mardi 18 novembre 2008

Eléphants, lions, rossards, caméléons...

Comment ne pas soupirer ? Même Edouard Balladur se désole; un parti qui se déchire à nouveau, nous dit-on. Après Rennes en 1990, Reims en 2008. Les noms ont changé, la problématique reste la même : conservatisme contre "aventure". Jadis, Jospin ne voulait pas d'un parti de "supporteurs", chéri par Fabius; aujourd'hui, Aubry veut garder un parti de militants. Pas d'américanisation à outrance.


On n'y comprend pas grand chose; "Ségo" serait honnie de l'appareil, "Martine" pourrait compter sur Delanoë tout en sachant que la moitié de ses soutiens seraient des hollandistes en froid avec les fabusiens qui eux-mêmes sont derrière elle ! Il y a aussi les strauss-kahniens et les hamoniens.


Les gens de la droite s'esclaffent, Bayrou tend la perche, Besancenot ignore le manège alors que les Verts essaient hardiment de s'intéresser à leur propre congrès tout en ayant un oeil chez le voisin. Et en Allemagne, un Allemand d'origine turque prend la co-présidence du parti écologiste. Elle est donc là, la solution : la codirection. Deux secrétaires au Parti socialiste ! Comme une insulte. "Allez viens, on fait une coalition, tu me soutiens, et je te soutiens", "d'accord mais tu ne la soutiens pas, hein !", "d'accord mais elle ne doit pas te soutenir hein !"...


Jack Lang, bien sûr, salue "l'esprit de sacrifice" du Maire de Paris; lui-même était passé par là en 2007. L'intérêt du Parti, voilà un domaine où il n'a pas à rougir. Les "quadras" poussent aussi : Arnaud Montebourg toujours aussi tonitruant, Vincent Peillon toujours correct, Emmanuel Valls qui s'embellit à mesure que son ambition gonfle, rappellent inlassablement l'âge de Barack Obama. Pierre Moscovici qui voulait éviter le choc des écuries se justifie comme il peut, on ne comprend rien.


Il faut rafistoler, c'est sûr; d'ailleurs, ça se sent : les qualificatifs baroques s'empilent : rénovateurs, reconstructeurs (ah que c'est moche !). On connaît les raisons de la cacophonie : la présidentialisation du régime. Il faut avoir un secrétaire présidentiable, un candidat clair, préparé; or, il était de coutume jusqu'alors de faire durer le suspens. "Les militants désigneront notre candidat pour 2012, ne bousculons rien". Entre-temps, réfléchir sur la substance serait un passe-temps; "tu bronches !"...


L'UMP est tenue d'une main de fer; Nicolas Sarkozy s'intéresse à tout, nomme les secrétaires adjoints et guette l'occasion de débarquer Devedjian qui, tout dévoué, attend l'heure où il troquera son tablier actuel contre un ministère. Dati serait partante, Patrick rêve de ce ministère, ça tombe bien. Mais les UMPistes doivent dénoncer la situation qui s'enlise au Parti socialiste, c'est leur rôle aussi et ils s'amusent : "aujourd'hui, le PS est un "quatre quart "qui exclut de se retrouver sur une ligne commune, qui est même en désaccord sur l'essentiel et qui se fait l'idée qu'il va être dirigé par l'une des quatre minorités. Les trois autres s'apprêtant à rentrer dans l'opposition interne et larvée. Monsieur MELENCHON a déjà pris la fuite et d'autres vont suivre". Au MODEM, les choses sont semblables : Bayrou trône, Sarnez tient les quelques membres. Au FN, on s'occupe des purges et des autels, pas le temps de papoter.


Bien sûr les conflits au sein d'un parti politique n'ont rien de surprenant et de scandaleux, c'est la "vivacité interne" en terme poli; et il faut un Chef, pas de doute. C'est un peu comme chez les Chiites, on attend le Chef disparu, celui qui vaincra "Sarko" et annoncera l'avènement d'une société plus juste et plus humaine. Blabla. Si ils veulent trouver un Chef, il faut changer de parti, celui du PS n'a jamais eu l'intention de partir : "Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas". "Encore lui !", "bah oui, vieux, il a hanté, il hante, il hantera"... Une question d'étoffe.


Mitterrand, Mitterrand, Mitterrand, Mitterrand, y a-t-il plus bel alexandrin dans la poésie politique française ?