Une fois n'est pas coutume: j'ai tenté d'ébranler ma foi. Résultat: le sort s'acharne.
J'ai lu avec intérêt et sans parti pris le "traité d'athéologie" que nous a composé le philosophe Michel Onfray, "pape" si l' on peut dire de l'athéisme intégral (eh oui, encore une fois influence de l'épistémè judéo-chrétienne).
Michel Onfray veut secouer le joug des "fictions apaisantes" pour nous traîner à la suite d'une "raison qui soucie". Un réveil. "Une santé mentale recouvrée".
La mort de Dieu ? "Une fiction ne meurt pas " lâche-t-il en bon logicien. Après avoir reconnu que l'athéisme est condamné à se définir par rapport à Dieu c'est-à-dire à l'objet qu'il combat ("une construction linguistique exacerbant l'amputation"), il opte pour l'athéisme de Nietzsche, celui qui s'est amusé à révéler la "transvaluation" c'est-à-dire, pour aller vite, un athéisme de gouvernement et pas seulement de combat. Comme Deleuze; celui-là parle d' "athéisme tranquille". Joli. Bref, un athéisme qui sort de la chapelle ardente.
Après avoir dévidé son chapelet (origine des religions avec la "pulsion de la mort", maux des religions, résistance du formatage judéo-chrétien dans les mentalités, les gestes, les mots, le droit, etc), il dénonce le tort principal des religions: l'invite à la soumission; une attitude qui entraverait l'activité intellectuelle. La Genèse récuse "le goût de la science" (Notons-le: la Genèse). Fort possible. Or, je n'ai toujours pas compris en quoi la soumission entraverait l' activité intellectuelle. Deux activités qui relèvent de deux niveaux différents. Que la soumission entrave le raisonnement objectif de certains, oui; mais on peut être convaincu d'une chose irrationnelle et continuer à chauffer son cerveau. Construire un raisonnement iconoclaste, oui mais l'important est de renoncer à l'honorer; le pouvoir de renier sa propre construction intellectuelle, c'est tout simplement la "foi". C'est faire un choix. La plus grande liberté.
Onfray fustige également "l'athéisme chrétien" (cher à Comte-Sponville qui parle, lui, d' "athéisme fidèle") et réclame un "athéisme post-moderne", à savoir "une véritable morale post-chrétienne où le corps cesse d'être une punition, la terre une vallée de larmes, la vie une catastrophe, le plaisir un péché, les femmes une malédiction, l'intelligence une présomption, la volonté une damnation".
Dévisser l'épistémè judéo-chrétienne. Voilà, le bonheur auquel on doit s'attacher. Soit. Il s'empresse d'ajouter qu'il ne promet rien, le Paradis n'est pas dans l'autre monde mais il n'est pas de ce monde non plus, ce n'est qu'un "idéal de la raison ici-bas". Donc, déchanter pour le plaisir de raisonner. Une conception...
Ce qui est frappant dans ce traité d' "athéologie", c'est qu' à aucun moment de cet ouvrage qui prétend promouvoir l'athéisme, le concept de Dieu n'est discuté. Il s'en prend aux religions et surtout au christianisme pour déduire l'inexistence de Dieu. Un peu rapide à mon goût. Ce n'est pas de ma faute si le christianisme mène à l'athéisme; en tout cas, ce dernier ne peut pas être la conséquence logique des incartades des religions. Il le reconnaît lui-même: "Dieu ne parle pas". Il s'en prend à son clergé mais c'est l'idée de Dieu qui trinque. Il faudra m'expliquer.
Bref, je reste déiste voire théiste jusqu'à "preuve" plus solide du contraire.
Rien de comestible dans ce qu'il dit ? Si. La critique du christianisme ou plutôt du "paulinisme" mais c'est là une autre histoire. Je laisse découvrir l'apologie de la "boucherie" dans le judaïsme, le penchant du christianisme pour les "exterminations de masse" et les "thématiques fascistes" de l'islam.
Que dire ? Eh bien bon vent... Gazan mubarek olsun comme le disent les Turcs, en bons adeptes de l'épistémè musulmane qu'ils sont.