dimanche 25 mai 2008

Le Liban a trouvé son Chrétien, la Turquie emprisonne son Musulman le plus illustre

Nabih Berri a enfin ouvert les portes du Sérail. Les députés n'arrivaient pas à tenir leur séance pour élire le Président de la République. Il nous a importunés pendant tant de temps. Le système institutionnel libanais est un véritable dédale. Le Président de la République est un Chrétien (maronite), le Président de l'Assemblée un Chiite et le Premier ministre un Sunnite. Mais ils sont tous Libanais. En Iraq, on mélange ethnie et religion; le Président de la République est un Kurde (l'ancien troglodyte Talabani), le Vice-Président un Sunnite et le Premier ministre un Chiite.
L'exaspération due à cette énervante attente (je déteste les vides institutionnels) m'avait poussé à soutenir le Cardinal Sfeir; un ami Libanais, chrétien orthodoxe, en était presque offusqué. Pas lui; or un cardinal-président aurait été si bien. Le Général Michel Sleimane (ou Souleyman) est l'heureux élu.
Pour une fois que le passage du treillis au costume trois-pièces se fait sans indignation (le troisième militaire à devenir Président), ne boudons pas contre leur intérêt. D'ailleurs, les dirigeants arabes se sont joints à la "liesse". Le Premier ministre turc faisait partie de la fournée. Les Turcs commencent à se voir une puissance dans la région. On voit le Grand Turc intervenir au Liban, dans les relations israélo-syriennes, en Iraq, dans le Caucase. L'époque du "beurre" est en passe de s'évanouir. Très bien. J'ai toujours pensé que la Turquie devait avoir un siège permanent au Conseil de sécurité. Bon début. Grâce au Jean-David Levitte turc, le Professeur Ahmet Davutoglu.
Alors que tout le monde se réjouissait, un des Cheikh libanais Fethi Yeken a lancé un "ultimatum" au Président turc Gül et au Premier ministre Erdogan; il veut qu'ils empêchent l'emprisonnement de l'ancien Premier ministre turc Necmettin Erbakan, le père spirituel des deux dirigeants. Un islamiste patenté. On comprend la sollicitation. Erbakan a été condamné pour avoir refusé de rendre les fonds versés par le Budget alors que son parti venait d'être interdit. Une subtilisation qui lui avait aliéné une partie de ses sympathisants (mon père avait déployé des efforts incalculables pour défaire ma mère de sa fidélité olympienne). L'imam libanais a dû mettre mal à l'aise les anciens disciples. Coupe court !
Bref tandis que les uns célébraient l'élection de leur Chrétien, les autres mettaient en prison (ou plutôt en résidence surveillée) un ancien Premier ministre, héraut du "nouvel ordre" à teinte islamiste. Et c'est un Libanais qui a pleuré le premier. Que dire ? Les deux saints du jour.