mercredi 5 novembre 2008

"Rejoice ! Rejoice ! Obama has come"

Alors que les Français en sont toujours au comptage des "beurettes" du Sénat, les Etats-Uniens ont décidé de tourner radicalement une page de l'Histoire. La démocratie américaine s'est enfin débarrassée de ses haillons. On les aime bien, tout compte fait. Ce sont les sénateurs de la planète. Ils ont bien voté. Ils l'ont élu : Barack (ou Bouraq) Hussein Obama.





C'est comme un réflexe; on est content. Et on ne se sent pas dans l'obligation d'en égrener les raisons. Notre Français est plus que ravi; c'est le premier à lui avoir accordé une juste importance. "C'est moi qui l'ai déniché !". Les Américains se jettent des fleurs, "On est vraiment Grands". Les Kényans aussi exultent, le semeur vient de chez eux. Nous avons tous été, pendant un court moment, les fidèles du Temple américain. Adieu démocratie tavelée...


C'est le changement de philosophie qui nous réjouit; la couleur de sa peau, son formidable tempérament, sa belle rhétorique devraient, par essence, être secondaires. Mais au regard de l'histoire des Etats-Unis, c'est une révolution. Tout le monde est content : les humanistes, les financiers, les peuples, les dirigeants. Et son éloquence ! C'est un poète nous disent les analystes. Contre Bush, McCain et Palin, il n'y a pas photo.


Mais le fond est là pour au moins quatre ans; les idéologues néo-conservateurs seront définitivement débarqués. Voici donc le nouveau paradigme : multilatéralisme. Chacun sa place, chacun digne de donner son avis, chacun une place. Bush s'en va. La Mission est terminée; et comme toute mission qui se prétend inspirée, elle a été un fiasco.

Les Européens qui ont profité de l'inertie américaine, se sont déclarés nouvelle puissance sur la scène internationale. Alors le multilatéralisme tombe bien à propos. Et voilà que l'Union pour la Méditerranée démarre aussi, avec des incidents bien sûr, notamment sur le nombre de pages du rapport, le nombre de secrétaires généraux adjoints, etc. Et les religieux musulmans et catholiques prient ensemble au Vatican. Belle journée.

On attend donc le changement; chacun a son interprétation du "changement" : le Hamas voit dans ce mot un soutien à la cause palestinienne, le Soudan espère perdre le qualificatif de "terroriste", Hugo Chavez rêve d'une nouvelle impulsion dans les "relations bilatérales", l'Iran espère continuer ses sombres activités sans plus de remous, etc. "bah, il l'a dit, hein, changement, moi c'est ce que j'comprends"...


On a sans aucun doute participé au renversement; nos indignations et vexations face aux déviances lèse-démocratie les ont ramenés à de meilleurs sentiments. Ils voulaient redorer leur blason. On a l'air de venir en cure-dents, tout confus, mais on est à notre place; on veut participer à l'étreinte universelle. Allez...