L'on est donc fixé. Enfin. Le monde entier se demandait sincèrement laquelle des épouses serait "désignée" Première Dame de l'Afrique du Sud. Avec son abondant foyer, femmes, amantes, maîtresses, promises, favorites et son imposante nichée, le Président Zuma intriguait. Pis, effarouchait.
Le jour de son investiture, il a donc "dévoilé" son harem. La toute dernière, pimpante de son état, semblait être prometteuse dans la fonction. Quelques mouvements de bassin et deux regards de biais seraient tombés bien à propos. Une femme du genre à noyer un homme dans son étreinte. Faite pour le job; en tout cas, par rapport à sa "collègue" la plus émérite, il n'y a pas photo. La plus "gradée", une épousée de village, était également dans l'assistance. Et elle est donc, pour cette journée en tout cas, la première Première Dame. Au gré des événements, l'on connaîtra les autres titulaires.
La maisonnée a dû grouiller d'intrigues. "Allez, s'te plaît, choisis-moi, laisse cette rombière édentée, j'te promets 365 jours de plaisir comme l'autre pouffiasse américaine !", "dégage vicieuse, tu t'es vue ! choisis-moi mon maître, mes dents, mes hanches, mes mamelles font la fierté du clan et du pays !"... Heureusement que la plus gradée avait d'ores et déjà affirmé vouloir rester en retrait : "tu ne viens plus me voir depuis tant d'années, laisse-moi tranquille, choisis une plus jeune, une plus affriolante, allez mon Jacob ! Un nouveau râtelier me suffit amplement". Un Turc aurait dit : "öpün yengelerinizin ellerini", "baisez donc les mains de vos tantines".
Evidemment, Silvio devait avoir les yeux rivés sur cette séance. "P'tain, t'as vu, lui, c'est un mec". Comme on le sait, son antique épouse a décidé de divorcer. Marre non pas d'un mari volage, mais d'un mari passablement dépravé. Il faut dire que Silvio l'ostrogoth ne fait que bouillir. Les femmes. Si bien que son parti ressemble à un véritable pince-cul. Anciennes vedettes, beautés sont catapultées en tête de liste pour les élections. Celles qui ressemblent de préférence à des nymphes. Lui-même, très talon rouge, d'ailleurs. Aguicher des voix, ça s'appelle.
Bien sûr, personne ne découvre la polygamie. Il existe une "polygamie de fait" partout où il y a infidélité. Et comme la fidélité n'existe pas en ce monde, nous sommes tous concernés. "Arrête de mentir, la fidélité, ça existe; regarde, je l'aime, il m'aime, on s'aime, on vit presque d'eau fraîche, si tu veux le savoir et toc ! C'est vrai qu'il n'est pas mal le steward, hein !", "ouais, et l'hôtesse s'est spécialisée dans le dandinement, on dirait"... Matthieu s'époumone de là-haut : "Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur" (5.27-28). Etre mal barré, en langue légère...
La polygamie ne fait gémir ses détracteurs, c'est-à-dire nous tous (en théorie), que lorsqu'elle prend une allure publique, sue, presque juridique. Sinon, partouzes, échangisme, sado-masochisme ne relèvent plus de l'indignation. Une poignée de puritains seulement n'ont toujours pas compris à quoi ça sert, c'est tout. D'ailleurs, Zuma a tout compris : "eh ben quoi, chez vous, ça s'appelle entretenir des maîtresses; au moins, chez nous, ça a le mérite d'être clair; il y a une protection juridique !" Pas faux dans le raisonnement. Mais pervers, quand même. A moins d'accepter la réciproque...
Etre "gavé" de femmes, voilà le désir le plus élémentaire d'un homme normalement bâti. Chacun refrène comme il peut. Et l'hédonisme n'aide pas. Ce n'est pas une question de civilisation, assurément. C'est une question de savoir-vivre, d'éducation. L'on connaît l'exemple de Mitterrand; l'on a connu l'exemple du député qui s'est suicidé après avoir tué sa maîtresse; le protocole a fait qu'il a eu droit aux honneurs de la République... Et le citoyen lambda n'a jamais rien promis à quiconque. Et l'autre fait tout ça dans la légalité. Mais la tradition veut que l'on pousse des cris d'orfraie. "Mais j'comprends rien, allez arrête avec tes idées cornues, viens il faut alimenter le feu, coco, après on protestera devant leur ambassade, promis..."