vendredi 25 avril 2008

Conservatisme et opposition à la polygamie

Le propriétaire d'une chaîne de magasins spécialisés dans la vente de vêtements islamiques a reconnu qu'il vivait, heureux, avec ses trois femmes et sa marmaille. Le miracle du mariage religieux. Le Coran ne permet-il pas la polygamie ? Cette autorisation est suivie par pas mal de gens notamment au sud-est de la Turquie; résultat: on interdit le mariage religieux pour éviter les abus. Nombreuses sont les femmes forcées d'épouser de vieux croûtons; victimes des règlements obscurs des hommes. A l'ouest, rien de différent, mais ils ne passent pas par l'imam; ils se la coulent donc douce; il n'est pas interdit d'avoir des maîtresses.
"Exploitation" des femmes dans les deux cas; quand elle a un fondement religieux, c'est insupportable. En réalité, personne ne lutte pour ces femmes; on lutte contre la religion, elles tombent juste bien à propos. Encore une fois victimes.
L'interdiction des mariages multiples dans un monde qui commence à se dérègler peut ne plus se justifier. La fidélité n'existe presque plus. Les couples sont eux-mêmes demandeurs pour tenter des "expériences". Comment, dès lors, condamner la polygamie ou la polyandrie ? Comment éradiquer le "poly" ? Il est inscrit dans les moeurs.
Les enfants naturels et les enfants légitimes ont les mêmes droits; c'est du juridique. Les enfants adultérins ne sont plus les malvenus; l'adultère ne relève plus du pénal. Double standard dans le libertinage ? Entretenir en bonne et due forme une deuxième voire une troisième famille, c'est répréhensible. Vivre en catimini avec plusieurs, c'est répréhensible aussi. Dans les pays musulmans, le premier cas l'est juridiquement, le second moralement; comme dans les pays occidentaux. Personne ne s'est retrouvé sous les verrous du chef d' incartade sentimentale. Le non-droit appelle un respect de la vie privée. Si Mitterrand avait regroupé ces deux familles dans une même maison, il aurait été fustigé. Vivre séparemment l'a sauvé de l'opprobre; mieux: il a fait pleurer les chaumières.
Je suis contre la polygamie. Moralement. Juridiquement, la question ne se pose pas; la réalité des faits sait se débrouiller pour contourner les règles de droit. Interdire juridiquement n'a jamais été mon dada. Je préfère l'explication, la prise de conscience. Contre un droit à la Potemkine; dans une logique parfaite mais éhontément ignorée. Sur le plan théologal, j'ai la faiblesse de penser que le verset en question est, de facto, abrogé ou inapplicable; la protection de la veuve et de l'orphelin n'est plus à l'air du temps. Même si elle l'est, le droit positif n'autorise plus cette méthode. Les hommes "sincères" doivent trouver d'autres moyens; demokrasilerde çagre tükenmez...
L'indignation s'arrête aux portes de la sincérité et de la cohérence. Le doyen Carbonnier disait: "Les savants d'il y a cent ans se demandaient d’où la famille venait ; ceux d'aujourd'hui se demandent plutôt ou elle va." Si des vierges restent effarouchées, il est pressant de les déniaiser.