dimanche 21 juin 2009

La quille-2

C'est que l'on se modernise. L'on devient plus libre. C'est bien, parfois. La Turquie, comme on le devine, est un pays conservateur. De nature; rien à voir avec l'AKP. La fameuse anatolie traditionaliste. Et les sociologues qui ont fait leurs études dans les lycées privés francophones ou anglophones ou encore germanophones d'Istanbul croient à chaque fois qu'ils font escale en Anatolie qu'il y a une "pression sociale". Ils n'ont toujours pas compris que c'est un mode de vie fondé sur l'équilibre, la mesure dans les relations sociales et une certaine réserve nécessaire au maintien de l'harmonie du quartier. Mais bon, ils sont sociologues, ils savent sans doute mieux.


Ce conservatisme se ressent surtout à la télévision. Aucune image de sexualité ni de sensualité trop audacieuse. Une culture fondée sur l'inassouvissement. Les types qui s'embrassent furtivement, qui s'enlacent froidement ne choquent plus. D'autres scènes plus anticonformistes sont toujours mal en cour. Et c'est vrai que cela peut gêner; la structure familiale turque est unique au monde, à écouter le CSA turc.


Mais dorénavant, nous voilà dessalés. La série la plus regardée a terminé la saison avec une séquence torride.



Encore le célébrissime Kivanç Tatlitug et la bellissime Beren Saat. Son campagnon vient de la "larguer" d'ailleurs mais les deux jurent que cette séparation n'a rien à voir avec cette scène; "nous sommes modernes voyons, nous n'allons tout de même pas nous séparer pour des trucs comme ça, pfff !" C'est vrai que la jalousie est devenue une anormalité, de nos jours... Has been. Et les critiques n'en finissent plus d'accoler les superlatifs : "très bonne position", "les ongles sur le dos, très très excitant", "de l'art", "harmonieux", etc. Réussi, c'est vrai.

Et un autre Apollon, le comédien Burak Özçivit, a carrément décidé d'arrêter de jouer dans une série parce-que, Mademoiselle sa compagne, fait des crises de jalousie. Vraiment dur d'être beau. En plus rien de grave, quelques bécots standardisés. Mais bon, il est donc amoureux.


Et voilà qu'une autre célébrité pousse des soupirs à fendre la pierre : "tu sais quoi, ma soeur, c'est un conseil que je te donne, laisse ton mari aller voir ailleurs de temps en temps, ton ménage s'en porterait mieux, j'te jure". Il s'agit de la beauté nationale, l'éternelle "fille", toujours aussi sublime à 47 ans, Hülya Avsar. Une kurde, par-dessus le marché; comme quoi ce n'est pas une tare pour faire carrière.


Elle avait accepté les "cornes" un certain temps; mais bon, l'honneur reprend le dessus, elle a dû divorcer par la suite. Comme quoi les déesses ne font l'affaire qu'un temps. Même Angelina Jolie s'est fait cocufier, on ne l'a pas oublié. On n'y arrive pas, d'ailleurs... "Ah vous les hommes, vous ne pensez qu'à ça !"...


Bien sûr, les conservateurs en sont gênés; car le propre d'un conservateur, c'est de croire que le bien de la société est directement lié au maintien de principes que lui seul trouve bons. L'histoire de sauver les gens malgré eux. "Bah ma p'tite, et l'autre monde, tu y penses de temps en temps, c'est pour ton bien que je me démène, pouffiasse!"...


Nous étions en retard dans ce domaine; comme dans tous les autres domaines d'ailleurs. Mais l'on est tout de même loin des critères occidentaux; il y a quelques mois, l'on avait appris qu'une discrimination frappait les "mamelues" en Angleterre. En effet, les masses se sont effondrées en apprenant qu'un magasin vendait les "soutifs" les plus pulpeux à un prix supérieur; "et alors, c'est quoi notre faute !" a grondé la figure de proue de la contestation. C'est vrai que se faire payer le prix supplémentaire que nécessite la "rallonge" est un argument pour les vendeurs. Mais ça'l fait pas. "Vous êtes bien contents quand il s'agit de les admirer, bande de salauds, cornichons, voyous !" Nous avions également soutenu cette malheureuse; je remettai mon cornet à sa place qu'une connaissance me demanda d'admirer une poitrine plantureuse, seyant tout près. "C'est vrai que Dieu est tout puissant" me suis-je dit. "Arrête les prières, vieux, admire !" Le juge qui sera appelé à diriger le procès s'en pourlèche déjà les babines, à coup sûr...


Ca jaillit de tous les sens, l'on se sent aux nues. Une journaliste qui a posé "sexy" fait également jaser. Les grands du métier n'en reviennent pas, "elle était si belle, celle-là ?", "Bah regarde toi-même..."




Il fut un temps où les Turcs suivaient avec crainte les analyses de ces mêmes journalistes qui se demandaient si l'on devenait l'Iran ou la Malaisie; on basculait, c'est connu. Les plus crédules ont sans doute mieux compris maintenant pourquoi d'autres crillaient sur tous les toits que ces vaticinations n'étaient que de la pantalonnade. On se sécularise, tout le contraire. Elhamdulillah, cela dit, si c'est ça, la sécularisation...