lundi 9 juin 2008

La croisée des convictions et le dédouanement de soi: posture d'un apprenti Janus

Les homosexuels commencent à exaspérer les autorités. Comme tout indigné qui réclame ses droits. On leur dit "morale", ils répondent "XXI è siècle".
De nos jours, l'illégalité étant à l'origine de toute avancée, ils ne cessent de provoquer. Ainsi, dans la très orthodoxe Grèce, un maire obscure a marié un couple d'hommes et un couple de femmes. Comme notre Bèglais national.
La fulmination corrélative n'a pas besoin d'être décrite. On la connait. On l'a vécue en France. La pluie des promesses d'annulation ne s'est pas fait attendre. En général, les précipitations dans un domaine montrent qu'il y a une gêne. La hâte est toujours un aveu.
Le procureur a l'air d'hésiter, il n'a ouvert qu'une "enquête préliminaire". Le ministre de la Justice a hurlé: "dégage, pauvre con, c'est nul, non avenu, illégal, etc. Arrête de balbutier, dit le droit !". Le Procureur de la Cour suprême a donc dû descendre de sa tour: "calmez-vous, on est dans la plus pure illégalité, ne vous bagarrez pas, cette décision ne ferait pas mal à un étudiant de première année". Sa presque Sainteté Hiéronymos a feint l'indifférence: "je m'en fous, ils ne sont pas de chez moi"; le métropolite de Salonique l'a rembarré: "dégage toi aussi, allez dis-le, les homo sont des pervers, des vicieux".
Les "Gay Proud" défilent un peu partout; même sous les yeux du Pape. Yeux dans les yeux. Les Polonais avaient retroussé leurs manches en 2006. Mais comme toujours, ce sont les Danois qui ont ouvert le bal; il faut dire qu'avec leur conscience large comme la manche d'un cordelier, c'est la Singularity Pride...
Alors que la Cour suprême de Californie estimait que le droit au mariage réservé exclusivement aux personnes de sexe différent était contraire à la Constitution et que quelques jours plus tard, elle rappelait que : "non non je n'avais pas déconné, je refuse de suspendre ma belle décision", l'on apprenait qu'un tribunal turc avait interdit une association promouvant la défense des homosexuels, lesbiennes et transsexuelles au motif que son statut était contraire à la "morale". La Cour européenne dit souvent qu'il n'y a pas de conception uniforme de la morale à travers l'Europe; les Turcs sont bien contents d'appliquer pour une fois à la lettre les standards européens. En France, on reste pantois: "mais attendez, on a un homosexuel présidentiable, ça'l fait pas...". Vous êtes la France, nous sommes la Turquie. Il fut un temps où le CSA turc (le RTÜK) se targuait de suspendre la licence des télévisions pour avoir diffusé des émissions contraires à la "structure familiale turque". Une conception sui generis dans tous les domaines...
A y réfléchir de plus près, c'est mieux que rien: Ahmadinejad avait logiquement répondu que la question des droits des homosexuels ne se posait pas, "il n'y a pas d'homosexuels en Iran". Réflexe pathologique: à chaque fois que j'entends qu'un problème ne se pose pas dans un domaine, je baisse la tête...pour trouver l'erreur. Il y en a toujours; les Kurdes n'existaient pas en Turquie; quand on les a découverts, ils voulaient l'indépendance...
Les droits de l'homme postulent une chose très simple: à chacun son content. Ca tombe bien, le renouvellement de la conception des moeurs nous impose d'avoir le moral. C'est le droit-de-l'hommiste qui parle, l'autre n'ose pas trop donner son avis... à chacun son échelle des valeurs.