On était dans le qui mieux mieux : les cardinaux de l'OTAN ont pu, enfin, "toucher" le pape Obama. "Viens qu'j't'embrasse, mon grand", "il m'a souri, t'as vu !", "il m'a parlé en premier s'te plaît, nanik !". Merkel la jouait "nickelée" alors que le nôtre n'avait d'yeux que pour le grand hôte; mal à l'aise à côté du Chinois, toujours prêt à le sermonner. Le Britannique, paradoxalement, était chaleureux et s'est prévalu, à raison, de son "special relationship". Le plus heureux était sans doute le roi d'Arabie, Sa Majesté Abdallah : lors du G-20, "salam aleykoum" a-t-il lancé à son Barack Hussein, son éventuel sujet honoris causa. C'est connu, il est le Serviteur des Lieux Saints. Il réclame, de ce fait, le plus grand respect. "Ve aleykoum salam ve rahmetoullahi ve berekatou" lui a répondu Obama. Et à l'occasion, il n'a pas manqué de se courber; ou de se plier en deux, plutôt...
Ca ne fait pas pouffer, assurément. La Reine d'Angleterre, la première, a dû se désoler : la pauvre, elle a eu droit à des privautés qu'elle n'a jamais goûtées de sa vie : la main de Michelle sur son dos, geste que même Sarkozy n'avait pas osé. Pas de révérence, par-dessus le marché. Nos Premières Dames aiment bien cette manière : la République montre sa déférence à la Souveraine. Bernadette parce-qu'elle est aristocrate et Bruni pour le "fun". Mais les Etats-Uniens sont trop imbus d'eux-mêmes pour courber l'échine. Attrappé ! Et le Président en personne ! Et devant qui ! "Il est vraiment musulman, hein, ce type, allez dites-le, on va le destituer..."
Ca part dans tous les sens : Sarkozy et son "retour" à l'OTAN passe au second rang; "il est beau, hein ?", "allez viens en Normandie, s'te plait !", "après, après". Platitude. Chacun s'invente un entretien "fécond" avec le Président Obama; et reprend haleine devant les micros : "oui, je l'ai touché, il est flamboyant".
Les Turcs sont les grands gagnants : le nouveau secrétaire général de l'OTAN a dû passer un grand oral devant Erdoğan et Gül. Rasmussen. Le Danois. Il rêvait de ce poste. La Turquie ne l'apprécie pas, ce n'est pas un mystère : il faut dire qu'il a tellement mal géré la crise des caricatures que l'on se demande si ça ne tourne pas à un nouveau pied de nez. "L'OTAN doit lutter contre le terrorisme d'al-qaida en Afghanistan et au Pakistan, et l'homme idéal, c'est Rasmussen, point !". Ah ouais ? Un Sieur qui répond liberté d'expression quand le gouvernement turc lui demande de bien vouloir collaborer dans la lutte contre le terrorisme du PKK en interdisant la chaine Roj Tv basée au Danemark; un Sieur qui répète le même refrain quand le monde musulman lui demande de bien vouloir s'impliquer pour calmer sa légitime colère. Le voilà à la tête d'une organisation qui lutte contre le terrorisme et qui a besoin du soutien et du respect des musulmans. Mal parti. "Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark"...
Les Turcs ont fait montre de magnanimité : "allez va, arrête de pleurer, tu seras le prochain secrétaire mais...". Evidemment, en posant des conditions; comme une grande puissance : on a besoin des Turcs partout : énergie, Caucase, Afghanistan, Proche-Orient, Iran. Le Grand Turc a donc reçu des assurances : fermeture de Roj Tv, geste pour le monde musulman, un poste de secrétaire-adjoint. Un langage dru fait des merveilles... Et chacun ses critères : les Français veulent toujours que les secrétaires généraux de l'ONU et de l'OTAN maîtrisent le français; et ça marche. Quoique avec Ban Ki-Moon; le pauvre avait dû affronter Elkabach et sa gouaille usuelle "alors vous parlez français, allez allez dites-le, parlez, allez !", "j'apprends petit à petit..."
G-20 et réunion de l'OTAN, deux succès nous disent les spécialistes : DSK a rempli sa bourse, Obama a ébloui tout le monde. Même les Russes se dérident un peu, c'est dire. Des Alliés sur leurs quilles, réconfortant; paradoxalement, on a plus peur : quand l'Alliance reprend du poil de la bête, elle fulgure en même temps, ça tape sur les nerfs de certains. Des ennemis. Et on a peur : ils le disent bien les Anciens : il n'y en a pas de plus empêché que celui qui tient la queue de la poêle. On est déterminés à lutter contre nos ennemis; et en même temps, on les galvanise davantage en les pointant. On ne vit qu'entre deux conflits. "Arrête de laïusser, j'te dis, la solution militaire, mon coco, la panacée, on va les destroy !". Discours à la serpe, encore et toujours. On ne se refait pas...