samedi 11 juillet 2009

Bricolage

Il s'en passe des choses du côté de la masculinité. Plus exactement du côté de sa "liqueur séminale". L'affaire des chercheurs, évidemment. Ceux qui, dès le départ, acceptent de blanchir sous le harnais; et qui trouvent un "truc" de temps en temps dans leur longue et austère carrière. Voilà une trouvaille de ce type : les Britanniques ont réussi à créer du sperme à partir de cellules souches embryonnaires. Ces fameuses cellules souches, celles qui incendient les relations entre le Pape et ses ouailles indisciplinés. "Interdit ! on ne joue pas avec Dieu !", "c'est toi qui le dis"...


Désormais, les femmes pourraient donc faire des bébés sans les hommes; sans subir leur présence physique. On arrive déjà à les faire pondre sans contact charnel, grâce aux tubes mais il faut toujours la semence d'un homme : la fameuse fécondation in vitro avec ou sans donneur. Dorénavant, finies toutes ces longues procédures, nous dit-on; il suffit d'avoir un embryon. Et comment a-t-on un embryon sans un homme, je n'ai toujours pas compris. Alors, les discussions ont repris de plus belle sur l'utilité des hommes : "ouais, de toute manière, un homme ne sert qu'à une chose, après, ils s'en foutent de nous !", "dis pas ça, j'ai besoin d'avoir un homme, il m'apaise, moins stressé, plus drôle; un homme, c'est mignon, nan ?".


Est-ce le souhait suprême d'une femme que d'avoir un enfant ? A lire les jurisprudences, la réponse est oui tant les montages juridiques sont sophistiqués pour pouvoir adopter, louer le ventre d'une autre, avoir le sperme d'un autre, etc. Et l'homme dans tout ça ? L'on dit souvent que les femmes sont celles qui désirent le plus l'enfant dans le couple. C'est comme ça. Elle veut procréer. Procréer, le mot est presque divin. Divine femme. L'homme suit.


D'autres scientifiques se bousculent également pour présenter leurs travaux; ainsi, l'on apprend que les femmes doivent se fier aux moches pour avoir des chances d'être mères. En effet, les moins beaux seraient plus dotés en spermatozoïdes; la science fait des merveilles. La belle et la bête. Les Adonis seraient trop "usés" à force de manger à tous les râteliers. Voilà que les Allemands disent autre chose : les bons danseurs font de meilleurs mâles. Car bien bâtis. A la recherche des mâles, nous assistons. Mais l'on s'y perd. "Lâche ton bossu ! La science a changé d'avis"...


Et les hommes alors, que préfèrent-ils ? La beauté, avant tout. Désolé, c'est comme ça. Les formes comme dirait le païen; "tiens, d'ailleurs, regarde ces types, ils n'ont pas honte, hein !"


Les femmes veulent des enfants, les hommes veulent des femmes, les enfants de leur côté vagissent sans cesse et veulent un sein. Leurs pères aussi d'ailleurs. Les homosexuels veulent devenir parents, les blonds recherchent des brunes, les bruns préfèrent les blondes. Et personne ne veut les "difformes". Cela tombe bien, les diagnostics prénatal et préimplantatoire permettent d'éviter les "erreurs". Un imbroglio. Et le Conseil d'Etat ne cesse d'avoir le mot "bioéthique" à la bouche avec cette rengaine aseptisée : "nous comprenons les familles en détresse mais on ne peut pas céder, c'est contraire à nos principes, vous savez ceux de l'indisponibilité du corps humain et de l'état des personnes, allez ma cocotte, c'est un principe"... Pour une fois que l'on a des principes là où il faut. In saecula saeculorum.


Il arrivera un jour où les couples se donneront rendez-vous à l'hôpital pour s'accoupler par tubes interposés; alors, on choisira la couleur des yeux et des cheveux. Et tout le monde sera beau et gentil, du coup. Et les maladies n'existeront plus. Et l'on vivra, longtemps. Et l'on aura beaucoup de bébés. Le Paradis se trouve dans les entrailles des mères, assurément... Mais du coup à quoi servirait l'amour, un paradis à lui seul ? Les scientifiques n'ont plus d'idées. Heureusement que j'ai un imam sous la main : "Je te dois enfin d'avoir acquis la certitude que les traités de jurisprudence se référant aux quatre écoles juridiques, ou les cinq ou les six, qu'importe, ne sauraient contenir cet instant d'illumination atteint par un homme et une femme dans l'intimité !" (Le Jour dernier, confessions d'un imam, Racha Al-Ameer). Trop théologique, évidemment. Ovide le dit mieux, lui, un pervers patenté : "Si tu veux m'en croire, lecteur, ne hâte pas le plaisir de Vénus..." (L'art d'aimer, Livre II).