lundi 21 juillet 2008

"La pertinence et la modernité de la foi"

Les graines du Pape sont toujours bien ordonnées : boulets rouges sur l'avortement et le matérialisme, appel deséspéré en faveur d'un reboisement du "désert spirituel", sincères lamentations sur les radis noirs "débordés", etc. Tout cela dans un langage fluide. Evidemment. Les Papes me fascinent; ils enclenchent en latin, poursuivent en français ou anglais ou allemand ou italien, ou etc. Comme une lettre à la poste. Le Patriarche de Constantinople n'est pas en reste, la concurrence demande de l'attention : il se désole des discriminations en turc avant de se confier à ses collaborateurs en grec et s'en remettre à la sollicitude des Européens en anglais ou français. De l'universel à bon escient.

Tony Blair, catholique depuis peu mais fervent chrétien depuis l'âge de raison (tout le contraire du Premier Ministre australien, Kevin Rudd) s'en donne à coeur joie : " Ma foi est le point d'ancrage de mes convictions, elle fonde les valeurs auxquelles je me réfère, elle forge ma vision de l'humanité". Bush n'en croit pas ses oreilles, Dieu lui avait dit les mêmes choses, depuis c'est la guerre juste permanente... Les Anglo-Saxons sont vraiment bizarres. "Mais d'quoi tu nous parles !"

Sa Majesté "Esclave d'ALLAH" en même temps que "Serviteur des Deux Saintes Mosquées" n'a-t-il pas organisé une conférence sur le dialogue interreligieux ! En Espagne, bien sûr, siège du Dialogue des Civilisations. A petits pas. Un jour, il ouvrirait peut-être les saintes portes de son royaume, allez savoir. Un Wahhabite nous déclamer de l'interreligieux, c'est à faire pleurer les "extrémistes" et à faire jaser les "modérés". L'étiquette est là, l'apparence est tout. "Mais non voyons, c'est quand même lui qui a rencontré le Pape, c'est le même qui marche bras dessus bras dessous avec Bush, encore lui qui porte une "barbe" pas très canonique". Il est moderne. Son frère Fahd aussi était moderne, il avait des "maîtresses" (et non des épouses) et allait souvent au casino...

Nous, Français, on ne badine pas avec la religion. La fonction rend sans religion. Mitterrand avait balbutié : "Oui, je crois aux forces de l'esprit". "Arrête de déconner !". Sarkozy est le plus "iconoclaste"; son cours de théologie fait toujours pleurer de rage. Le Grand Turc, dont on ne sait toujours pas s'il joue le charbonnier, est moins diplomatique : les "Au nom de Dieu, le Miséricordieux", "Que la Paix de Dieu soit sur toi", le fameux "Inchallah", etc. font hurler à gorge déployée. Le Procureur de la République, accroché littéralement à ses lèvres pour relever précisément ces incartades linguistiques, avait rempli son réquisitoire de ces phrases qui sonnent trop "chariatistes". Le Vieux Ismet Inönü, jadis, se faisait prier par ses conseillers pour qu'il dît, lors de ses discours, des "choses" que le peuple avait envie d'entendre; c'est-à-dire un peu d'ALLAH. "Comment ? Et Comte ?", "Mais balance, Vieux !". Il put donc déclarer, bouche écorchée : "Qu'ALLAH prend soin de vous". Trois voix de plus, ça ne fait pas de mal...
La foi résiste, ses contempteurs, le coeur dans la gorge, piaffent. Nous n'allons pas écrire de nouvelle théorie mais soulignons le fait; lorsqu'un Occidental croit en la pertinence et la modernité de la foi, ça défrise quelque peu. Le tir vient d'un flanc inattendu. Pas de panique, les Jeanbernat ont la vie dure : "Entendez-vous, rien, il n'y a rien... tout ça, c'est de la farce..."