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dimanche 25 novembre 2012

D'ici, de Là-Haut

A chaque fois qu'une bombe explose, qu'une tête tombe, qu'un corps disparaît, nous avons coutume de clamer, nous autres mahométans : "attention aux amalgames ! Ne jetez pas l'anathème sur tous les musulmans !". Les plus saints d'esprit nous croient, les plus malins font comme si et les plus irréductibles nous maudissent in petto. Et c'est humain, qu'y pouvons-nous, le terroriste souille sa famille, son clan, sa patrie, sa religion. Il est seulement lui et un peu des autres. Un, mais partie d'un tout. Et ce tout s'en trouve gêné, il constate des choses, il mène des réflexions mais ne conclut pas, ne déduit rien. Ces têtes brûlées se disent musulmans et comment ! les vrais, les plus rigoureux, de la race des anciens. Heureusement qu'une minorité ne sert qu'à éclabousser et non à qualifier...

Alors quand on découvre une nouvelle congrégation de pédophiles chez les catholiques, on essaie de s'appliquer la leçon qu'on donne aux autres. "Certes tous les ecclésiastiques ne sont pas pédophiles mais bon, c'est tout de même navrant que le clergé forme un puissant contingent parmi ce groupe !". Et on s'excuse rapidement. D'abord, on a peur de se faire réprimander, ensuite, on a peur de froisser, enfin, on a peur de ragoter. Ce n'est que la minute suivante qui nous rend notre conscience, la première est celle de l'exaltation. Heureusement, dit en passant, que l'Église catholique a de l'ancienneté; secte, elle aurait eu maille à partir avec les âmes évanescentes de la Miviludes...

Il faut des femmes, c'est certain. Les catholiques rechignent. Et les anglicans ont réussi à saborder une tentative. Avec sa barbe à rallonge, on aurait dit un intégriste, Monseigneur Rowan Williams. Alors que. Ma pauvre abeille, il soutenait mordicus l'ordination de femmes évêques ! Le projet refusé à six voix près ! Et encore plus "bête", les clercs sont pour, ce sont les laïcs qui ont semé la zizanie. Et Monseigneur de déclarer : "difficile à faire comprendre au reste de la société". Eh ben ! Les religions deviennent des clubs démocratiques où il faut satisfaire les adhérents. Ce qu'en pense Dieu ne tient qu'à six voix. Dans quelques années, on les séduira, les femmes seront évêques, le chef est déjà une Reine, l'archevêque se déridera. Et Dieu ? On s'en fout, passez l'expression; des religions où les grands dossiers tiennent aux voix des créatures, le Créateur en a vu passer.

C'est tout de même truculent, franchement. Un Dieu, ab initio. Au final, la Trinité (une nature, trois personnes), quelques livres sacrés, d'innombrables Églises, un Pape qui nargue le Patriarche de Constantinople qui boude celui de Moscou, un anglican trop démocrate qui rate des réformes, des évangéliques sans queue ni tête, nombre patriarches ici ou là, une pagaille doctrinaire. C'est à se demander si au fond d'eux-mêmes, à coeur ouvert, ils croient encore en Dieu ou s'ils ne sont tout simplement pas devenus esclaves de leur titre. La conviction sans étude est un véritable fléau. Allez discuter avec certains alévis qui lisent le Coran mais ignorent la prière, qui jeûnent dix jours au mois de Muharram mais nient le jeûne du Ramadan, qui croient en Mouhammed mais refusent sa sounna, ils seront incapables de tenir plus de dix minutes dans leur argumentaire. Et cela ne leur pose pas problème, le but est de vivre sa foi, pas de se conformer à la religion...

Et il faut un sacré tempérament pour s'arranger avec soi-même et intégrer Dieu dans sa bulle. Car les hommes de religion sont devenus honteux, ils n'osent dire les vérités de leur credo de peur de passer pour rétrogrades. Le calcul entre, Dieu sort. Ils retranchent, ils ajoutent. Ils trahissent. Dans les pays du nord, ce sont les politiciens qui imposent aux Églises de célébrer des unions homosexuelles, l'Église danoise, l'Église suédoise s'inclinent, l'Église anglicane refuse mais invoque la tradition, l'Église catholique refuse et n'invoque rien. Et la Bible ? Pas moderne. On l'escamote. Avons-nous entendu un argument théologique dans la bouche du cardinal Vingt-Trois ? Non. Anthropologie, psychiatrie, philosophie. Mais pas théologie. Le travers de l'idéologie des droits de l'Homme, elle demande aux religieux d'arrondir les angles, de ne pas citer leurs livres sacrés. Or ceux-ci sont clairs : l'acte homosexuel est condamné. Dans les religions, l'homosexualité est, en cas de bon usage, un don du Ciel. Et le bon usage est précisément l'abstinence...

Les imams se font souvent un délice de rappeler que les religions précédentes donc abolies ont sciemment caché la Vérité. Le Coran l'affirme. Le contrecoup est qu'ils en disent, cette fois-ci, plus qu'il n'est nécessaire. Les homosexuels sont des dépravés, les unions civiles des abominations, la gestation pour autrui une monstruosité, etc. Dieu désapprouve sans doute tout ce qui vient d'être mentionné. Mais ses "interprètes" chrétiens se la jouent modernes et n'ouvrent pas le Livre, ses "lieutenants" musulmans se la jouent authentiques et mélangent au Livre leur propre sévérité. Après tout, chacun son lien de rattachement et son degré de soumission. Mais le problème est autre : Dieu a posé des interdictions. Il appartient aux hommes de religion de les signaler, rien que de les signaler. Sans rougir ni de honte ni de colère. Sans considérer les hommes, sans concurrencer Dieu. Autrement dit, de remplir leur sacerdoce, la transmission et de laisser au croyant le soin d'user de sa liberté individuelle. En bien ou en mal. Où a-t-on vu des procureurs juger ? Ce serait brûler la politesse au Juge et aux avocats (intercesseurs) qui, eux, par la nature des choses, sont miséricordieux...

mardi 8 février 2011

Vive le Roi !

Une nouvelle révolution, nous dit-on. L'Egypte s'agite, Moubarak semble vaciller, les Frères musulmans semblent percer. Un "étranger" qui se nomme El Baradei apprend à sortir dans les rues égyptiennes et à se faire bousculer dans la bonne humeur tandis qu'un oligarque, Amr Moussa, se la joue démocrate et se fait déjà porter sur les épaules. Celui-là même qui avait dû se rasseoir rapidement sur les instances de Ban Ki-Moon alors que le Turc Erdogan claquait la porte. A Davos. Il faisait "pitié" à l'époque, passez l'expression. Aujourd'hui, comme les dés sont jetés, il gagne en confiance. Les serviteurs de Moubarak rectifient leur titulature, c'est la mode. "Ah non alors ! J'étais ministre de la République égyptienne, pas de Moubarak ! Allez, allez, dans les révolutions, il ne faut pas se poser trop de questions !"...


Tout le monde a les yeux rivés sur la "rue arabe". Et sur le "modèle turc". Car il faut démontrer aux gens affolés que l'islam et la démocratie sont compatibles. Israël pique une rage, par exemple. Il préfère les dictatures; apologie de la laisse. Car il pense d'abord à son peuple, il faut le comprendre. C'est que la démocratie, dans un pays arabe, serait contre-productif : elle laisse le gouvernail aux anti-démocrates, comprenez les islamistes. Et les islamistes veulent assidûment la destruction d'Israël. Les Palestiniens, par exemple. On leur avait dit de voter. Ils l'ont fait, d'ailleurs. Mais mal. Malheur au technocrate qui, un beau jour qu'il s'ennuyait dans son bureau du 15è étage, avait décidé d'exporter la démocratie ! Depuis, la sentence s'est imposée : les Arabes sont immatures...


A Istanbul, l'éternelle capitale de l'Empire, une vieille dame suit, sans doute de très près, la déflagration. La dernière "Première Dame" de la monarchie égyptienne, la princesse Fatma Neslişah. Elle vient d'avoir 90 ans. Épouse du Régent égyptien Muhammed Abdulmümin (1952-1953). Mais surtout, petite-fille du dernier sultan ottoman Vahidettin Mehmet VI, par sa mère (Sabiha Sultan, la femme dont Mustafa Kemal avait demandé la main mais qui avait refusé) et petite-fille du dernier calife Abdülmecid Efendi, par son père. La dernière sultane ottomane à être née sous l'empire et donc mentionnée dans le registre impérial des naissances.


L'Egypte, comme on le sait, a été dirigée par des familles étrangères. Des xénocraties, sans interruption depuis les Pharaons. Ce n'est qu'à partir de Naguib et surtout de Nasser que les Égyptiens ont repris leur destinée. C'est que la dynastie Mehmet Ali était une famille ottomane. On parlait le turc dans la cour du Khédive, devenu un temps Sultan et à partir de 1922, Roi d'Egypte. C'est un peu comme les Bernadotte en Suède. Une famille française. J'ignore si ces derniers parlent toujours le français, la langue de leur ancêtre qui, faut-il le rappeler, a toujours eu du mal à parler le suédois...


Le roi Fârûq (1936-1952) avait fini par abdiquer en faveur de son fils, un bébé de 6 mois, Fouâd II. La Régence fut assurée par le prince Abdulmunim, le mari de la princesse Fatma Neslişah. Elle ne durera qu'un an. Le roi Fouad II vit actuellement en France. Sa tante, Fawzia Shirin, une des plus belles femmes au monde, était la première épouse de Reza Pahlavi. Elle aussi, a 90 ans. Et vit en Egypte.


Neslişah Sultan est la "grand-mère" des Ottomans. Celle qui, après le décès d'Osman Ertuğrul Efendi, le chef de la maison impériale décédé en 2009, avait conseillé de ne plus parler de "dynastie" mais de "famille" ottomane. En effet, tous les princes actuels sont nés après la République et ne peuvent donc témoigner d'une quelconque connaissance des habitudes impériales. Cette proposition avait provoqué quelque remous au sein de la "dynastie".


Le Roi Fouâd II aurait envoyé un message de soutien au processus de démocratisation en cours. Car, au fond, qui d'autre qu'un monarque peut avoir une franche passion pour le pays. Son pays. A-t-on déjà entendu un dictateur qui attendrit ? Ils sont tous voués au diable. Les dictateurs se suivent. Les princes et princesses demeurent. Tiens; eh si on rétablissait la monarchie en Egypte ? Fouâd II est là. Prêt, sans doute. Il ne va tout de même pas refuser la Restauration. Et il parle arabe, lui. C'est qu'il s'y est mis. Un bel exemple pour les membres de la famille ottomane qui justifient leur méconnaissance du turc par l'exil. Kenizé Mourad disait encore, samedi dernier, qu'elle n'avait pas le temps ! Bouououh... Allez les Ottomans ! Un peu de courage ! C'est que les réunions de famille ont l'air un peu cacophonique...

samedi 4 décembre 2010

Deux et deux font cinq

Les Suédois, toujours aussi polis. Si suaves, si sensés, si humanistes. L'Ombudsman des discriminations vient enfin de rendre sa "sentence"; nos "Gerin et autres" avaient parlé de l'affaire dans leur rapport (p. 71). Celle de l'étudiante qui voulait porter un voile intégral cependant qu'elle aspirait à poursuivre ses études. Elle rêvait. Évidemment, des bâtons dans les roues, elle dut affronter. Les laïcistes sont partout, mon petit. Les "sauveurs de femmes-qui-refusent-obstinément-les-lumières" faisaient encore les rabat-joie. Mais la liberté religieuse devait triompher. En Suède, surtout.

Lisons-la, Mme Katri Linna : « interdire à une élève (en l’occurrence d’une école de puéricultrice) l’accès aux cours pour la simple raison qu’elle porte un niqab en classe est contraire aux principes contenus dans la loi sur les discriminations, notamment en matière religieuse ». Et elle est taquine, Madame : « La protection des droits fondamentaux constitue l’une des valeurs fondamentale sur lesquelles est basée notre société. A la différence d’autres États qui, au moyen de règles ou d’interdictions, entendent guider la conduite de leurs citoyens en matière religieuse, la Suède a choisi de respecter le principe de libre expression, par ses ressortissants, de leurs convictions religieuses ». Guider la conduite de ses citoyens, voilà bien une pique lancée en direction de la "France de Gerin et autres"...

Mais le parti libéral suédois joue le rôle de l'UMP, là-bas; le ministre de l'intégration, Erik Ullenhag a fait l'intéressant : « Ma détermination en sort renforcée : nous devons revoir la réglementation en vigueur afin que les chefs d’établissements scolaires et les enseignants puissent décider en toute connaissance de cause quelle attitude adopter dans l’hypothèse où des élèves voilées sont présentes dans les classes ». Poupin qu'il est. Une loi sur la vêture, encore une fois. Celle des musulmanes, évidemment, inutile de préciser. C'est que, elles seules, enquiquinent le monde.


Et c'est avec tout le poids de la doctrine libérale que le Sieur Ullenhag pontifie. Le ministre de l'éducation, qui est en même temps le chef des libéraux, partageait déjà cette idée, ça tombe très bien. "Communication oblige", avait-il éructé. "Regarder son interlocuteur dans les yeux". Avec la belle dentition qu'il a, c'est comme une blague. "J'arrive pas à me concentrer quand il parle, mes yeux glissent vers ici, voilà, là, exactement". Un peu comme Louis de Funès en face du flic au poireau...


En France, il faut le noter, pour une fois que la laïcité est appliquée à bon escient, une enseignante voilée a été licenciée. En bon libéral que je suis mon cher Erik, je m'oppose à l'obligation de neutralité vestimentaire imposée aux agents publics, mais c'est une autre question. De lege ferenda. Or de lege lata, on ne peut que prendre acte de cette sanction. "Juste" sanction. Conforme au jus. Laïcité implique neutralité du service public et par ricochet, neutralité de ses agents. Malheureusement. La nouvelle secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse et de la vie associative avait tenté un baroud d'honneur, on s'en souvient. C'était précisément sur cette histoire de neutralité. Elle présidait la HALDE. Depuis, elle est ministre de la République. Laïcité, une fois.


La transe continue. Il est de coutume, comme on l'a remarqué, d'extirper le mot "laïcité" à toute personnalité musulmane qui apparaît sur l'espace public. Nora Berra, celle qui avait vaillamment protesté contre un ancien garde des Sceaux quelque peu évaporé, était la suivante pour déclarer, devant la France entière, sa flamme à la laïcité républicaine (celle qui n'a rien à voir avec la laïcité juridique) : la laïcité devient "la garantie du bien-vivre ensemble", est placée "au sommet de toutes les valeurs", implique "une lecture des textes pour voir comment cette religion [l'islam] doit s'intégrer au sein de notre société". Le meilleur pour la fin : "ce qui m'a choqué ce n'est pas qu'il [Pascal Clément] dise qu'il ne faut pas de minarets, c'est qu'il compare les minarets et les tours de cathédrales"... Dire qu'il ne faut pas de minarets n'est donc pas, en soi, choquant; je note... Membre du gouvernement, elle est. Comme l'autre musulmane qui disait qu'il fallait non seulement bannir le voile intégral mais également le simple voile... Une République qui s'en prend, tous les quatre matins, aux musulmans de ce pays; et ce sont les membres musulmans du gouvernement qui sont les plus fervents; la coutume, encore une fois ou le zèle des nouveaux convertis... Laïcité, deux fois.

Il est si difficile de dire haut et fort que ce qu'a dit Clément l'an dernier et ce qu'avait dit de Gaulle en son temps ("Colombey-les-Deux-Mosquées") sont illégitimes dans une démocratie réellement laïque ? C'est tout simplement une pathologie : le "complexe du musulman parvenu". Toujours ce besoin d'être plus royaliste que le roi. De Gaulle avait dit une connerie, point.


Un sésame. Si bien qu'un esprit français se fanatise, à force. L'occurrence devient absurde. On s'en souvient : la loi sur le voile intégral prévoyait une médiation de quelques mois. La République voulait d'abord tenter le prosélytisme laïciste avant d'imposer sa solution. Car c'était pour le bien de ces petites demoiselles si promptes à se soumettre à une spiritualité aussi anti-républicaine. Le Gouvernement avait mûrement réfléchi; et s'était résolu à confier cette médiation à une association surreprésentée dans les banlieues, respectée par tous et assez impartiale pour convaincre dans la joie et la bonne humeur : Ni Putes Ni Soumises. Être futé, ça s'appelle... Et comment furent appelés ces "missi dominici", devine ? Stop, c'est bon : "Ambassadrices de la laïcité et de l'égalité hommes-femmes". Joli, non ? Hein ? Le "et" semble séparer la laïcité et l'égalité hommes-femmes mais c'est tout le contraire qu'il faut comprendre; c'est un "et" enveloppant. Laïcité devient libération de la femme. Du mâle et de Dieu. Je l'ai déjà dit, elle est jalouse, la République... Laïcité, trois fois.

Le glissement du sens s'opère sabre au clair, dorénavant. Les poids lourds du NPA n'avait-il pas banni la candidate voilée aux régionales au nom précisément de la laïcité et du féminisme ? Madame vient de claquer la porte, à son tour. Non, je comprends qu'une femme voilée, a priori soucieuse de son image auprès de son Seigneur, refuse d'adhérer à un parti qui prône l'athéisme; c'est logique. Moi-même, adolescent, avant d'être royaliste, je souhaitais devenir laguilleriste; je n'étais pas païen, non, j'étais adolescent. Je refaisais le monde. Seul, évidemment. Ma célèbre suffisance. "Non" avait dit je ne sais plus qui, il faut participer à la révolution. Ouaich ouaich. Avec ? Bah les trotskistes. Ah ouais ? J'avais lu quelques papiers sur eux et la réserve à l'égard de la religion avait attiré mon attention. Ah, j'y tenais à mon Dieu ! Et qu'est-ce que j'allais dire à mon père, ils étaient bien marrants, eux, les camarades ! Je suis Ossète moi, mon ami, la hiérarchie est sacrée chez nous, allez, bon courage, ciao...

Yok anacim, la laïcité dérègle les sens; en Turquie, par exemple. On savait que l'armée était prête à tout pour elle. Wikileaks nous l'apprend, nos vaillants généraux bombaient le torse devant le diplomate américain, "ah si on veut, on intervient, coco, si on reste dans nos casernes, c'est une faveur de notre part !". Bon, on a compris, eux, ils sont irrécupérables. Mais quand Jean-Paul Costa trébuche sur la question, on s'inquiète. Non non, pas Caroline Fourest, Monsieur Costa, le président de la Cour européenne des droits de l'Homme. On connaît la jurisprudence de la Cour sur la question du voile, elle a tort, au moins on le sait. Et ses arrêts ne contiennent aucun argument juridique robuste à se mettre sous la dent. Mais de là à ce que son président perd ses moyens lorsqu'il est interrogé sur la laïcité, il y a une grande différence. C'est un Français, on l'aura compris. Il a d'abord tremblé...

A une journaliste turque qui lui demandait si l'abrogation de l'interdiction du voile dans les universités était contraire à la Convention européenne, Costa répondit : "la laïcité fait obstacle à la levée de l'interdiction, il faut que vous changiez votre Constitution; si vous ne voulez plus de la laïcité, nous aviserons et changerons notre propre jurisprudence car nous envisageons les situations en fonction des pays". Voilà bien un scandale. Même le président de la Cour européenne n'a pas encore compris que les affaires sont traitées sous l'angle de la seule Convention européenne et non du droit national des pays ! A quoi ça sert d'aller à Strasbourg pour lire, in fine, sa propre Constitution...


La journaliste, qui a bien bossé son dossier, attire alors l'attention sur la laïcité française qui ne postule aucune interdiction au niveau des universités; Costa rétorque : "oui mais la laïcité française n'interdit pas les signes religieux à tous les échelons ! En réalité, ça semble confus ce que je dis mais nous ne faisons que raisonner sur la base de la conception nationale de la laïcité". Eh ben ! Il ne faut le dire à personne mais j'envisage de faire une thèse de droit l'an prochain; mon sujet porte précisément sur cela : "la Convention européenne des droits de l'Homme et le relativisme national" ou pour faire plus style, "Contribution à l'étude de la marge nationale d'appréciation". Un rêve pour l'instant. Késako ? La laïcité devient un principe supra-conventionnel pour on ne sait trop quelle raison et chaque État peut désormais violer la liberté religieuse en bonne conscience dès lors qu'il le fait en application de "sa" laïcité ! Depuis quand la marge nationale d'appréciation est-elle devenue un quitus pour violer un droit conventionnellement garanti ? On rêve encore une fois car celui qui parle raisonne en français. Il est en transe, vous l'avez compris, le mot laïcité a été prononcé... Un grand homme, certes. Il part en retraite, d'ailleurs. C'est bien dommage... Laïcité, quatre fois.


Il n'est pas difficile de le deviner; la juge turque Mme Işıl Karakaş ne partage pas le raisonnement juridique de la Cour; on sait que l'ex-juge, celui qui donne désormais des leçons de démocratie dans sa chronique dans Milliyet, était fermement attaché à la laïcité turque. Costa l'avoue : il y a une laïcité à la turque et une laïcité à la française. Danger, nous disons : le laïcisme a supplanté la laïcité. Pour un fervent défenseur de la laïcité comme moi, on se désole. On rage même. La juge turque a enfin redoré l'image de la laïcité, la vraie. Il ne reste plus qu'un autre bon juriste soit nommé à la place du partant français. Un "islamophobe" a estimé Taha Akyol, la figure du libéralisme en Turquie. En France, le professeur Gilles Lebreton n'y avait pas été de main morte, non plus : "la Cour se méfie de l'islam lui-même, qu'elle considère comme une religion intrinsèquement dangereuse". Au revoir Monsieur Costa, sans rancune... Laïcité, cinq fois.

lundi 22 novembre 2010

"La chair plaidant son ordure"...

Ils sont tous pareils, en réalité, les hommes. Les "seigneurs" n'échappent en rien à la typologie. Qui dit aristocrate dit, pourtant, bienséant. Mais c'est un homme, au fond. Et personne ne peut me convaincre qu'un sieur puisse être autre chose qu'un prédateur. Car le mot siffle, sent, fouette, dévêt : mâle. Prononcez-le, il croque. "Ça va ?", "une amie un peu olé olé m'avait soufflé ces mots, je les ressors !"...

La science nous l'a démontré : un homme est un étalon. Même le Monsieur du coin, qui semble si raffiné, si loin de cette allure bestiale, est un coureur. Le désir sexuel, comme on le sait, perturbe le cerveau d'un homme. L'excitation le transforme; même le plus "anémique" ou le plus "bon chic bon genre" devient pour quelques secondes, un mâle. On se rappelle le prince Charles et ses "sérénades" à sa Camilla si fraîche et si affriolante : il voulait "live inside your trousers ... as a tampon". Si si. Il s'était excusé, d'ailleurs; il s'était égaré... Une âme bien née, ça s'appelle.

Et un mâle trompe à qui mieux mieux. Dans sa tête, souvent. Car l'imagination est ce divin bordel qui permet de s'en tirer sans répondre de ses incartades. D'autres passent à l'acte. Une seule, toute une vie ? "Ça serait faire injustice à Gonade !" m'avait dit un ami. Je rougissais, moi. "Bah j'sais pas moi, on dit que c'est odieux de tromper sa moitié, non ?", "pipeau ! Une femme se conjugue toujours au pluriel !". Ouah ! Quelle intelligence ! Quel aphorisme ! Amin Maalouf l'écrivait un peu mieux, lui : "une épouse sage cherche à être la première des femmes de son mari, car il est illusoire de vouloir être la seule" (Léon l'Africain).

Et quand je pense qu'on fantasme encore aujourd'hui sur le harem des sultans arabo-musulmans. Brunes, blondes, rousses. A volonté. Cocagne ! Et même des hommes; on s'en souvient, un prince saoudien avait tué son "esclave sexuel-petit ami" en plein Londres. Prince, arabe, homosexualité, odalisques.

En Occident, je l'ai toujours dit, on retrouve les mêmes pathologies universelles mais ça pue moins. Les cours regorgent de reines cocues. Le roi Charles XVI Gustave est le dernier à être pris la main dans le tamp... euh sac. Avec la tête figée qu'il a, on aurait dit un "bon père de famille" sans histoire, sans désir extraordinaire.



Et c'est un Suédois; les Suédois étant toujours parfaits, on est bien choqués. On a presque pitié pour lui. Car ses frasques à la Berlusconi doivent, évidemment, gêner sa femme et ses enfants. Sa fille vient de se marier, par-dessus le marché. Et Sa Majesté la Reine Silvia ferait la gueule, à ce qu'il paraît. "Moi franchement, je me suicide si j'entends que le prince Felipe a trompé Letizia !", "le couple le plus assorti, c'est vrai, ça serait dommage !".



On avait déjà croisé le roi des Belges en pleine tourmente. Un autre Albert, celui de Monaco, avait également eu un fils avec une Togolaise. Les rois français n'en parlons pas; ils avaient tout bonnement un harem rempli de maîtresses officielles. Comme le sultan ottoman. La protection juridique en moins.... Le despote de l'Est était donc un brin plus civilisé...

Ah ça jase chez les aristo. Les fiançailles du prince William, maintenant. Et on s'est demandé si la future reine était bien vierge. On se croirait en Arabie. Évidemment, concernant une jeune femme de 28 ans, c'est absurde d'attendre une réponse positive à cette question. Rupert Finch l'aurait déjà déniaisée. Ah l'hymen des femmes !, une préoccupation en Occident et en Orient...
Après tout, on parle du futur Roi du Royaume-Uni, du Canada et de l'Australie, entre autres. Et c'est William. On sait que son frère est plus terre-à-terre; il est connu pour sa tranquillité et son "naturalisme". William est beaucoup plus somptueux. C'est l'image qu'on avait de lui, en tout cas. Jusqu'à ce que les paparazzi immortalisassent une des scènes les plus intimes du prince; il lansquinait. Ca n'enlevait rien à son prestige, évidemment. "Au contraire" m'avait soufflé un ami gay... "ay sus ayol !"

C'est ainsi; l'amour, c'est un frétillement de quelques semaines. Ensuite, vitesse de croisière. Même lit, même tronche, même odeur. Burak Hakki, le "Kenan" de Dudaktan kalbe, vient de le dire : "l'amour est une maladie passagère; le couple ne survit qu'avec l'estime et l'habitude; l'amour, ça s'éteint toujours". Ouah le philosophe ! Dit en passant, on apprend que Kivanç Tatlitug et Kenan Imirzalioglu sont ses amis. "Arrête je suis en transe !", "nan j'arrête pas, d'ailleurs, on aurait croisé un de ces jours Kivanç dans un bar homosexuel...". Effondrement. "Oh oh !"... Nan, allez, il rejette ces insinuations. Qui d'ailleurs, l'accepte ?

En tout cas, les Turcs préfèrent le ténébreux Kenan. C'est ici. C'est que les Blonds n'ont pas la cote en Turquie. On les raille, presque. "Sarı". Le brun est un mâle, un homme, un Turc. Quoique Kivanç a su montrer dans son dernier rôle qu'il pouvait tenir une arme et jouer le mâle méchant. Mais il avait les cheveux ras, histoire de le brunir. Car un blond qui fronce les sourcils, c'est toujours risible. Ca ne colle pas.

Mais on a un nouveau Kivanç, chères amies ! Blondinet. Il joue avec Beren Saat. Engin Öztürk, un des violeurs de Fatmagül, précisément.


Un jour, une fille le lui a gentiment quémandé : "viole-moi !"; schocking, évidemment. Un traumatisme pour le gars. Même Beren Saat en est déprimée. Tout le monde veut la violer maintenant. Éreintée, elle est. Les obscénités fusent à chaque fois qu'elle passe à côté d'un groupe de mâles : "et nous alors ?", "tu peux nous dépanner ?", "fallait pas remuer ta queue !", etc. La pauvre. Mais elle doit continuer; c'est qu'elle empoche 20 000 euros pour chaque épisode...

Ça serait ainsi. L'homme aurait une nature polygynique. "Et ça épice la vie d'un couple, hein ?", "astagfiroullah !"... L'infidélité d'une femme semble toujours plus anormale, d'ailleurs. Il suffit de mettre les pieds au fin fond de l'anatolie, par exemple : l'homme peut manger à tous les râteliers; c'est le mâle. Il en a besoin. Le simple enlacement de la fille appelle, quant à lui, les résolutions les plus lugubres. Quelle mère n'a-t-elle pas absous les "prouesses" de son fils et fustigé les "saloperies" de sa fille ? Quelle épouse n'a-t-elle pas lutté pour arracher son mari aux chants de sirène d'une catin ? L'homme court, les femmes devant, sa femme derrière. "La mâlitude, mon cochon, la mâlitude !". Les Turcs le disent : "erkeğin elinin kiri"; "l'infidélité de l'homme, c'est comme la saleté de la main", sous-entendu, ça se nettoie... Les mères sont les plus ardentes défenseuses de cette expression, allez comprendre...

dimanche 14 mars 2010

Charlatanesque

Il ne manquait plus que les Blonds. Les Suédois. Les types les plus beaux, les plus veloutés, les plus droits de la planète. BCBG. Eux aussi viennent de légiférer. La loi n°... du... portant reconnaissance du génocide des Arméniens, Assyriens, Chaldéens, Syriaques et des Grecs pontiques. Tout ça par les Ottomans, évidemment. Oui oui l'empire ottoman; celui qui se targuait d'être arc-en-ciel. Un beau matin, il avait décidé de décimer toutes ces (et ses) populations sans raison. C'est comme ça. "Ah bah, c'est des gens sérieux qui disent ça hein, c'est pas des charlots", "ouais". En tout cas, une vingtaine de pays a demandé pardon au nom des Ottomans qui n'existent plus. Et comme les Turcs sont négationnistes, il fallait bien que d'autres émissent un son, n'est-ce pas.


Cela pèse moralement, évidemment. Les Suèdois ont donc lâché. Ils n'en pouvaient plus. En général quand des élections approchent, les parlementaires ont besoin de laver leur conscience à grande eau. C'est que les seaux se bousculent en ce moment. Même la Catalogne a vu là un génocide. D'innombrables autres provinces dans le monde entier ont "succombé". Mais la baffe la plus indue est venue de l'allié stratégique; le comité des affaires extérieures de la Chambre des représentants s'est aussi aventuré. Certes, tous les ans c'est le même scénario mais la Turquie ne se lasse pas de bouder, à chaque fois que l'occasion se présente.


La Turquie se contente dans ces moments-là d'appeler l'ambassadeur pour consultation. "Alors vas-y raconte-nous ça en détail". Si bien que tout le corps diplomatique commence à trembler. Comme on le sait, les centenaires sont l'occasion d'un bouillonnement tout spécial. Et 2015 approche. Alors les Arméniens de la diaspora, qui ont fondé toute leur fortune sur cette cause, travaillent comme des boeufs. On estime donc que la plupart des grands pays vont légiférer à tour de bras dans ces cinq prochaines années, histoire d'atteindre l'apothéose en 2015. Et donc des bisbilles diplomatiques en perspective. Si bien qu'en retirant à chaque fois les ambassadeurs, ces derniers vont finir pas faire carrière en Turquie ! Mais c'est une simple protestation d'usage, heureusement. Ils repartent comme ils viennent. Sans défaire valise. Lorsque la France avait voté en 2001, la Turquie avait rappelé son ambassadeur; mais Madame son épouse, la célèbre artiste Filiz Akın, était restée en France et avait été très critiquée par les nationalistes. Alors qu'elle le savait elle, c'était juste une "formalité"; une comédie...


Une question d'honneur national, nous a-t-on appris à penser. Comment le grand peuple turc aurait pu assassiner ? Bonne question. C'est l'enjeu, cela dit. Il y a en fait, un véritable déshonneur national. Le vote est acquis par une voix de différence aux Etats-Unis et en Suède. Et la Grande Turquie accorde de l'importance à ce "match". Le thé dans la main, les chips dans la bouche, les Turcs se sont plantés devant leur poste de télévision pour suivre le résultat d'un vote d'un comité d'une assemblée d'un pays étranger... C'est cela l'humiliation. Et que dire du ministre des affaires étrangères turc qui appelle le président du CHP, parti de gauche, pour qu'il active ses réseaux au niveau de l'Internationale afin de dissuader deux ou trois socialistes suédois de voter pour la reconnaissance ! C'est cela l'humiliation.


Pour ma part, je n'ai toujours pas compris comment des hommes politiques peuvent être convaincus de la qualification de génocide alors que les historiens eux-mêmes en sont toujours au crêpage. Et quels historiens ! Certains écrivent des articles et même toute une série de livres sur cette question sans maîtriser, excusez du peu, l'osmanli ! Ecrire l'histoire sans analyser les archives, voilà bien une nouvelle méthodologie... "Bah nan hein, moi je fais avec les traductions !","t'as raison mon brave, tu seras un grand historien plus tard"... Heureusement que j'ai une licence d'histoire, ça permet de séparer le bon grain de l'ivraie. Oh oh...


Un travail de sape, en réalité. Il est vrai que les protocoles de normalisation signés par la Turquie et l'Arménie sont déjà tombés à l'eau; c'est que la Cour constitutionnelle arménienne a vidé de son contenu une disposition essentielle, celle de mettre en place une commission d'historiens. La Cour a estimé que cette commission ne saurait en aucun cas remettre en cause la qualification de génocide ! "Bah alors pourquoi on réunit une commission du coup ?", "bah pour parler des réparations, haha...".


Toute cette gesticulation turque ne doit pas cacher une absurdité qu'il ne faut cesser de dénoncer : les parlements n'ont aucun titre de compétence pour écrire l'Histoire. Quel que soit l'événement. Libre à eux de s'excuser pour les faits avérés. Le parlement français peut voter une résolution sur l'Algérie, par exemple. Ou les Etats-Unis sur Hiroshima et Nagasaki. Ces derniers peuvent aussi nous expliquer pourquoi les Indiens ne touchent pas aux billets de 20 dollars. Howard Zinn, mort dernièrement, ne qualifiait-il pas Andrew Jackson d' "exterminateur" ?


C'est vraiment pathétique. Un sujet sérieux, si difficile, est bassement traité. Les parlements votent mais les gouvernements appellent immédiatement Tayyip Erdoğan pour exprimer leur regret ! Une momerie. La Turquie doit dire des choses, certes; s'excuser, exprimer ses regrets, se désoler ne serait-ce que pour les "crimes de guerre". Mais ce n'est pas avec un poignard sur la gorge que cela se fait. Sinon on aboutit seulement à un forcement, pas à une prise de conscience. Et cela ne fait pas un pas en avant mais seulement un pas latéral... Bref, un trépignement pour tout le monde.