Au Népal, on aime la monarchie mais on déteste le Roi. Résultat: on dépose la monarchie. Les maoïstes ont eu raison de la vieille institution (quoique 240 ans est loin de constituer ce que nos 221 députés de la Restauration appelaient "l'antiquité de la possession" pour justifier un "trône placé dans une région inaccessible aux orages"; Charles X a dû décamper 4 mois plus tard ! ). Les dés ne sont pas lancés mais les jeux sont faits.
Le raisonnement peut sembler bizarre: on dépose les armes si vous déposez la monarchie. Le Roi Gyanendra, on aurait compris, personne ne le portait dans son coeur, mais l'institution est tellement chérie là-haut que l'on en perd son latin. Un monarque, c'est toujours bien quand le peuple est loin d'être une nation. Comme au Népal, plus d'une centaine d'ethnies et de "groupes linguistiques". Comble de l'incompréhension: les maoïstes veulent, par dessus le marché, instaurer un fédéralisme. Même le fédéralisme, c'est mieux quand il y a un monarque. Le Monarque dans un Etat fédéral, c'est comme une médaille: l'envers révèle la fiction d'une quasi-nation, le revers décèle un quasi-peuple. Un fédéralisme révèle toujours en creux une anormalité sociologique. Et la solution, c'est d'avoir un semblant d'unité; en général, incarné par une institution potiche. Les monarchies, au XXI è siècle, sont formidablement ciselées pour ce genre de "mission". Paradoxe: les maoïstes veulent un régime présidentiel...
Je fais toujours la moue lorsqu'une monarchie s'en va. A une époque de ma vie, j'étais monarchiste. Influence de Stéphane Bern. Un légitimiste, en plus. Du soyeux dans les institutions. Tel était le sens de la monarchie dans ma petite tête, comme si j'avais déjà compris qu'il valait mieux un propriétaire à vie que des corrompus en permanence. Les rois déchus m'ont toujours fait de la peine. Tout ce qui chute m'afflige. Peut-être un vieux réflexe d' aristocrate.