mercredi 20 août 2008

Will you kindly leave ?

Ca y est. Le "Président-putschiste malgré lui" Moucharraf décampe tambour battant. Il a tenu à être envoyé dignement. C'est un Président de la République.


Il était modéré, nous dit-on. Dans la foi, s'entend. Les Pakistanais le sont en général. "Ne vous inquiétez pas, amis Américains, il boit de l'alcool, il ne prie pas, il voue un culte à Atatürk, donc fréquentable; le type idéal pour lutter contre l'extrémisme...", "Ah ouais, mais comment il a fait pour passer à travers les mailles de Zia ul-Haq ?", "En se faisant petit, voyons, il n'a même pas joué l'hypocrite, tu t'imagines, une sincérité et une audace devant l'islamiste Zia !".

Les Américains le soutenaient. "Il se bat bien hein, qu'est-ce t'en penses ?". Les Talibans ont le coeur à la danse : ses efforts n'étaient certes pas suffisants, il s'amollissait dans la lutte contre eux, d'accord mais il les détestait. Ca suffisait. Tiens, on apprend que ces terroristes ont martyrisé 10 soldats français, des éphèbes dont le poil de barbe n'a pas encore correctement poussé... Que Dieu les absolve.

Bien sûr les Américains chérissent souvent, pardonnent toujours les incartades de leurs protégés : il avait décrété l'état d'urgence pour mieux se faire réélire; il avait même remplacé le désormais célèbre Chaudhry. "Tu ne sais même pas lire correctement la Constitution, dégage, bovin". Erdogan a dû être jaloux : "eh les gars, et nous, on a ce droit constituitionnel ? Allez on va débarquer tous ces kémalistes !". Calme, calme. Le juge constitutionnel Paksüt, dont nous avons raconté si souvent les écarts, n'avait même pas daigné baisser le menton pour répondre aux questions des journalistes. "De quoi avez-vous parlé avec le Général, Monsieur le Juge ?", "Allez, allez, ne fantasmez pas".

Certains journalistes l'invitent en Turquie. Même si il a bien négocié son départ, il court toujours un risque. Les hommes sont ingrats, Nawaz Sharif le sait mieux que quiconque. Et puis, il parle le turc couramment, et c'est un kémaliste, il nous faut des renforts, et il soutient l'équipe de Besiktas, et surtout c'est un ancien putschiste. La Turquie en tire une fierté, c'est le seul pays où les généraux turbulents se portent bien. Un de plus... Espérons qu'Omar al-Bachir, qui aime bien fouler le sol turc apparemment, n'en vienne pas à élire exil dans ce pays. "N'en fais pas une jaunisse, on a besoin du soutien de tout le monde pour avoir ce siège au Conseil de sécurité ! C'est important ! En plus, il veut se refaire une virginité, regarde, il entame des pourparlers avec ses opposants politiques dans son pays". "Bon d'accooord". D'ailleurs al-Bachir jette son jus : le crépitement des "flashes" le rend heureux, il sert la main du Président Gül deux fois pour satisfaire tout le monde. Le Turc, raide comme la justice, arbore un rire jaune.

On ne sait pas encore s'il faut faire la noce ou broyer du noir. Le Pakistan détient l'arme atomique et on ne sait jamais. Et il est en froid avec l'Inde à cause du Cachemire. La Chine n'a jamais été non plus désintéressée par la question. Et si l'on prête l'oreille à la légende "tenace", le tombeau de Jésus y serait... Ah Moucharraf, le fossoyeur de la fragile accalmie. Allez va ! on a bien compris que tu n'y es pour rien dans ton départ; les conclaves se font ailleurs...