mercredi 26 mars 2008

Tours d'ivoire ou apologie de la versatilité

Loin de moi l'idée de disserter sur un sujet qui m'avait, jadis en terminale, assez troublé. Mais la réflexion imposée me paraît en réalité au fondement de l'existence intellectuelle, politique et juridique.
"Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereuses que les mensonges.". Voici cette fameuse phrase qui représente sans doute une de mes rares convictions. Par principe, je ne m'interdis jamais de réfléchir sur n'importe quel sujet. Lorsque j'en ai les moyens. Donc modérément.
Je déteste ceux qui, par intérêt, idolâtrie, inconscience, faiblesse, etc, se gargarisent de défendre une idée, une idéologie, une théorie ou un dogme sans changer un iota dans leurs convictions. Se mettre au service d'un autre pour le plaisir de courber l'échine. Jamais mon cas. C'est de nature.
Les convictions sont tolérables lorsqu'elles sont temporaires; jusqu'à ce qu'elles trouvent un miroir. On les appelle alors "opinions". Toujours dociles. Une personne se doit d'être une cire molle, mais pas seulement, elle doit également être pensante. J'ai un mépris pour les "par-coeuristes", dans tous les domaines, politique, théologie, droit, etc. La réflexion est un don pour nous; la laisser en veille est une abjuration. Les théologiens sont souvent gênés lorsque leurs ouailles se mettent à réfléchir. Non qu'ils n'aient pas la réponse mais parce-qu'ils n'ont jamais réfléchi à la réponse, aseptisée, qu'ils fournissent toujours dans ce cas de figure.
Je m'intéresse à la politique car j'ai des intérêts en jeu. Mais je n'ai jamais eu l'idée de me lancer dans l'arène; je l'ai dit, je déteste les convaincus. Je ne sais plus qui disait: "je n'ai pas fait de la politique parce-que je n'ai jamais cru que mon adversaire avait toujours tort". Tout est dit. Je me lasse vite de la pseudo-réflexion. Ecoutez toutes les émissions politiques, chacun lance ses théories, on discute, on s'insulte, on fait comme si et au final, chacun rejoint le bercail intellectuel. Tracasseries, pertes de temps, gâchis.
Je ne crois plus aux dialogues; pourtant j'ai tenté: Dieu dit dans le Coran, à longueur de temps "Ne réflechissez-vous jamais ?"; Dieu nous pousse à penser, les théologiens nous convainquent du contraire. En politique, c'est connu. En droit, on ne sait plus tenir un raisonnement purement juridique, il faut toujours un coup de canif, etc.
Woody Allen le dit si bien: "j'ai des questions à toutes vos réponses". Encore faut-il savoir les formuler...