Alors qu'il ne se presse jamais pour actualiser certaines de ses positions universellement contestées, le Vatican s'apprête à revisiter sa liste des péchés capitaux; voilà une belle modernisation des critères d'accessibilité à la Géhenne. On passe d'une dimension individuelle à une dimension plus sociale, collective; des péchés de "la troisième génération".
Dorénavant, les drogues, la pollution, la manipulation génétique, les injustices économiques et sociales et l'avortement sont passibles de la damnation éternelle. Il faut donc courir se confesser chez le curé le plus proche ou plutôt dormir à ses côtés, les comportements prohibés étant abondamment pratiqués de nos jours. On pèche comme on respire.
Cet effort d'adaptation aux conditions actuelles mérite approbation même s'il vise, avant tout, à élargir le champ de responsabilité de l'homme. Dans les religions, le critère de la "légalité des délits et des peines" n'existe pas. On adapte même sans base textuelle.
L'islam suit le même raisonnement; le "kiyas" (la comparaison) est un principe matriciel du droit islamique; il s'applique également à son volet pénal. Il est donc permis de "créer" de nouveaux délits mais ceux-là doivent s'inscrire dans "l'esprit" d'une réprobation semblable. Exemple: l'alcool est interdit car il affecte l'esprit donc tout ce qui affecte l'esprit est également interdit; ainsi, pour certains théologiens, le tabac et la drogue sont "haram". D'autres partent du principe selon lequel ce qui n'est pas expressément interdit par Dieu ne peut l' être par ses créatures. Le problème de cette conception (qui est implacable sur le plan logique puisqu'elle postule l'omniscience du Créateur, il serait insultant de penser qu'Il n'a pas été visionnaire !), c'est qu'elle est trop théorique car ça fait bien longtemps que Dieu n'intervient plus sur la scène théologale. On est donc poussé à deviner ce qu'Il aurait disposé dans telle ou telle circonstance.
Comme le dit l'adage du droit islamique superbement ignoré: "La fatwa change avec le temps qui change", soyons apostolique:
"zamanin tagayyuru ile ahkam dahi tebeddül eder" (turc),
"taghayyur al-fatwa bi taghayyur al-azman" (arabe),
"the fatwa changes with changing times" (anglais).