dimanche 26 septembre 2010

Mort en Occident, mort en Orient...

C'est tout lui, que voulez-vous. Mahmoud. Toujours aussi benoît. Il criait encore du haut de la tribune de l'ONU. Le président islamiste qui a volé les élections. Cohérent n'est-ce pas ! Islam et vol ! Islam et violence ! Islam et sang ! C'est qu'il y avait eu des protestations à l'époque. Des tabassages, des gourdins par-ci, des gaz lacrymogènes par-là. D'ailleurs, Mehdi Karoubi reçoit toujours de temps à autre, quelques menaces, fait l'objet de bousculades ici ou là.


Il faut au moins lui rendre l'hommage d'avoir "mis à sa place" le journal ultra-conservateur qui s'en prenait aux moeurs de notre chère First Lady. Faut-il le rappeler, dans l'islam, le fait d'attenter à la pudeur d'une femme sans preuve mérite quelques coups de fouet. Pas de bol, le journal en question est une antenne du Guide suprême. La charia ne s'applique pas dans ce cas. Car quand le Guide se mêle de quelque chose, la Loi de Dieu saute... Dit en passant, Sa Majesté le Guide parle très bien le turc; c'est un Azéri. "C'est quoi le rapport ?", "aucun, c'est pour meubler"...


Il est sensé parfois; la question a l'air pertinente : "pourquoi tant de pleurs pour Sakinah et rien pour Teresa ?". Bonne question. Teresa, cette femme qui serait mentalement peu développée mais suffisamment alerte pour vouloir la mort de son mari et de son beau-fils; histoire d'empocher les assurances-vies. Sakinah, elle, était moins diabolique : faire tuer son mari par son amant. Ça défouraille mieux lorsque l'amant n'a plus le souffle du mari sur le dos, c'est connu. Histoire d'amour. L'autre, histoire de fric. Plus crapuleux...


Mais non, en réalité. Teresa était hébétée par ses substances, elle n'avait pas pu planifier tout cela; c'était son amant qui avait tout concocté. Celui qui devait éliminer les deux hommes. Et ce sicaire a profité charnellement de Teresa, aussi. Teresa est devenue une Sakinah. Un amant qui tue, un mari qui dérange, un avenir meilleur. Et il l'a avoué au tribunal, le salaud. Dit en passant, c'est un assassin qui garde quand même un peu de conscience car beaucoup, à sa place, se seraient déchargés sur Teresa. Mais l'assassin était son amant. Du Sakinah pur jus.


Évidemment, dénoncer une lapidation, c'est toujours plus bandant que dénoncer une mort "par injection létale". Non c'est gentil de leur part. Mille mercis. Car il faut être sec comme une tripe pour passer à côté. Mais on ne peut pas faire comme s'il n'y avait pas de double standard. Pas pour les beaux yeux de Sakinah, non. Pour ceux de Teresa. Ne méritait-elle pas non plus les évanouissements d'usage des "humanistes" ? Une résolution du Parlement européen ? Des protestations de Kouchner ? de Madame le Président ? N'était-elle pas assez orientale pour mériter le regard de ces bonnes âmes ? Les condamnés à mort de l'Occident ne rehausseraient-ils pas le prestige de celui qui les défend ?


Teresa a été tuée par la justice. Il faut bien faire pleurer les chaumières : on lit : "Au cours de la journée, la condamnée à mort, installée dans une cellule sans fenêtre, avait reçu la visite de son fils, de son avocat et d'un prêtre. Peu de temps avant l'injection, elle a pris une douche, puis son dernier repas : «poulet, haricots verts, gâteau au chocolat et tarte aux pommes»" . Telle est cette "justice" : paradoxalement, on a pitié pour l'assassine.


Il nous reste plus qu'à admirer l'objectivité des médias occidentaux. En Occident, on tue dans une salle perdue d'une prison. Avec un liquide. Devant un dernier témoin obstiné. En Orient, on lapide à force de pierres "ni trop grandes ni trop petites". Devant une foule baveuse. C'est donc juste le degré de raffinement de la scène qui change. Teresa est morte. Passed away. Sakinah a grappillé, semble-t-il, quelques mois voire obtenu une commutation. Victor Hugo, aboulez-vous très cher ! Donnez donc cette leçon d'humanité : "Se sont-ils jamais seulement arrêtés à cette idée poignante que dans l'homme qu'ils retranchent il y a une intelligence; une intelligence qui avait compté sur la vie, une âme qui ne s'est point disposée pour la mort ?" (Le dernier jour d'un condamné). Bon pour l'Orient et l'Occident...