Heureusement que François Mitterrand n'est plus de ce monde. Il serait gêné aux entournures devant cette polémique. C'est qu'il était bigame, lui. C'est qu'il profitait des impôts de ses concitoyens pour la protection de sa seconde famille. C'est que, lors de ses obsèques, il avait réussi l'exploit de faire pleurer la France entière en réunissant ses deux familles. Personne ne s'était caché. Au même rang, côte à côte. Il n'était pas "officiellement" bigame, évidemment. La loi s'y oppose. Dans la conception "occidentale", il ne sied pas de convoler en secondes noces. Mais lorsqu'il s'agit de tromper sa femme, autrement dit de forniquer (adultère, juridiquement), de louer un appartement pour sa deuxième famille, de partager du temps avec elle, bref de mener une autre vie de famille, rien ne s'y oppose. La cohérence de la modernité... On préfère donc les cachotteries à l'entretien en bonne et due forme de ou des autre(s) famille(s)... C'était l'argument du président sud-africain, cela dit : "ce que vous appelez "maîtresses" en Occident, on les appelle "épouses", ici". Et toc.
La Cour de cassation avait même ravi les coquins lorsqu'elle avait décidé que "n'est pas nulle comme ayant une cause contraire aux bonnes moeurs la cause de la libéralité dont l'auteur entend maintenir la relation adultère qu'il entretenait avec la bénéficiaire" (29 octobre 2004). Assemblée plénière, s'il vous plaît... L'adultère, un "événement purement privé", avait-elle ajouté dans son rapport annuel de 2004. Donc, lorsque ce n'est pas de l'officiel, c'est-à-dire en réalité, dans les situations les plus délicates, les moins protectrices des droits des femmes-maîtresses et de leurs enfants communs, c'est acceptable. Ca ne dérange personne. Mais lorsqu'il s'agit de rendre officielle une telle union, le Droit s'y oppose. "En catimini, mon p'tit, allez...". La Cour européenne, dans l'affaire Serife c. Turquie (20/01/2009, arrêt non définitif), avait donné raison à l'Etat qui refusait de verser la pension de retraite à la compagne du défunt. Compagne qui invoquait son "mariage religieux" (mais l'affaire ne portait pas sur une situation de bigamie). Pas officiel, pas de droits, a rétorqué la Cour (4 contre 3) : "Quels que soient les arguments de la requérante, plutôt que la durée ou le caractère solidaire de la relation, l'élément déterminant est l'existence d'un engagement qui va de pair avec un ensemble de droits et d'obligations d'ordre contractuel. En l'absence d'un accord juridique contraignant, il n'est pas déraisonnable que le législateur turc accorde une protection uniquement au mariage civil" (§ 29). Dans leur opinion dissidente, les trois juges dont Madame Tulkens, ma bien-aimée, protestaient : "la Cour a souvent eu l'occasion de préciser que la notion de vie de famille comprend tout autant les relations fondées sur le mariage que les relations de fait (arrêt Merger et Cros c. France du 22 décembre 2004, § 44) et que des situations de fait peuvent conduire à la reconnaissance d'une vie familiale conventionnelle là où les liens juridiques font défaut" (§ 3). Mais s'agissant de la bigamie, la Commission européenne des droits de l'homme avait refusé de l'inclure sous la protection de l'article 12 de la Convention relatif à la liberté de se marier (X c. Royaume-Uni, 22/07/1970).
Bref, polygamie de facto, permis mais polygamie de jure, une horreur (on peut appliquer le même raisonnement pour la polyandrie) ! Le mari de la Niqabée vient d'ailleurs de trouver la parade : "oui je trompe ma femme avec trois autres femmes et alors ? Le délit d'adultère n'existe plus, coco, je la trompe autant que je peux". Respect de la vie privée, cela s'appelle. Autonomie personnelle, aussi. Chacun est libre de participer à des partouzes, à des clubs d'échangisme, à des séances de sado-masochisme, pourquoi pas à de simples galipettes dans un cadre plus apaisé qu'est un second logement ?
La Cour de cassation avait même ravi les coquins lorsqu'elle avait décidé que "n'est pas nulle comme ayant une cause contraire aux bonnes moeurs la cause de la libéralité dont l'auteur entend maintenir la relation adultère qu'il entretenait avec la bénéficiaire" (29 octobre 2004). Assemblée plénière, s'il vous plaît... L'adultère, un "événement purement privé", avait-elle ajouté dans son rapport annuel de 2004. Donc, lorsque ce n'est pas de l'officiel, c'est-à-dire en réalité, dans les situations les plus délicates, les moins protectrices des droits des femmes-maîtresses et de leurs enfants communs, c'est acceptable. Ca ne dérange personne. Mais lorsqu'il s'agit de rendre officielle une telle union, le Droit s'y oppose. "En catimini, mon p'tit, allez...". La Cour européenne, dans l'affaire Serife c. Turquie (20/01/2009, arrêt non définitif), avait donné raison à l'Etat qui refusait de verser la pension de retraite à la compagne du défunt. Compagne qui invoquait son "mariage religieux" (mais l'affaire ne portait pas sur une situation de bigamie). Pas officiel, pas de droits, a rétorqué la Cour (4 contre 3) : "Quels que soient les arguments de la requérante, plutôt que la durée ou le caractère solidaire de la relation, l'élément déterminant est l'existence d'un engagement qui va de pair avec un ensemble de droits et d'obligations d'ordre contractuel. En l'absence d'un accord juridique contraignant, il n'est pas déraisonnable que le législateur turc accorde une protection uniquement au mariage civil" (§ 29). Dans leur opinion dissidente, les trois juges dont Madame Tulkens, ma bien-aimée, protestaient : "la Cour a souvent eu l'occasion de préciser que la notion de vie de famille comprend tout autant les relations fondées sur le mariage que les relations de fait (arrêt Merger et Cros c. France du 22 décembre 2004, § 44) et que des situations de fait peuvent conduire à la reconnaissance d'une vie familiale conventionnelle là où les liens juridiques font défaut" (§ 3). Mais s'agissant de la bigamie, la Commission européenne des droits de l'homme avait refusé de l'inclure sous la protection de l'article 12 de la Convention relatif à la liberté de se marier (X c. Royaume-Uni, 22/07/1970).
Bref, polygamie de facto, permis mais polygamie de jure, une horreur (on peut appliquer le même raisonnement pour la polyandrie) ! Le mari de la Niqabée vient d'ailleurs de trouver la parade : "oui je trompe ma femme avec trois autres femmes et alors ? Le délit d'adultère n'existe plus, coco, je la trompe autant que je peux". Respect de la vie privée, cela s'appelle. Autonomie personnelle, aussi. Chacun est libre de participer à des partouzes, à des clubs d'échangisme, à des séances de sado-masochisme, pourquoi pas à de simples galipettes dans un cadre plus apaisé qu'est un second logement ?
Sauf à faire du mariage religieux, une infraction. Autant dire, une atteinte à la vie privée. Comme l'Etat est là pour s'adapter à l'évolution des moeurs, il devrait également commencer à cogiter sur ces questions. Encadrer juridiquement vaut toujours mieux que de s'enfermer dans de grands principes qui viennent tout droit des valeurs chrétiennes. Pourquoi la loi imposerait une normalité, celle d'être monogame ou monandre ? Car la polygamie est "dérangeante pour l'idée républicaine de la condition des femmes et incompatible avec le mode de vie dans notre pays" avait dit la Commission nationale consultative des droits de l'homme en 2006 (p. 34). "Idée républicaine de la condition des femmes". "Républicaine". Pathologie française, il faut absolument que ce mot apparaisse...
Cette affaire de la femme en niqab verbalisée pour conduite dans "des conditions non aisées" (Illégalité, nous a appris Maître Eolas) tourne encore une fois à une "papoterie" nationale sur le mode de vie des musulmans. Ca permet surtout de remettre sous les feux de l'actualité, la lancinante question du niqab.
Monsieur ferait partie d'un groupe islamiste radical, aussi. L'a-t-on vu ? Barbu, dégueulasse, costume à la saoudienne, horreur. "C'est un terroriste, j'pense !", "ouais moi aussi, ils veulent faire sauter la République !", "ouais, regarde, ils pillent la CAF", "arrête j'ai peur"... Et alors ? devrait-on se demander. Où est le problème ? Ils veulent l'application de la charia. C'est ce que le cour européenne des droits de l'homme appelle la liberté d'expression (Gündüz c. Turquie, 4/12/2003) : "Pour la Cour, ces propos dénotent une attitude intransigeante et un mécontentement profond face aux institutions contemporaines de Turquie, telles que le principe de laïcité et la démocratie. Examinés dans leur contexte, ils ne peuvent toutefois pas passer pour un appel à la violence ni pour un discours de haine fondé sur l'intolérance religieuse" (§ 48); "de l'avis de la Cour, le simple fait de défendre la charia, sans en appeler à la violence pour l'établir, ne saurait passer pour un « discours de haine »" (§ 51).
Cette affaire de la femme en niqab verbalisée pour conduite dans "des conditions non aisées" (Illégalité, nous a appris Maître Eolas) tourne encore une fois à une "papoterie" nationale sur le mode de vie des musulmans. Ca permet surtout de remettre sous les feux de l'actualité, la lancinante question du niqab.
Monsieur ferait partie d'un groupe islamiste radical, aussi. L'a-t-on vu ? Barbu, dégueulasse, costume à la saoudienne, horreur. "C'est un terroriste, j'pense !", "ouais moi aussi, ils veulent faire sauter la République !", "ouais, regarde, ils pillent la CAF", "arrête j'ai peur"... Et alors ? devrait-on se demander. Où est le problème ? Ils veulent l'application de la charia. C'est ce que le cour européenne des droits de l'homme appelle la liberté d'expression (Gündüz c. Turquie, 4/12/2003) : "Pour la Cour, ces propos dénotent une attitude intransigeante et un mécontentement profond face aux institutions contemporaines de Turquie, telles que le principe de laïcité et la démocratie. Examinés dans leur contexte, ils ne peuvent toutefois pas passer pour un appel à la violence ni pour un discours de haine fondé sur l'intolérance religieuse" (§ 48); "de l'avis de la Cour, le simple fait de défendre la charia, sans en appeler à la violence pour l'établir, ne saurait passer pour un « discours de haine »" (§ 51).
Pendant ce temps, le gouvernement de la République française a décidé de violer la Constitution et les conventions internationales auxquelles la France est partie. C'est qu'il veut passer en force. Le Conseil d'Etat avait dit des choses juridiquement sensées, pourtant. Tant pis, la base pousse; elle veut des sacrifices. Et comme Le Pen se revigore à chaque fois que le mot niqab passe au 13h, il fallait agir. Il ne vient à l'idée de personne de modifier la législation pour permettre la déchéance des Français de souche, aussi. Et rétablir le bannissement, aussi. Comme ça on en finira une fois pour toute, on déchoira directement Jean-Marie Le Pen qui vient encore une fois de dire des choses abjectes sur Vichy et les Juifs. J'avoue que les valeurs républicaines sont plus bafouées dans ce cas-là que dans un cas de fraude aux allocations familiales. Quoique dans un pays où 30 % des habitants se disent racistes, on n'est pas sorti de l'auberge...
Alors que la vie politique dans le continent européen baigne de plus en plus dans le racisme et la xénophobie, la France ne voulait surtout pas être en reste. Un pays dont le ministre de l'Intérieur est attrait devant un tribunal correctionnel pour injures raciales. Excusez du peu. Un pays où le Président de la République se destine éhontément à violer une liberté fondamentale au nez et à la barbe du Conseil d'Etat. Un pays où les femmes qui vivent selon leur impératif religieux reçoivent des torrents d'insultes dès que l'occasion se présente. Un pays où le "consensus républicain" est devenu synonyme de sacrifices pour les musulmans dans l'exercice de leur liberté de religion. On dérange tant ? Ne nous méprisez pas si ouvertement, au moins, faites cela dans l'art, nous possédons un honneur aussi, nous autres musulmans...