jeudi 12 juin 2008

Les Anciens et la reconversion

Les Turcs ont la chance d'avoir sous la main 3 anciens Présidents. En France, on en a 2. Mieux que rien. Car, la théorie voudrait que ces anciens dirigeants suprêmes aient accumulé tant d'expériences qu'ils auraient le don d'éclairer la lanterne nationale lorsqu'il y a de l'eau dans le gaz. En France, on les fourgue au Conseil constitutionnel. En Turquie, ils redeviennent citoyens lambdas. Pas de "parachute doré".

L'ex-Président Chirac aurait déclaré "je n'ai pas vocation à donner de conseils ou à critiquer mon successeur"; on ignore s'il respecte scrupuleusement le devoir de réserve que lui impose sa nouvelle charge ou s'il a perdu vraiment l'entrain du temps jadis. VGE, toujours élégant, s'occupe comme il peut, toujours à l'affût des honneurs.

En Turquie, l'ancien putchiste Evren (1980-1989) dessine, se promène, vit dans son coin et s'essaie de temps à autre à l'analyse politique. Personne n'insiste pour l'écouter...


Ahmet Necdet Sezer qui a présidé la Turquie (2000-2007) sans parler à qui que ce soit sans regarder ses fiches, vit retiré; les Turcs l'aimaient bien à ses débuts: il était économe, il s'arrêtait aux feux, attendait son tour à l'hôpital. Un jour, il s'est manifesté maladroitement: lors du Conseil de la sécurité nationale, il a voulu placer un mot pour ne pas laisser rouiller sa bouche mais n'ayant pu raison garder, il a littéralement balancé le petit livret de la Constitution à la figure du Premier Ministre de l'époque, le Vénérable Bülent Ecevit, une pointure de la vie politique turque. Toujours poli comme un caillou, ce dernier a présenté ses devoirs au président et s'en est allé pleurer devant les médias. Résultat: une des plus graves crises économiques du pays. Depuis, le Sezer n'est plus bien en cour...


Le plus actif des "ex" est Demirel (1993-2000) : il renie à petit feu tout son passé; il faut rappeler que c'est l'héritier du Parti Démocrate c'est-à-dire de Menderes, Premier Ministre de 1950 à 1960 pendu par la junte pour des broutilles. Ayant une dent contre le gouvernement AKP depuis que celui-ci a incité les autorités financières à faire main basse sur la fortune de son frère, il défend dorénavant les thèses du CHP, ennemi éternel des démocrates. Le "martyr" Menderes doit se retourner dans sa tombe.


Il est vieux, 85 ans. Certains pensent qu'il ne sait plus trop ce qu'il dit. En tout cas, toute sa carrière durant, il a "surfé" sur la plus-value des valeurs conservatrices; lorsqu'il débarquait dans un village pour un meeting, il retrouvait haleine dans la mosquée du coin. La "populace" en était subjuguée. Après, on a apris qu'il était franc-maçon...
Un ancien ministre l'a gentiment désigné de "plus grand hypocrite politique" de l'histoire turque. Il ne s'en offusque pas; il aime à répéter: "hier, c'était hier, aujourd'hui, c'est aujourd'hui".
On compte toujours sur la sagesse des Anciens; la "passion" les aurait quittés. Moi même, lorsque l'on m'avait demandé de rédiger le statut d'une association, j'avais crû bon d'insérer un article qui stipulait que les anciens présidents de l'association étaient, de droit, membres du Conseil de contrôle.
Je me rends compte que les Anciens ne sont véritablement "consultables" que lorsqu'ils restent soumis à la "pression" populaire. Sinon, ils commencent à parler sincèrement et ça gêne tout le monde. Les anciens alliés l'enfument, les nouveaux l'encensent, le peuple désespère. Nos gouvernants ne sont que des "faux-culs". C'est en fin de carrière qu'ils se rendent compte qu'ils ont des c....... au c.. , le peuple s'interroge : c'est lequel l'authentique ? Mince, ils seront déjà morts quand les archives s'ouvriront... Entre-temps, ils auront les honneurs suprêmes en rabiot. Et après, honni soit qui mal y pense...Rab sur rab.