samedi 1 novembre 2008

Présidences

Les Coréens du Nord rouspètent. Ils ne sont pas contents. Ils en veulent notamment au Japon; un pays dont le Premier ministre n'hésite pas à violer le secret médical de leur guide, Kim Jong-il. "Pourquoi tu balances ?", "Je dis la vérité", "connait pas"... Et que dire des frères d'en-bas ? Ils inondent le Nord de tracts démoralisants. "Pfff et vous êtes des frères !"...


Il serait hospitalisé mais jouirait toujours de toutes ses fâcheuses capacités à prendre des décisions. Il est vivant, le "nain immonde". D'ailleurs les spécialistes nous plombent le moral : sa mort ne changera rien. Ce dynaste n'est pas un tendre; sa vie sentimentale est une autre saga.

On ne le voit plus en public depuis quelque temps; dans un pays où il est coutume d'enclencher illico presto des mouvements de bassin en l'honneur de chaque toussotement du "Cher dirigeant", il est insupportable de ne plus avoir de signes de vie. Et comme la sincère attente de ses ouailles chaut peu à la direction, on ne sait plus rien. On attend. Chacun a ses désirs. Espérance de vie, espérance de mort. Il était content pourtant. Les Etats-Unis venaient de l'enlever de cette fameuse liste; celle qui recense les "Etats soutenant le terrorisme"; un marchandage l'en a extrait. L'Union européenne préfère suivre de loin; à part les droits de l'Homme, elle n'a pas véritablement d'intérêt. Et les droits de l'Homme, voilà quoi. On apprend que la France n'a même pas de relations diplomatiques avec ce pays. Alors on s'enferre dans ce qui est le plus sûr : l'expectative.

Un autre despote en herbe, nous disent certains au sujet de Abdelaziz Bouteflika. Il fait les yeux doux aux parlementaires; la Constitution lui interdit un troisième mandat. Qu'à cela ne tienne : les parlementaires ont déjà tout arrangé; ils ont le compas dans l'oeil, c'est le candidat idéal. Alors, Abdelaziz reprend confiance et nous déclame une leçon de démocratie : "le peuple doit avoir le droit de choisir ses gouvernants". Pourquoi rappeler une évidence ? "Arrête de calomnier, c'est un homme intègre", c'est vrai. D'ailleurs, j'ai toujours été opposé à la limitation du mandat présidentiel. Même en France, dorénavant, on ne pourra plus avoir que des "Présidents décennaux", c'est rond, ça sonne bien mais non. Le Peuple doit pouvoir se balader dans le futur et dans l'histoire avec l'Homme qu'il souhaite.

Un autre peuple qui ne sait plus manier la Constitution : les Palestiniens. On ne sait plus la date de l'élection présidentielle. "Comment ça se lit ça ?", "tourne-la j'te dis". Mahmoud Abbas qui est ravi de voir le Président tunisien Ben Ali "accepter" de se représenter en 2009, essaie de grappiller un an de plus. Théoriquement, le suffrage a lieu en janvier 2009. Mais il faut savoir lire une Constitution; ça ne se lit pas "comme ça". Et c'est parti pour les contorsions, "on préfère réunir présidentielle et législatives, c'est mieux techniquement", "ouais, c'est vrai, comment on fait du coup ? on rapproche les législatives ?", "mais non, blaireau, on reporte la présidentielle !". Alors que les Etats-Unis et Israël sont momentanément occupés, Abbas se rend à Damas recevoir l'onction avant que le Hamas élise "son" Président. Deux Présidents dans un Etat qui n'existe pas encore. La fitna.

L'élection qui a, le plus, une part d'universalité, c'est celle des Etats-Unis. Alors tout le monde se bouscule : les Européens préfèrent Obama; l'Iran et la Syrie aussi, "allez délivre une fatwa", "mais elle n'a pas force juridique là-bas", "on s'en fout, balance !". La Turquie préfère McCain; il est plus martial, plus strict, plus informé sur l'importance stratégique de la Turquie et donc moins porté à utiliser l'expression "génocide arménien"... Chacun ses critères. Al-Qaida aussi serait partisan du Vieux; c'est mieux entre virils. Les intellectuels sont ravis : l'élection de Barack Hussein Obama sera un "pas important vers une société où la race n'est plus autant un sujet de division qu'elle l'a été au cours de l'histoire américaine" (Eric Foner).

Des élections, il y en a en 2009 : Iran, Afghanistan, Israël, Allemagne, Parlement européen, etc. Dans certains pays, les élections sont perçues comme un espoir, l'occasion d'un changement de paradigme et dans d'autres, ça ressemble à présenter des noisettes à ceux qui n'ont plus de dents. Christophe Barbier dit de l'UE qu'elle est "habituée à la démocratie au point d'en bâiller". Une Europe rassasiée. Ca tombe bien, le baillement a la particularité d'être contagieux.