vendredi 17 décembre 2010

La France des musulmans...

Une cinquième mosquée à Moscou, nous a annoncée Vladimir Poutine. A "nous", les musulmans. Une identité au-dessus des nations. Car tout musulman, même tiède, se réjouit de l'érection d'une nouvelle mosquée dans un coin quelconque de la planète. Et les mosquées pullulent. Lâchons donc un provoquant "elhamdulillah", "Grâce au Seigneur". Provocation, oui. Car celle-ci est une déclinaison de la liberté d'expression. Célèbre arrêt Handyside : la liberté d'expression "vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'Etat ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture, sans lesquels il n'est pas de société démocratique".


Inquiéter les musulmans est devenu LE sport national, dans ce pays. A des lois faites sur mesure, à des stigmatisations incessantes, à des bouches copieusement baveuses, nous sommes confrontés. Ça tombe bien, on annonçait des "Assises internationales sur l'islamisation de nos pays", organisées par des extrémistes. Il faut en discuter, évidemment; pas de censure. Liberté d'expression. Islamisation, en effet; la charia s'est substituée au code civil, la messe de rentrée des parlementaires se fait désormais à la mosquée de Paris, les vacances scolaires sont calquées sur le calendrier islamique, les mosquées sont financées par les collectivités publiques, les filles croyantes sont libres de porter un voile au lycée, les appels à la prière font concurrence aux sons de cloche, les abattages rituels se font aisément à chaque coin de rue, et le meilleur pour la fin, la France a fait officiellement acte de candidature pour intégrer l'Organisation de la Conférence islamique. Une islamisation, en effet...

C'est comme un slogan : le père était antisémite, la fille est anti-musulmane. Un raccourci que nous imposent les cercles de la bien-pensance. Sans doute. La fille ratisse plus large, nous disent d'autres : le fond antisémite gonflé d'une aversion anti-musulmane (et non islamophobe, ce n'est pas du tout la même chose). C'est qu'elle brille, ces temps-ci : les musulmans occupent le territoire. Ils prient sur les trottoirs. Il faudrait mettre fin à cette scène, au nom de la laïcité. Encore celle-ci; encore une fois violée. La laïcité, nouvelle égérie des frontistes. Parmi lesquels on trouve également des intégristes chrétiens, va falloir m'expliquer...


Comme on nous demande de "dégager" des rues, à juste titre, on se met à rêver; elle ira au bout de son raisonnement et demandera plus de mosquées. Que nenni ! Alors c'est quoi la solution ? "Votre assimilation coco !"... Fabius disait que Jean-Marie posait les vrais questions mais apportait les mauvaises réponses; eh bien, la fille a bien repris le flambeau...


Robert Ménard le dit clairement, lui, sans se frotter à de grands principes; c'est ringard, terre-à-terre, limite fasciste mais c'est sincère : "je n'ai pas envie qu'il y ait un minaret dans tous les villages de France". Ça n'a pas à être sanctionné juridiquement, c'est une simple pathologie humaine. Le rejet de l'autre. Voir une église à chaque coin de rue ne me dérange pas moi, personnellement... Encore une fois, c'est la panique ; on entend PPDA conseiller aux musulmans de vivre leur religion dans leur for intérieur, "une religion se vit avec soi-même"... On a les mêmes dans tous les pays : en Turquie, ce sont les nationalistes qui avaient fait la moue lorsque l'église d'Akdamar et le monastère de Sumela furent rouverts; dans les pays arabes, c'est le même refrain. Le fond de la pensée est clair : ce n'est pas la laïcité qui est en cause; c'est la "tradition chrétienne de la France". Leurs amis turco-arabes ne disent pas autre chose : la construction d'églises et de synagogues est contraire à la "tradition islamique du pays". Les racistes n'ont pas de pays...

Évidemment CFCM, CRIF, PS, MODEM, PCF se sont indignés ou ont condamné. L'UMP ne savait pas encore comment réagir; la question est ardue, il s'agit de soutenir les musulmans... Le Premier ministre était un peu plus poétique, lui : "il ne faut pas tomber tête baissée dans toutes les provocations". Bien sûr. Mais quand c'était Georges Frêche qui disait des choses sur le "pas très catholique" Fabius, François Fillon épatait : "Il y a des mots qu'on ne veut plus entendre dans notre République, il y a des mots qui blessent, il y a des mots qui trahissent la vulgarité de la pensée, il y a des mots qui ne font pas partie du vocabulaire des républicains et des démocrates (...), le racisme est une menace permanente pour notre pacte républicain et les dérapages des responsables politiques quels qu'ils soient (...) doivent être combattus et ne peuvent pas être tolérés car ces dérapages font céder les digues que les républicains (...) ont construit pour lutter contre le racisme et l'antisémitisme, chacun doit nettoyer devant sa porte (...)". Un des plus beaux textes de la République. Franc et massif. Ça, c'était pour une attaque antisémite. Et pour une déclaration anti-musulmane, on a comme une évaporation; Monsieur le Premier ministre, donc : "Nous devons être fermes sur le fond et, en même temps, nous ne devons pas être dédaigneux à l'égard des Français qui cherchent dans des solutions radicales une issue aux problèmes qu'ils rencontrent". Merci quand même...

Qu'on le veuille ou non, des mosquées vont être érigées dans ce pays; elles vont essaimer dans tout le territoire. Car la France est un pays démocratique respectueux de la liberté religieuse. Et il s'avère que beaucoup de musulmans y vivent; rien de plus normal que de leur permettre de prier leur Dieu. Maurice Colrat avait osé en 1922 : "Quand s'érigera, au-dessus des toits de la ville, le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l'Ile de France qu'une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses ". Applaudissements !


Même un professeur de droit comme Sami Aldeeb, ignorant le raisonnement juridique de base, peut lancer une initiative sur l'idée de réciprocité : "pas de mosquée en Occident tant qu'il n'y a pas d'église en Orient". Donc pour faire simple, un musulman parisien doit attendre que les restrictions que subissent les minorités chrétiennes dans la plupart des pays arabes soient levées pour pouvoir ériger son lieu de culte ! Et ça s'appelerait un raisonnement. Défendu par un professeur de droit... C'est vrai que M. Aldeeb est devenu "professeur des universités" à 60 ans sans passer par l'agrégation (mais par la petite porte, le Conseil national des universités), on peut comprendre que ses capacités ne sont pas formidablement élevées mais de là à ce qu'il agisse en militant chrétien intégriste avec une casquette de "professeur de droit", c'est une impudence. Le Sieur propose rien de moins qu'un chantage, une réciprocité dans la violation des droits de l'Homme; il va falloir rouvrir les livres de première année...


On ne nargue personne; on ne fait de pied de nez à personne; on ne dérange personne. Mais on reste déterminé : des mosquées seront construites; car c'est un droit. Et bonne nouvelle, les conversions se multiplient. A notre grande joie. Les extrémistes n'arrivent pas à comprendre une chose : les générations présentes n'ont plus la peur des primo-arrivants. Ils sont prêts à hausser le ton et revendiquer leurs droits. Des mosquées seront donc construites. Des mosquées-cathédrales, même. La pusillanimité, c'était pour les immigrés des années 50-60. La patience va changer de camp. C'est dans l'inquiétude qu'on va avancer. Handyside coco... On n'a pas oublié la sortie de Mélenchon en 2005 sur la loi sur le voile : "Écoutez ! Notre manière de vivre, à nous les Français, c'est qu'on ne met pas de voile à l'école !". Eh bien, on changera de manière de vivre car les musulmans sont là, dorénavant. Nous, des Français. Salâm Aleykoum...