jeudi 26 juin 2008

C'est tombé dans l'oreille d'un sourd

Alors que nous étions en train de moquer le mari lillois qui avait "répudié" son épouse déjà femme, un Jordanien rompait avec la sienne à cause de lui:



Ni partie de jambes en l'air ni bécot incongru. Simple rinçage de l'oeil.

Pour une fois que les Turcs jouent à l'impérialisme culturel, ça fait des dégâts. Ce garçon dont la beauté crêve les yeux et incommode ses pairs sexuels s'appelle Kivanç Tatlitug ("douce plume" si je ne m'abuse). Il a 25 ans, est comédien et mannequin.

Bien sûr cette malheureuse Jordanienne n'a pas eu droit à ses faveurs; là n'est point la cause de l'ire seigneuriale. Les séries turques font fureur dans le monde arabe. On se les arrache. Les sociologues se sont donc penchés sur la question. Résultat: elles dérèglent la vie "paisible", "simple", "modérée" des couples arabes. Une beauté devant, un rustre à côté. On peut, à la limite, la comprendre. Les blonds sont rares dans ces contrées.

Le mari porte le grief: elle a enregistré la photo de Kivanç sur son portable et pis encore, il trône sur sa page principale. Attirance platonique. On attend le verdict.

Les Turcs sont connus pour leur excessive faiblesse pour les séries. Rien de blâmable. En Occident, on lit; en Orient, on préfère la version visuelle. Le farniente. Pourquoi se faire mal aux yeux et au dos lorsque l'on peut suivre la même histoire, assis tranquillement sur son canapé, graines de tournesol à la bouche et verre de thé à la main. Chacun sa méthode d'apprentissage de la culture. Les Latinos sont les spécialistes en la matière.

La jalousie, nous disent les médecins, peut prendre des allures de pathologie. Dans une société qui n'offre pas trop d'occasions pour jalouser sa dulcinée, le geste du mari est sans doute excessif. Heureusement, nos "Lumières" sont là pour soutenir les femmes "foudroyées" dans ces moments : "Oh, tu as bien fait, de toute façon c'était un cornichon, ton mari, tu t'en débarrasses". Et hop, on déride.

La superficialité du réconfort ne fait pas de doute; on stigmatise toujours. Jamais un pas vers l'autre, pour le comprendre, l'aider si besoin, on préfère le reléguer à son monde obscur; on a libéré la victime, le coupable "rétro" repart pour d'autres aventures avec le même état d'esprit. Et on appelle cela "les valeurs républicaines". Elles sont sauves mais le débat au fond est escamoté, encore une fois. Tel serait le sort du Musulman : une tête de Turc mais pas encore un interlocuteur, les mauvaises langues disent qu'il est nul en réception. Tant que le monde arabo-musulman confirme ce fait, c'est vrai que demander à la France de lui prêter l'oreille, c'est du culot.

Solution: démocratie/Etat de droit/Renaissance/Droits de l'Homme; ventre affamé, cerveau brûlé n'a point d'oreilles.