jeudi 15 mai 2008

"Parodie de démocratie"

Telle a été l'expression utilisée par un député qui, à raison, s'est offusqué du passage en force du gouvernement sur le projet de loi sur les OGM. Sur une question de procédure, un texte d'importance tombe; mais heureusement rattrapé par le gouvernement et lancé avec célérité à la Commission mixte paritaire.
La démocratie est déjà parodique depuis bien longtemps, ressortir les mouchoirs, oui mais pas pour s'essuyer les yeux. Les postillons seulement. La démocratie moderne ne permet qu'une chose: palabrer. Le Parlement est Tribunat pour l'opposition et Corps législatif pour la majorité; un temple bruyant mais atone.
Pour une fois que la théorie se faisait pratique, les députés eux-mêmes étaient gênés. Pour un "projet de loi", c'est vrai que ça gêne. Une obscure proposition, on aurait compris, mais là un texte qui vient du Gouvernement ! J'ai toujours eu du mal à comprendre la fonction des députés dans un système "rationalisé" comme il est coutume de dire. Les uns payés à lever la main ou appuyer sur un bouton et les autres à tonitruer. La France doit importer le système américain: des partis fantomaux, des députés puissants. Régime des parlementaires. Un système de compromis permanent, voilà la solution. Les députés ont réfléchi, demandé conseil, tâté le terrain et finalement voulu dire NON. Mais lâchement; ils ont "voté avec leurs pieds". Une parodie dans la parodie.
Le NON n'a donc été ni franc ni massif. A une voix près. J'aime bien quand les choix se font à une voix près, c'est presque du solennel, le vote se drape dans une teinte historique (Louis XVI, amendement Wallon).
C'est un "incident regrettable" a lâché le Premier ministre. Lorsqu'un vote est qualifié ouvertement d'incident par celui qui, théoriquement, est le premier exécuteur des volontés du Parlement, il faut bien s'interroger. Mais pas s'effaroucher. C'est de la garniture, rien de mal. On n'arrive même pas à s'indigner tant la démocratie est superbement bafouée. Ailleurs, on parle de "démocratie dirigée", "démocratie autoritaire", "démocratie de discipline", etc. Les épithètes valsent, la notion demeure. En France, la démocratie parodique fera l'affaire.
Même les jeux avaient des règles, à ma connaissance. Faites au moins attention à l'apparence, essayons au moins de jouer une parodie de démocratie, est-ce trop demander ?