si. Ca tombe bien, M. le Ministre est homosexuel. Et c'est tout. Les mots "enfants", "gosses" et autres termes employés grossièrement ne devaient pas être pris au sens littéral, nous avait-on dit. Ce sont des adultes; consentants dans le cadre de leur métier. Il avait défendu son honneur, Monsieur le Ministre. On l'avait écouté. On n'avait pas pleuré. On n'avait pas ri non plus. On le regardait. C'est un ministre. Polanski aussi a des soucis. On l'accable pour un viol commis il y a un siècle; mais la justice ne devrait pas s'acharner; un scandale, ça s'appellerait. Bon. Le monde tourne à l'envers; on avait croisé un homosexuel nazi, aussi. Le défunt Haider... "Outé" post mortem.


Notre père australien fait jaser, évidemment. Un journal turc a donc demandé à des célébrités de réagir à son attitude. "Moi je donnerais volontiers un coup de pouce à mon fils, a lâché le commentateur sportif Erman Toroğlu, je lui trouverais des gonzesses; mais de toute façon, être gay maintenant, c'est la mode, rien à faire !"; "moi je pense que c'est l'affaire des grands frères du quartier car les jeunes de notre pays se déniaisent toujours dans les bras d'une pute", nous a appris le comédien Behzat Uygur; le psychiatre Nevzat Tarhan n'y va pas par quatre chemins, lui : "la pression sur les fils conduit à l'homosexualité". Voilà donc pour les fistons. Ils doivent goûter le plus vite possible à défaut de quoi ils peuvent basculer. En somme, les forcer à être hétérosexuels... sans les cabrer. Hypocrisie.


Quant aux demoiselles, dans toutes les contrées musulmanes, elles doivent arriver vierges pour la Nuit. Les gonzes, eux, n'ont rien à prouver. On les aime comme ils sont. "Et puis c'est un mâle, c'est pas pareil, pfff!". Véridique. Hypocrisie. Cacher aux hommes ce que les anges regardent avec des loupes est une de nos plus tendres pathologies.


Les sociétés conservatrices, comme on le sait, sont celles qui remuglent le plus. On étouffe tellement de choses. Des salissures universelles, en fait. Tout est interdit, il faut donc descendre dans les sous-sols pour vivre certaines expériences. Prostitution, pédophilie, inceste, viol existent bel et bien dans les pays arabo-musulmans. Sauf que l'on feint de les ignorer. Résultat : les cris butent sur les murs et c'est tout. Double peine : violence et injustice.


Nos cheikhs saoudiens et égyptiens en sont, quant à eux, aux formalismes; le devoir de la femme, c'est d'élever ses enfants et de leur inculquer les valeurs religieuses, nous sermonnent-ils. La mère, inculquer les valeurs religieuses, lesquelles valeurs sont définies par des hommes, évidemment. Hypocrisie. L'un se tue à prouver qu'il est interdit à la femme de conduire, l'autre nous balance des données scientifiques pour prouver que l'excision est une bonne chose (makrouma), un autre nous assure que le Prophète avait bien dit que les femmes n'avaient qu'une demi-cervelle, etc.


Résultat : la phallocratie et la mesquinerie. J'ai lu un paquet de fatwas, dernièrement; j'en sors convaincu : le Prophète nous crachera sur la figure pour avoir tant dénaturé la religion. Tendre qu'il est, il n'osera peut-être pas. Il se détournera, en tout cas. Ca suffit déjà pour être malheureux Là-Haut...